Dans les couloirs de leur piscine municipale, Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres, tous plus ou moins à la dérive dans leur vie sentimentale et professionnelle, s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine (Virgine Efira), ancienne gloire des bassins et celle plus rigoureuse d’Amanda (Leila Bekhti) coach handicapée mais à la main leste. Ils mettent toute leur énergie dans une discipline en principe réservée aux femmes : la natation synchronisée. Et envisagent même de participer aux championnats du monde. Une idée pas si folle puisqu’elle redonne sens à leur vie...

C’est peu dire qu’on n’attendait pas un tel film de Gilles Lellouche. Abonné aux rôles virils, rien ne prédisposait a priori l’acteur des Petits mouchoirs et le réalisateur des Infidèles à accoucher d’une comédie surréaliste aussi poétique, surprenante, emballante, intelligente , émouvante et réussie que celle-là.Comme quoi, le cinéma français peut encore nous réserver de bonnes surprises...
A Cannes, où le film était présenté hors compétition, il a reçu un accueil incroyablement enthousiaste.S’agissant d’une comédie, c’est assez rare pour être souligné. Certes, on rit beaucoup aux mésaventures croquignolesques de cette bande de losers patentés (dont un Philippe Katerine impayable, un Jean Hugues Anglade chevelu et un Guillaume Canet énervé), coachés par deux «entraîneuses» aux tempéraments radicalement. l’une hypercool, désabusée et laxiste (Virginie Efira, fragile et émouvante) , l’autre intransigeante et furibarde (Leila Bekhti, atomique.Son arrivée dynamite le film).Mais on s’attendrit aussi devant la fragilité de ces hommes lessivés par la compétition sociale, qui trouvent, dans ce nouveau défi et la solidarité qu’il leur impose, des raisons de relever la tête et les bras.
Une comédie hilarante en forme de fable sociale, pas très éloignée au fond de l’univers de Kervern et Delépine (Le Grand Soir, Saint-Amour, I Feel Good), mais en plus tenu et accessible au «grand public».Ce Grand Bain est si bienfaisant qu’il nous console à lui tout seul d’une année de comédies françaises particulièrement navrantes. On plonge dedans avec délice!