Il était une fois…Et oui un conte commence toujours ainsi… Par ces mots magiques…



Ores donc ! Il était une fois une petite fille qui rêvait souvent, le nez au vent, toujours contente. Ce matin-là, elle sortit de sa chaumière. Nous étions en hiver, bien vêtue, bien chaussée, pour faire face à la froidure et à la blanche gelée. Ses pas la dirigèrent vers la forêt de sapins malgré les congères de neige figée du chemin. C’était son endroit préféré pour vagabonder.



De grands arbres serrés, des fougères abondantes, des tapis de feuilles écrasées qui fleuraient bon les odeurs de mousses du sous-bois lui chatouillaient les narines. On entendait, encore au loin, le son des clarines des troupeaux qu’on sortait quelques heures pour paître une herbe rare, respirer et se réchauffer aux premiers rayons du soleil. La petite s’émerveillait des bruits inconnus et furtifs.



Une chouette s’ébrouait sur une branche, en équilibre. De petits lapins se pourchassaient en poussant des cris d’orfraie. Sa promenade menait dans les profondeurs obscures des taillis entremêlés de ronces. Déjà l’on n’y voyait goutte.



La petite chantonnait, heureuse, confiante jusqu’à ce qu’un bruit étrange la fit s’arrêter et hésiter à continuer. C’était comme un chant familier, doux et captivant. Curieuse, elle s’avança silencieuse pour voir d’où il venait. Ses yeux s’écarquillèrent sous le coup de la surprise.



Une source dévalait en bruissant doucement et sur les pierres de son lit tout blanc, un elfe dansait, chantait et virevoltait avec légèreté et élégance. Il y avait tant de grâce, de charme dans ses gestes que la petite fille, enchantée ne put s’empêcher de battre des mains. Mais l’elfe eut peur et s’envola plus loin hors de portée des menottes potelées.



Le chant mélodieux se figea dans l’air immobile. De petites notes de musique s’évadèrent vers le faîte des grandes futaies. Un vieux chêne imposant lui dit : « Pourquoi tant de bruit ? Ne vois-tu pas comme tu as effrayé ce petit génie ?



-Oh ! Pardon le chêne mais c’était si joli ! Comment faire pour qu’il revienne ici ?



Voyant des larmes couler sur les joues rosies par le froid, le roi majestueux des bois fut saisi d’une tendresse infinie. –« Peut-être dit-il ! Pourrais-tu, sans bouger, pour ne pas l’apeurer, chanter aussi pour lui !



La fillette à présent sourit, bien campée sur ses petites jambes, prenant son souffle, se mit en devoir de commencer. S’éleva dans l’air le son pur comme le cristal de sa voix impubère…



Tout se tait…La source a ralenti son flux incessant. Et l’on vit revenir l’elfe timidement, se poser sur l’épaule de l’enfant, ses ailes transparentes battant au rythme du refrain. Un rossignol par ses trilles salua la fin de la mélodie. Les fougères et les ramures saluèrent bien bas la performance de l’enfant.


Et l’on vit tous les ans danser l’elfe et chanter l’enfant sous les frondaisons du sous-bois, chaque hiver, sous le gui du vieux chêne le Jour de l’An…


Valéri@ne