Carol
De : Todd Haynes (États-Unis)
Avec : Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson
Durée : 1h58
Sortie : NC
Carol, jusqu’ici, c’était une chanson de Chuck Berry immortalisée par les Rolling Stones ("Oh Carol,/Don't let him steal your heart away/I'm gonna learn to dance/If it takes me night and day...") . Ce sera désormais, sous les traits de la divine Cate Blanchett, l’héroïne du film de Todd Haynes, premier favori pour la Palme d’Or…
Adapté d’un des premiers romans de Patricia Highsmith, le nouveau long-métrage du revenant Todd Haynes (17 ans qu’il n’avait pas remis les pieds à Cannes, depuis Velvet Goldmine) nous replonge dans l’Amérique des années 50 pour raconter l’histoire de Carol (Cate Blanchett), grande bourgeoise en instance de divorce, qui risque de perdre la garde de sa fille à cause de ses penchants lesbiens. Séparée de son mari (Kyle Chandler), Carol est irrésistiblement attirée par Thérèse (Rooney Mara), une des jeunes vendeuses d’un grand magasin où elle a ses habitudes. Les deux femmes vont se retrouver prises entre les conventions d’une société corsetée et leur attirance mutuelle.
Une splendeur
Ce qui frappe dès les premières images dans Carol, c’est la magnificence de la reconstitution de l’Amérique des années 50. Le décorateur, la costumière et le directeur de la photographie (Ed Lachman) s’en sont donnés à cœur joie. Tout est sublime. À commencer par les toilettes de Cate Blanchett (à tomber!) et celles de Rooney Mara, qui a troqué les tenues gothiques de Lisbeth Salander (Millenium) contre une panoplie d’Audrey Hepburn. Visuellement, le film est une splendeur : on se croit à chaque instant dans une toile d’Edward Hopper ou un épisode de Mad Men. Un détail qui ne devrait pas échapper aux frères Coen, grands amateurs de reconstitutions d’époque soignées.
Mais Carol n’est pas que beau. Loin s’en faut. C’est aussi une formidable étude de mœurs et un magnifique double portrait de femmes. Si Cate Blanchett ne reçoit pas cette année le prix d’interprétation féminine pour le rôle-titre, autant lui donner directement une Palme d’honneur. Son regard caméra final restera dans les annales du cinéma quoiqu’il arrive.
La vie d’Adèle version Park Avenue (mais sans scènes de sexe explicite, ni spaghettis), Carol est notre premier grand favori pour la Palme d’or. Et Todd Haynes s’affirme, après Loin du Paradis, comme le digne successeur de Douglas Sirk.
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