A ma mère...

J'ai voulu un jour lui dire avant qu'il n'arrivât le pire
Tout l'amour que j'avais pour elle ; combien son doux sourire
Sa tendresse, ses caresses, ses colères aussi et ses rires
Manquent à mon âme affligée en mal d'elle.
Dans ses yeux ravis, j'ai vu passer une telle émotion
Que mon coeur fut réjouit de tendre dévotion.
Lors, me voilà comme altérée devant une fontaine
Sans pouvoir clairement y puiser l'eau de ma peine...
Un souvenir inoubliable qui revient, lancinant,
Et me taraude sans me lâcher, même à présent.
De larmes retenues, son regard s'embua ;
Souffle et voix coupés, tout son corps trembla.
Laisser sa pudeur parler, parfois, ne tue pas !
J'aimais, petite, me blottir au creux de ses seins,
Y respirer de sa chair l'enivrant parfum,
Sentir sur mon front la caresse de ses mains.
Je rêvassais, ma tête posée sur ses genoux
En suçant mon pouce. Innocence de l'enfance !...
Elle était le divin reposoir de mon coeur enfantin.
J'essaie encore d'évoquer les heures heureuses
De ce passé lointain enfoui qui resurgit en ce jour
Et m'apporte cette langueur à tout jamais précieuse.
Qui n'a, hélas ! connu l'amour et le sein d'une mère
S'est assoiffé désespérément à la source de l'hiver...

Valéri@ne