Librement adaptée d’une nouvelle d’Albert Camus (L’hôte) par le réalisateur français David Oelhoffen Loin des hommes offre à Viggo Mortensen, un rôle dans lequel les fans d’Aragorn et du Seigneur des anneaux ne l’attendaient pas forcément.Pourtant, comme on l’a appris en le rencontrant, Camus et l‘Algérie ne sont pas étrangers à ce grand voyageur polyglotte (il parle couramment 5 langues dont le français) aux talents multiples et aux centres d’intérêt variés…

Vous connaissiez la nouvelle de Camus dont le film est tiré?

Je suis admirateur de l’œuvre et de l‘homme depuis longtemps.J’ai commencé à le lire en anglais au lycée puis en français lorsque nous avons déménagé près du Quebec et que mon français s’est amélioré.J’ai profité de la préparation du film pour lire tout ce que je n’avais pas encore lu de lui, dont L’Hôte et voir un maximum de films sur la guerre d’Algérie. Je n’y étais pas obligé, mais je vois mon travail de comédien comme une espèce d’université permanente…
Vous écrivez, vous peignez, vous faites de la photographie... Qu’est ce qui vous a conduit, en définitive, à choisir le métier de comédien?
Je me le demande moi-même tous les jours! (rires) C’est une des choses que j‘avais envie d’essayer quand j’ai commencé à voir des films avec un point de vue cinéphile.Je me demandais comment faisaient les acteurs pour exprimer toutes ces émotions.Je me suis inscrit à un cours de théâtre à New York sans penser du tout à en faire un métier…
Et qu’est ce qui vous pousse à continuer aujourd’hui?
Le fait de continuer à apprendre à chaque film.J’ai d’autres activités, notamment dans l’édition, mais j’aime le travail en équipe que représente un tournage.
Quels sont les films dont vous êtes le plus et le moins fier?
Je n’ai pas de favoris.J’ai appris de chacun.Pour le reste, j’ai une philosophie : oublier tout le mal qu’on peut et apprendre à vivre avec celui qu’on ne peut pas oublier…
Comment avez-vous préparé ce rôle particulier?
Comme je ne parlais pas arabe, j’ai pris des cours pendant plusieurs mois et j’ai appris tout le texte, y compris celui qui ne m’était pas destiné, en arabe et en français pour être tranquille pendant le tournage.C’est une trés belle langue, avec beaucoup d‘accents différents. Mon personnage a des origines espagnoles, je devais donc parler français avec un accent andalou.Ca ne m’a pas posé de gros problèmes, car je vis à Madrid avec une Espagnole depuis cinq ans.
Quels sont vos goûts de cinéma?
En tant qu’acteur, je ne me pose pas la question du genre ou de la nationalité d’un film.Seule l’histoire m’intéresse.En tant que spectateur, j’aime les choses un peu singulières.Mais je suis payé pour savoir que certains grands réalisateurs parviennent à faire des films originaux dans un système formaté de studios.C’est le cas de David Cronenberg, avec lequel j’ai tourné deux films (AHistory of violence et Les Promesses de l‘ombre N.D.L.R.).Dommage qu’il ait tant de difficultés à monter ses films.
On se souvient que pour la présentation d’AHistory of Violence à Cannes, vous portiez un maillot de football. De quelle équipe êtes vous supporter?
(Sortant un écusson de sa poche) De celle-là! San Lorenzo de Almagro, le quartier de Buenos-Aires où j’ai grandi.Je l’ai toujours avec moi, on ne sait jamais… (rires).