Daniel Auteuil, que l’on a dit extrêmement blessé par l‘insuccès de ses deux remakes de la trilogie de Pagnol (Marius et Fanny sortis simultanément en juillet 2013) a eu, semble-t-il, besoin de se retrouver de l‘autre coté de la caméra pour faire son deuil du troisième, César, qui, bien qu’annoncé ne se tournera sans doute jamais.
On le retrouve ainsi à l’affiche de deux « films de potes », Entre amis d’Olivier Baroux qui sort ce mercredi et Nos Femmes de Richard Berry adapté de la pièce de théâtre éponyme (sortie le 29 avril).Deux « grosses » comédies à la française, qui n’ajouteront pas grand-chose à sa filmographie, mais lui ont vraisemblablement permis de se refaire une santé, morale et financière.
Fuyant depuis deux ans la presse, à laquelle il aurait tort d’attribuer l’insuccès de ses deux films puisqu’elle les a plutôt soutenus dans son ensemble, l’acteur-réalisateur a tout de même accepté de sortir de sa réserve et de répondre à quelques questions sur l’amitié, thème central (et raison d’être?) de ses deux derniers rôles…


Vaut-il mieux être amis dans la vie pour jouer des amis au cinéma?
Certainement pas.Surtout si ce sont de mauvais acteurs! (rires) D’ailleurs, mieux vaut éviter aussi de partir en bateau avec des amis…Sinon pour mieux pouvoir se réconcilier après! Ce genre de croisière qui tourne au psychodrame, je l’ai vécu… Pour dire la vérité, c’était avec une femme.(rires) C’était plutôt tendu…

Quel genre d’ami êtes-vous?

Un bon ami, je crois. On peut compter sur moi, en tout cas.Ca reste quand même l’intérêt de chacun bien compris, l’amitié. J’ai un meilleur ami, un vieil ami et même un nouvel ami… Beaucoup de mes amis sont dans le métier, évidemment. Avec les autres, on a quand même du mal à partager certaines choses. L’amitié, ça s’entretient, il faut l’arroser régulièrement.Le problème, c’est qu’on fait un métier basé sur l’affectif : on donne beaucoup et on s’épuise vite. C’est pour ça que c’est bien de se retrouver de loin en loin, comme sur ce film. Avec Gérard Jugnot, on a repris la conversation où on l’avait laissée il y a 30 ans. On n’avait plus tourné ensemble depuis Pour cent briques t’as plus rien, mais c’était comme si on ne s’était jamais quitté…

Pensez-vous avoir changé dans l’intervalle?

Bien sûr.On n’est pas le même à 14 ans et à 60 ans.Je dirais que j’ai développé une forme d’empathie et de confiance en l’humanité différente. C’est plus facile d’avoir des rapports simples avec les gens quand on n’a plus grand-chose à prouver aux autres et à se prouver à soi-même. C’est vrai que l’urgence et la difficulté peuvent créer des liens solides, mais c’est quand même plus facile d’avoir du temps pour l’amitié quand tout va bien…

Le thème de l‘amitié est présent dans vos deux derniers films : un hasard?


À mon avis, plus ça va aller, plus je vais parler d‘amitié plutôt que d’amour!Vous voyez ce que je veux dire? (rires) Dans Nos femmes, la question qui se pose, c’est jusqu’où on peut aller par amitié? Mais dans les deux cas, c’est un parcours initiatique. Chacun doit en sortir changé.

L’amitié intervient-elle dans vos choix de tournages?
Je ne connaissais par Olivier Baroux, mais j’aime ses films et son humour. Le tournage offrait effectivement la possibilité de retrouvailles, puisqu’à part Mélanie Doutey j’avais déjà travaillé avec tous les autres.C’est vrai que j’avais envie de les revoir et un plateau de cinéma c’est quand même l’endroit idéal pour se réunir.Un film c’est une aventure collective.Dans celui-là, en plus, chacun avait une partition à défendre, un parcours à accomplir. J’avais envie de partager ça avec eux.C’est ça aussi l’amitié.