La dure vie des cyclo-pousses

L'Inde au travail


La dure vie des cyclo-pousses

06 Aug 2011 53 22 784
Agra (Inde) - Nous sommes toujours dans le quartier des grossistes et des entrepôts à Agra, un jour de livraison. Après le déchargement des camions (photo d’hier), des dizaines de cyclo-pousses vont livrer les colis à leurs destinataires. Parfois à l’autre bout de la ville. Certains livreurs parcourent ainsi plus d’une une dizaine de kilomètres pour une poignée de roupies. Le cyclo-pousse au première plan sur la photo, avec qui j’ai pu parler alors qu’il il attendait avec ses collègues que l’on décharge les marchandises d’un camion, m’a avoué qu’il préférait les longues distances, plus rémunératrices (0,50 euros pour une course de plusieurs kilomètres). Les jours où les camions sont nombreux, il lui arrive de gagner jusqu’à 10 euros pour 12 heures voire plus, d’un travail très physique. Plus du double que pour une journée ordinaire passée à transporter des « passagers » et quelques colis sur le marché du fort d’Agra. Lorsqu’il n'a pas de colis à transporter, s'il a la chance de faire le « taxi » pour des touristes étrangers, il majore de quelques roupies son tarif habituel. Ce n’est pas lui qui me l’a dit, mais je connais bien les pratiques des indiens. Pratiques tout à fait compréhensibles. Mais les touristes préfèrent circuler en rickshaws, plus rapides. De toute façon, il n’a pas souvent l’occasion de s’approcher du Taj Mahal où se concentrent les hôtels, car le secteur est tenu d’une main de fer par le « syndicat » local, aux méthodes mafieuses. Il y a quelques années plusieurs cyclo-pousses s’étaient aventurés à travailler aux abords du célèbre mausolée. Ils avaient été sauvagement agressés aux couteaux. Plusieurs malheureux avaient été mutilés ne pouvant plus exercer leur métier. Et lun d’entre-eux était mort des suites de ses blessures. Bien entendu, la police corrompue n’avait pas mené d’enquête. Pour la photo, j'ai demandé à mon interlocuteur dans quelle direction il devait se diriger ? Après avoir fait quelques photos du chargement, je suis parti à deux cents mères plus loin pour l’attendre. Concentré sur son effort, il ne m’a pas vu. Quand j’ai pris la photo, je crois qu’il me cherchait de l’autre côté de la rue. Comme il n’allait pas vite j’ai eu le temps de le rattraper pour le remercier d’un petit signe de la main. Il esquissé un rictus en guise de sourire. A peine parti, il était déjà fatigué. Depuis le matin, il avait plus de 40 kilomètres dans les mollets.

Le muscle comme outil de travail

06 Aug 2011 54 16 634
Agra (Inde) - Troisième photo de la série sur « les Indiens au travail ». Toujours dans un quartier de « commerces en gros » dans le secteur du Fort rouge. On a vu sur les deux précédentes photos que le travail des manutentionnaires et des livreurs est éprouvant. Notamment pour les cyclo-pousses qui tractent parfois plus de 100 kilos à la force des mollets. Quand ça devient trop dur, ils mettent pied-à-terre et tirent leurs engins tant bien que mal dans une circulation souvent anarchique et toujours dangereuse. D’autres, s’ils ont une énorme charge à transporter, se font aider moyennant quelques roupies, comme sur cette photo. L’homme a accepté 5 roupies (0,078 euro) pour pousser le chargement et faciliter le travail du cyclo-pousse, jusqu’à la sortie du quartier. Le manutentionnaire retournera ensuite aux camions pour continuer le déchargement. Après un plan large, puis un plan moyen hier, pour cette troisième photo, je me devais de choisir un plan serré. Même si aujourd’hui, je pense que j’aurais dû élargir légèrement ce plan qui ne laisse guère de place à l’environnement. Avec ces trois valeurs, je diversifie ainsi mon regard pour donner du relief à ce mini-reportage… Mais avec 3 photos on serait dans le triptyque en non plus dans la série. De toute façon, ce n’est pas le cas, car je vais continuer jusqu’à la fin de la semaine à présenter des photos sur les Indiens au travail dans ce quartier spécifique d’Agra.

Chaud devant !

06 Aug 2011 44 14 746
Agra (Inde) - Nous sommes dans le même secteur du Fort rouge d’Agra. Je remonte la rue des entrepôts sur plus de 300 mètres et tombe enfin sur l’entrée du marché pour lequel j’étais venu dans ce quartier. Des dizaines et des dizaines d’allées avec des centaines de boutiques de part et d’autre. Ici, on vend de tout. Un marché indien quoi ! Sur cette photo, je suis dans le secteur des textiles. On croise là aussi de nombreux porteurs en cours de livraison pour approvisionner les commerçants. Comme les allées sont étroites et encombrées, eux sont à pied. Seul moyen de circuler efficacement. Selon le commerçant avec lequel je discutais quelques instants avant de prendre cette photo, sans ces porteurs, les stocks pourtant importants seraient épuisés en quelques heures les jours d’affluence. Ils sont indispensables à l’économie du marché. Selon lui, chaque porteur transporte sur la tête une charge pouvant aller jusqu’à 80 kilos.

Feuilles de Bétel aux enchères

06 Aug 2011 40 17 719
Agra (Inde) - A deux cents mètres du lieu de déchargement des camions où les manutentionnaires et les cycle-pousses pratiquent des travaux de force, je tombe sur une petite place tout autant animée. Il y a un attroupement. Un petit groupe d’hommes crient et s’invectivent. Au début, je crois qu’une bagarre se prépare. Curieux, je m’approche. Fausse alerte ! Si le verbe est haut -les Indiens parlent fort en toute occasion- l’ambiance est plutôt détendue. Il s’agit d’une vente aux enchères pour des feuilles de bétel que les boutiquiers et les vendeurs à la sauvette s’arrachent. Les transactions se font à même le sol. Là, pas de travail de force. Mais vendre des feuilles de bétel dans la rue n’est pas pour autant un boulot de tout repos. Ces feuilles, issues d’un petite plante grimpantes, sont très populaires en Inde où on peut en acheter dans la moindre échoppe et à tous les coins de rues. Chiquer des feuilles de bétel à longueur de journée est une véritable tradition dans toute l’Asie. Tous les Indiens, sans distinction de sexe, en consomment pour ses vertus médicinales, prévenant de l’acné, les indigestions et la mauvaise haleine. Et dans la rue, il n’est pas rare de voir un indien recraché sur le sol, ce jus rouge qui laisse des traces très colorées sur les lèvres et les dents. On ne peut pas dire que ce soit du plus bel effet, ni très élégant. Mais là, j’exprime mon point de vue d’occidental. Le vrai problème avec ce produit, c’est qu’il agit de la même façon que la nicotine et provoque de véritables addictions.

Photo légende

06 Aug 2011 47 20 655
Si j’ai choisi cette photo un peu similaire aux précédentes sur la série sur la des indiens au travail, c’est qu’elle présente une particularité. Elle pourrait se passer de légende. Tout est écrit sur la photo. La destination des paquets : « Shoes Market Agra » (Marché aux chaussures d’Agra). On a donc par la même occasion, une bonne indication sur les marchandises que ce vélo-pousse transporte. Enfin, on devine que c’est le livreur qui a effectué le chargement sur son vélo, puisqu’il que l’encre des lettres inscrites sur les ballots est imprimée sur sa chemise. Et si on avait un doute sur le pays où cette photo a été réalisée, il suffit de regarder la dame vêtue de son sari orange. Elémentaire mon cher Watson ! Pour une fois, il n’y a pas d’autre interprétation possible que le premier degré de lecture. C'est rare, mais ça arrive. Pour la prise de vue, nous sommes toujours dans le quartier des hangars, non loin du marché vers lequel se dirige ce travailleur de force. Mais la distance n’excèdera pas les 500 mètres pour lui. Et le marché n’est plus très loin. Les indications sur la photo qui en disent beaucoup sur cette images, je ne les ai pas vues au moment où j’ai pris l’image. Mais à mon retour en France quelques semaines plus tard, lorsque je me suis attaqué à une sérieuse sélection de toutes mes photos. Il arrive souvent qu’une analyse approfondie de ses images révèle des informations inattendues.

La misère du monde dans le regard

06 Aug 2011 56 26 932
Fin de la série sur les indiens au travail avec un portrait qui, à mon sens, exprime toute la misère du monde. Lors des différentes sélections, bien que je trouvais ce regard perturbant et fascinant, j’ai systématiquement écarté cette photo en raison d’un cadre jugé imparfait. Ce qui me gênait dans l’image, ce sont les deux personnes sur la gauche qui me semblaient annihiler l’équilibre général. Je me souviens avoir pris cette photo pour ce seul regard sans me préoccuper vraiment du cadre. C’est la raison pour laquelle le plan est serré. Je voulais éliminer au maximum l’environnement dont je n’avais pas le temps de m’occuper, de peur que l’intensité de ce regard ne s’estompe. Mais j’ai dû élargir le plan à la dernière seconde pour inclure le guidon sans lequel un élément d’information aurait manqué. Et seule la présence du guidon nous éclaire sur la profession de l’homme. Lors d’un nouvel examen ces jours-ci, j’ai eu subitement une nouvelle lecture de cette photo. Je me suis dit que finalement, je pouvais tirer profit de cette imperfection. Les deux hommes, certes coupés, ferment le cadre sur la gauche. Avec cette interprétation, l'imperfection se rendait utile. D’autant qu’ils sont flous et ne perturbent aucunement la lecture de l’image. Et puis le regard de ce pauvre livreur qui exprime une grande lassitude et un certain fatalisme sur sa condition, capte toute l’attention. Devant sa force et sa terrible humanité, le reste n’a plus vraiment d’importance. En décidant de la montrer ce regard, j’ai le sentiment de rendre hommage à cet homme et à tous ses compagnons de misère. Mais en le regardant, j’ai aussi pour la première fois, la désagréable impression de lui avoir volé quelque chose.

Embouteillage

06 Aug 2011 67 33 669
Agra (Inde) - J’inaugure aujourd’hui une nouvelle série sur les indiens au travail. Une série un peu particulière car elle a été réalisée en quelques heures dans un rayon de deux cents mètres. Unité de lieu, unité d’action. Il y a des jours où l’on ne fait qu’une ou deux photos correctes, voire pas du tout. En revanche, parfois, on tombe sans l’avoir cherché sur des scènes qui s’offrent à vous. Des scènes évidentes où tout est là. Cadeau ! C’est ce qui s’est passé ce jour là vers le fort d’Agra, ville où l’on vient habituellement pour visiter le Taj Mahal.. Bien entendu, j’étais dans cette ville afin de retrouver pour la seconde fois de ma vie, le célèbre mausolée. Pour faire plaisir à ma femme qui ne l’avait jamais vu, alors que nous en étions à notre douzième voyage en Inde. Le lendemain du passage obligé au Taj, nous nous sommes partis à la recherche du grand marché local dans le quartier du fort rouge, situé à dix bonnes minutes en rickshaw du célèbre monument. Ne pouvant plus circuler, le chauffeur nous a déposé à quelques rues du marché. Nous étions au beau milieu d’une opération de livraisons à l’indienne dans une rue où se trouvent les hangars de stockage. C’est ici que les marchandises arrivent des tous les coins de l’Inde. Certaines resteront ici, d’autre repartiront vers d’autres régions du pays. L’anarchie fonctionnelle indienne dans toute sa splendeur. Quand je suis descendu du rickshaw je n’ai eu qu’à braquer mon appareil photo pour saisir l’ambiance étourdissante et bruyante. J’ai une affection particulière pour cette photo malgré quelques imperfections. Imperfections qui à mon avis contribuent à la restitution de la folie qui régnait dans cette rue. Les deux hommes en haut du cadre à gauche, entrent dans la photo, alors que celui qui a un sac sur la tête -sur le bord-droite du cadre- va en sortir. Le sac est certes coupé, mais ce qui habituellement pourrait passer pour une erreur de composition, ne me gène aucunement. Je trouve qu’au contraire, cette « coupe » apporte une certaine dynamique dans l’image et une information : Il est déjà parti ! Quant au « chauffeur » du cyclo-pousse chargé comme un mulet (qui manque peut-être un peu d’air en bas de la photo) et le manutentionnaire, situés au au centre, ils apparaissent comme le sujet principal, tout en participant à la diagonale formée avec les personnages secondaires de l’arrière plan. L’ensemble correspond à cette folie qui caractérise ce pays et qui le rend si attachant.

Transport écologique

06 Dec 2016 41 15 374
New-Delhi (Inde) - Où que l’on se trouve en Inde (ici à new-Delhi) le cyclo-pousse est le mode de transport le plus économique le plus écologique. Même si aujourd’hui, le pays a commencé à se doter de rickshaws équipés de moteurs électriques. Mais pour le vélo-pousse, il faut avoir une excellent résistance physique car ces vélos ne son pas équipés de dérailleurs. Quand le livreur en vélo-pousse se trouve en bas une côte, il doit la plupart du temps descendre de son engin pour le tirer. Parfois une âme charitable vient à son secours pour le pousser. Mais la plupart du temps, il ne doit compter que sur ces muscles.

Transport fragile

06 Dec 2016 37 11 349
Agra (Inde) - Ce cyclo-livreur est prudent. Son chargement est fragile. Il transport de la vaisselle de faïence : des bols, des tasses et des assiettes. Le moindre choc et c’est la catastrophe C’est lui qui devra payer la vaisselle cassée. Alors, il préfère marcher prudemment à coté de son vélo pour éviter la moindre secousse et esquiver les autres véhicules. C’est la raison pour laquelle ce genre de transport se fait tôt les matin quand le trafic routier n’est pas encore trop dense.

Porcelaine en vrac

06 Dec 2016 42 25 379
Agra (Inde) - Si Agra (Uttar Pradesh) est réputée pour ses sculpteurs sur marbre dont les ateliers sont implantés autour du Taj Mahal, la ville dispose également de nombreuses fabriques d’objets usuels en céramique, concentrées dans le quartier du Fort Rouge. Pour cette photo, je me suis posté face à ce brave homme qui peinait à pousser une charrette à bras chargées de tasses de médiocre qualité. Je marchais à reculons au milieu de la rue, au risque de me faire percuter par l’un des nombreux scooters qui roulaient à vive allure et en tous sens. Dans ces conditions, je n’ai pas eu le loisir de peaufiner mon cadre, comme le démontre la présence les passagers d’un scooter, derrière le sujet principal. Dès qu’un élément parasite disparaissait dans mon cadre un autre surgissait immédiatement. Etant donné la rapidité à laquelle j’ai agi, je m’estime heureux que le vieil homme ne soit pas flou.

Travail de force

06 Dec 2016 42 16 330
Agra (Inde) - J'observe depuis quelques minutes ces manutentionnaires qui déchargent un camion. I s'agit d'un chargement de tissus pour un atelier de confection dans une arrière-cour du bâtiment sur la photo. Ces ballots sont volumineux, donc ils sont difficiles à manipuler. "Ils sont impressionnants, mais ne sont pas trop lourds. Ça pèse à peine 90 kilo ! " me dit l'un des gaillards. Moi, je veux bien, mais 90 kilos de pas grands chose, ça pèse toujours 90 kilos. Et l'homme qui les charge sur son épaule à l'aide d'un pic à glace, n'est pas bien épais. Il est content que je le prenne en photo et demande à ses camarades de le laisser porter seul l’énorme ballot. Pour la photo ! Comme je ne veux pas qu’il se fatigue ou se blesse inutilement, après avoir pris cette photo, j’ai rangé mon appareil. Heureusement, car il a trébucher et finalement accepté l’aide de ses collègues.

Commerce de rue

21 Jul 2012 44 24 291
Madurai (Inde) - Photo assez ancienne (2012) a été prise à proximité du temple le plus célèbre de la ville de Madurai. A l'époque je trouvais que le capteur de mon Nikon D300 était extraordinaire. Depuis, les fabricants ont fait d'énormes progrès technologiques. Maintenant, je trouve cette photo trop contrastée, même en ayant réduit le contraste en post-traitement. Il ne faudrait pas regarder ses archives.