Revenu des plaines du far west où l’avaient entraîné Sean Penn et un This Must Be The Place mal accueilli à Cannes il y a deux ans, Paolo Sorrentino nous embarque sur les traces de Federico Fellini dans une déambulation romaine qu’on ne pourra pas ne pas comparer à l’insurpassable Roma (1972). Entreprise risquée, dont le wonder boy du cinéma italien se tire pourtant avec les honneurs et qui pourrait lui valoir à nouveau les honneurs du palmarès (Prix du Jury 2008 pour Il Divo).
La Grande Bellezza suit, dans la lumière déclinante d’un été romain, l’errance de Jep Gambardella (Toni Servillo), auteur d’un unique chef d’œuvre, reconverti chroniqueur mondain.Noceur infatigable, cet esthète désabusé navigue d’une fête dantesque à l’autre (la première pourra se comparer à celle de Gatsby le Magnifique par Baz Luhrmann), assiste à une performances d’art contemporain donnée par une gamine de 10 ans hystérique, remet à sa place une vieille amie militante communiste donneuse de leçons, séduit une strip-teaseuse, fille d’un vieil ami pêrdu de vue, fait ouvrir pour elle les portes des plus beaux palazzios, organise un dîner pour une sœur missionnaire centenaire en voie de canonisation et finit par croiser dans la rue Fanny Ardant en personne... C’est la Dolce Vita revisitée par Paris Dernière !
Double parfait du cinéaste, Toni Servillo y fait de la délectation morose sur les thèmes croisés du vieillissement, de la fin de l’Histoire, de la mort des illusions et du déclin de l’empire occidental. L’épigraphe est tirée du Voyage au bout de la nuit (Céline) et ça cite Moravia, D’Annunzio et Pirandello à tout va. La caméra de Sorrentino voltige et se grise des beautés de la ville éternelle (capables de terrasser même un touriste japonais dès le plan d’ouverture). Peter Greenaway filmant pour Fellini ! C’est d’un chic absolu et aussi bavard qu’un film italien.D’ailleurs, c’en est un. Des meilleurs qui soient : ceux qui ont fait la légende du cinéma transalpin. Sorrentino Roma.Magnifico !
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