Mardi matin nous repartons donc de la superbe place sur laquelle nous avions passé la nuit, direction Gauriac (10 kilomètres ). J'installe rapidement le camion et nous commençons l'école tandis que dehors le tour de pinces a commencé pour préparer le montage qui aura exceptionnellement lieu cet après-midi.
Petite photo du montage, d'ailleurs : le tas des gants prêtés aux monteurs !

Mardi j'emmène les enfants en sortie à la grotte de Pair-Non-Pair (je vous le concède, c'est un drôle de nom ! ). Quand j'avais repéré cette visite sur internet j'étais toute contente car il est de plus en plus rare de pouvoir visiter les "vrais" sites. Je sais que c'est pour les protéger qu'on fait de plus en plus de répliques à visiter, mais je trouve qu'on n'a quand même pas les mêmes émotions lorsqu'on voit le vrai. Cette grotte est toute petite, elle se visite sur rendez-vous uniquement. La fille qui nous accueille est un super guide, elle maîtrise son sujet à fond et répond avec enthousiasme à nos multiples questions.
La grotte de Pair-Non-Pair a été découverte fortuitement en 1881 grâce à... une vache qui s'était coincé la patte dans un trou, qui s'est avéré ensuite être une des ouvertures du sommet de la grotte ! En la dégageant, son maître a vu un drôle de trou rempli d'ossements et autres morceaux de silex taillés. Les fouilles, qui ont duré une trentaine d'années, ont mis à jour cet espace qui avait été totalement comblé par une succession de couches sédimentaires.

(note : vous vous en serez aperçu seuls mais je préfère le préciser : comme il est interdit de faire des photos de la grotte pour des raisons bien évidentes de préservation du lieu, toutes les photos que je mets ici ont été récupérées, sur internet pour la première, et à partir des cartes postales que j'ai achetées aux enfants sur place pour les autres)

Notre guide nous explique que cette grotte a été habitée à différentes époques, puis elle a été abandonnée car les sédiments réduisaient de plus en plus l'espace. Comme je lui faisais part de mon étonnement (je n'imagine pas non plus les hommes de la préhistoire un balai à la main, mais je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas déblayé au fur et à mesure), elle nous explique qu'étant nomades ils n'y venaient que par périodes de quelques semaines ou mois et ne s'embarrassaient donc pas de la rendre plus habitable qu'elle ne l'était.
Les gravures que nous venons voir sont situées dans la première "salle", assez près du premier trou qui leur fournissait la lumière nécessaire à leur réalisation. Une mise en lumière de grande qualité nous aide à bien en saisir les formes et reliefs, et un petit laser permet à notre guide de nous "dessiner" les contours des différents animaux pour que nous visualisions mieux.

Impressionnant ! Nous admirerons différents animaux : chevaux sauvages, bébé mammouth, bison, bouquetins, mégacéros (sorte de grand cerf avec une ramure pouvant atteindre 3,50 m d'envergure !)...

Hubert reconnaît immédiatement "un bouc", notre guide nous explique donc que ce sont des bouquetins, puis nous pose une colle : le bouquetin est un animal de montagne, et on ne peut pas vraiment dire que ce soit le type de relief principal dans la région... Alors pourquoi en ont-ils représenté ici ? J'avoue que je sèche. Je me dis que ça a peut-être à voir avec les périodes de glaciation, le changement de niveau de la mer... Mais c'est en fait Léon qui va trouver la réponse : ces peuples étant nomades, ils ont pu voir des bouquetins ailleurs. Ah ouais... pas bête !
Les bouleversements climatiques, eux, expliquent la disparition du mégacéros : bien adapté au paysage de steppes, le radoucissement du climat sonnera sa perte. En effet des arbres se mettent à pousser, et imaginez un peu la vie en forêt avec des cornes de trois mètres d'envergure... Se coincer dans les branches était inévitable et faisait d'eux des proies de premier choix...
La deuxième salle servait sans doute à faire du feu, grâce à un trou conséquent au plafond qui permettait l'évacuation des fumées toxiques. Enfin, au fond de la troisième salle coulait une source, qui se déversait dans un bassin et dont le trop-plein ressortait grâce à un trou situé à un petit mètre au-dessus du niveau du sol. Eau courante fournie, que demander de plus ?!
Malgré la relative exiguïté du lieu les enfants restent très intéressés par cette visite qui, au lieu des trois quarts d'heure prévus, durera finalement plutôt une heure et quart. Mais pour une fois, je n''entendrai personne râler parce que l'heure de la sortie est dépassée !
En ressortant de là Augustin me dit avec un grand sourire "Elle était vraiment super, cette grotte !"... ça fait plaisir !
Le soir il y a un spectacle, durant lequel j'expérimenterai les conseils d'Hélène pour occuper Marius. Elle m'a dit, en effet : "C'est pas compliqué avec Marius, tu lui donnes n'importe quel objet et ça l'occupe un certain temps". A un moment, à court d'idées après avoir lu des livres, joué avec des cubes et différents jouets, je lui donne une cuillère en bois... ce qui le passionnera un certain temps !

J'en profite d'ailleurs pour vous montrer sa dernière couche lavable, fabriquée par Hélène : la couche Morallès !

Mercredi est une journée particulière puisqu'il y a un spectacle l'après-midi, à 14h30... ce qui n'est pas vraiment l'heure favorite des artistes pour faire le spectacle ! Il fait extrêmement chaud sous le chapiteau et il y a des centres de loisirs, ce qui ne favorise pas l'écoute... De mon côté je travaille un peu pendant la sieste de Marius, puis je m'occupe de lui avec Gabrielle qui n'attendait que ça ! Elle lui donnera même la première partie de son goûter... jusqu'à ce qu'elle se dise que elle aussi, elle en mangerait bien un peu !

Jeudi c'est le démontage. Il y avait eu de nombreuses discussions ces derniers jours pour savoir si nous repartions dès le jeudi après-midi, ou bien le vendredi matin. Didier et Hélène étaient plutôt fixés sur le jeudi après-midi, mais un camion potentiellement intéressant les a fait changer d'avis : le jeudi après-midi, Didier et Bernard vont à Tarbes voir ce fameux camion qui fait déjà rêver Léon et Augustin puisqu'il a un hayon électrique à l'arrière, ce qui signifierait pour eux la fin de la corvée des vélos à monter et descendre un par un le long de la rampe. Malheureusement pour eux Bernard et Didier en reviennent bredouilles, le camion ne correspondant pas à leurs attentes. Ce ne sera pas encore pour cette fois ! L'après-midi nous avons une bonne crise de fou-rire pendant la récréation, où les enfants me montrent le nouveau jeu qu'ils fournissent à Marius : des fourmis ! Ils en trouvent une bien grosse et la posent devant lui sur la bâche de leur "aire de jeu" : il faut le voir écarquiller les yeux et ramper derrière la petite bête pour tenter de l'attraper ! (bon d'accord là voit pas bien la fourmi, petite et floue, mais... suivez le regard de Marius, vous la trouverez ! )

En parlant de fourmis, d'ailleurs... je commence à désespérer de me débarrasser pour de bon de mes nouvelles compagnes du camion ! Il est toujours aussi infesté malgré les boîtes neuves que j'ai achetées hier et le produit de Didier que je continue de leur mettre régulièrement. Il est censé empoisonner la fourmilière, mais honnêtement j'ai davantage l'impression de les nourrir qu'autre chose ! Si certaines meurent, alors on peut sacrer leur reine "pondeuse de l'année" ! Mais vous allez crever, oui ?!
Le soir Maurice sort son jeu de palets tout neuf, que Carole et Sylvie lui ont offert ce midi pour son anniversaire. Je suis archi-nulle et me ferai battre à plates coutures par Bastian sans avoir même marqué un seul petit point pour l'honneur.
Grand moment de solitude le soir dans mon camion : je suis toute molle et ai déjà bien du mal à me motiver pour préparer un peu d'école en avance pour la prochaine tournée... lorsque tout à coup la seconde ampoule de la plafonnière du camion me lâche (la première avait fait pareil il y a un ou deux mois et j'avais eu la flemme de la changer, me disant que en fait ça éclairait très bien, une seule ampoule!). Tout est rangé à l'arrière du camion et je n'ai pas le courage de faire de l'escalade pour aller chercher une ampoule de rechange... Ajoutez à cela mon sac à faire (demain je saute du convoi en route, à Poitiers!) et la véritable autoroute de fourmis qui chemine le long du mur (c'est à la fraîche, le soir, qu'elles sortent en quantité!)... Oui, bon, je sais, c'est pas la petite bête qui va manger la grosse... Mais là quand même elles sont vraiment, VRAIMENT nombreuses, je vous jure ! Bon... puisque c'est ça je vais me coucher (en essayant de ne pas focaliser sur les fourmis qui se pressent également sur les murs de la chambre!)
Vendredi nous partons de bonne heure. Je demande à Didier s'il pense que nous serons à Poitiers plutôt avant ou après manger. Bruno doit en effet venir me chercher à la sortie de l'autoroute, mais je ne savais trop quoi lui dire lorsqu'il me demandait une fourchette horaire... Difficile de prévoir, avec les aléas de la route ! Didier est un éternel optimiste et me dit "Oh, nous y serons avant le déjeuner, c'est presque sûr". Devant ma moue dubitative et mon argument "on n'est jamais à l'abri d'une roue qui éclate", il me dit "Oh, t'en as pas eu beaucoup, des roues qui éclatent!". Je lui réponds donc que non, c'est vrai, en revanche les lumières qui ne fonctionnent pas, les pleins d'essence, les accidents qui nous font prendre des déviations... ça, il y en a !
Je ne croyais pas si bien dire... En effet, après moins d'une heure de route, au moment de rentrer sur l'autoroute, Didier nous signale par la CB que son embrayage semble avoir un souci. Nous nous arrêtons juste après le péage : Bernard jette un coup d'oeil au camion et dit qu'ils ne peuvent pas repartir comme ça. Le convoi se sépare donc : Didier reste avec Hélène et Marius, et Augustin et Firmin vont dans le camion de Sylvie. Comme c'est là que j'étais aussi, Sylvie me demande si je peux aller avec Yann (qui conduit le "camion poussif dans les côtes"). Je déménage donc avec mon sac de voyage.
Nous aurons des nouvelles de ceux qui s'étaient arrêtés un peu plus tard : ils sont repartis, après avoir mis je ne sais quel liquide dans l'embrayage.
A midi tout le monde s'arrête pour déjeuner... enfin presque tout le monde... car Didier a interdiction formelle de s'arrêter, dixit Bernard ! Nous voyons donc leur convoi passer à côté de nous et poursuivre sa route ! Comme il faudra que le véhicule dans lequel je suis sorte au péage de Poitiers et revienne ensuite sur l'autoroute, je vais déposer mon sac dans le bus de Mamie car ce sera plus facile qu'avec le poids lourd et la caravane du convoi de Yann. Mais trois minutes après, tout le monde arrive sur l'aire où nous sommes. En y réfléchissant pendant le déjeuner, je me dis que ce serait encore plus simple avec le convoi de Bastian : le Master est plus court que le bus, et sa caravane plus petite que celle de Mamie. Je change donc mon sac de convoi pour la dernière fois : quatre dans la même demi-journée, une bonne moyenne non ?!
Nous repartons et me voici, peu après, enfin à Poitiers avec Bruno... pour quatre jours seulement, mais c'est déjà ça ! J'apprendrai le soir que, malgré leurs efforts, Didier et Hélène n'ont pu arriver jusqu'à Monthodon avec le camion, dont l'embrayage a finalement lâché en cours de route. Le camion est donc dans un garage à Châtellerault, en attente du verdict... espérons qu'il sera sur pied (enfin... sur roues !) rapidement, car nous repartons bientôt pour la Bretagne !