Cela se passait en septembre 2008, à la fête de l'écologie de Nanclars.

La femme, entre deux âges, bien habillée, s'est arrêtée à notre stand (qui vantait les mérites de la langue internationale "espéranto").

Elle a d'abord écouté la conversation que j'avais avec un autre visiteur.

Et puis... elle est intervenue dans la conversation. Je n'ai pas le souvenir exact de ce qu'elle a commencé par me dire, mais ce dont je suis certaine, c'est que cette Autrichienne, qui s'exprimait très bien en français (elle vivait sur notre territoire, je crois) s'est très vite mise à dénigrer les Français dans leur ensemble.

Ses "croyances"?

Que nous serions bien moins "bons" en langues, et avant tout en anglais, que n'importe quel autre peuple d'Europe. Mais... pas par la fatalité des fréquences que nous sommes capables (ou incapables) de percevoir... Pas plus qu'à la suite d'une pédagogie inadaptée... (ce sont les raisons les plus fréquemment avancées pour expliquer notre supposé insuccès).. Non, non... Selon elle, parce que nous ne voulons pas!!!

Je me suis laissée impressionner, mais pas au point de la laisser déverser son fiel, sans répondre à l'habituel argument des soi-disant "arrogance" et "repli sur soi" qui seraient spécifiques aux descendants des Gaulois.

J'ai tenté une approche "diplomatique": comment expliquait-elle donc que des enfants, souvent friands de musiques anglo-saxonnes, etc... et qui d'une certaine façon "rêvent" d'anglais avant d'en commencer l'étude, deviennent rapidement persuadés que c'est trop difficile?

Même cela, elle le récusait.

Il est impossible de restituer ici la tension qui montait peu à peu dans la conversation...

Il était 13 h 30 passées, je n'avais pas déjeuné. Je pris la seule issue qui me semblait raisonnable. Tournant le dos à "l'agresseur", je prévins mon mari que je partais à la recherche d'un sandwiche... et je le laissai se dépatouiller avec la harpie.

----------------------------------------------------

Maintenant, je possède des chiffres donnant de forts indices... que les Autrichiens sont à peine plus performants en anglais que les Français (voir le tableau statistique dans cet autre billet). En 2000, tous âges confondus, ils étaient seulement 5% de plus qu'en France à avoir au moins un niveau "assez bon" en anglais. Quant aux plus jeunes (15-25 ans), la différence était de 9% (50,9% contre 42%) . Y-a-t-il là de quoi pavoiser, et surtout... de quoi mépriser un peuple dans son ensemble?

Sans doute la femme à qui j'ai eu affaire était-elle de toutes façons une personne arrogante et désagréable... mais cependant, il est toujours bon d'être préparé, et d'avoir des arguments à opposer à toutes les âneries ou contre-informations auxquelles on est confronté. Même si l'interlocuteur a "beau jeu" de les nier...

Charles Durand est persuadé que la CIA et autres organismes du même tonneau interviennent sur les forums de l'internet, et font publier des articles à la gloire de l'anglais. Pour ma part, je parierais que cette réputation injuste de "nuls en langues" s'est construite sur le même genre de désinformation. Nous sommes peut-être un peu moins performants que les peuples du Nord de l'Europe (d'origine germanique, comme l'anglais), et moins enclins à nous tourner vers l'extérieur que les "petites" nations comme certains pays d'Europe Centrale ou du Nord du continent, mais, la plupart du temps... comme on peut le voir dans le tableau présent dans cette page, l'écart n'est pas si grand... Et de toutes façons, les champions du monde du monolinguisme, ce sont... les Britanniques et les Etats-Uniens, ne l'oublions jamais!!!!

Je continuerai à publier des analyses de statistiques. Il est sans doute impossible de convaincre celle ou celui qui vient pour en découdre... Mais au moins est-il important de résister...
et de partager les informations permettant de le faire...