On savait depuisJe vais bien ne t’en fait pas, le film de Philippe Lioret sorti en 2006, que Kad Merad était capable de passer du rire aux larmes, tel un Bourvil ou un Michel Serrault. Il a pourtant fallu attendre qu’il joue un politicien ambitieux dans la série Baron Noir pour que le cinéma français s’en aperçoive. C’est en regardant la série que Xabi Molia (Huit fois debout, Les Conquérants) a eu l’idée de lui confier le rôle de père de famille arnaqueur à la petite semaine de Comme des rois.Une comédie sociale assez noire, dans laquelle son talent de caméléon éclate au grand jour. Entre deux plaisanteries, Kad, qui décidément ne se prend toujours pas au sérieux, reconnaît tout de même que son image est en train de changer…

Le personnage que vous incarnez dans ce film est très limite, moralement.Ca ne vous inquiétait pas?
Non.Je n’avais qu’une petite réserve pour la scène où il arnaque une petite mamie.Mais ça se révèle inoffensif et il lui a fait plus de bien que de mal en passant un long moment à parler avec elle. C’est un arnaqueur qui est sympa avec ses victimes.Et même en tant que père, au fond, il est comme tous les autres: il voudrait que son fils lui ressemble, en mieux.
Il n’accepte pas que son fils veuille devenir acteur…
Oui et c’est drôle.Il se fait du souci pour son avenir, comme un père normal, en oubliant que son boulot à lui est sans avenir. Mon père a eu la même réaction quand j’ai dit que je voulais faire ce métier.Il s’attendait à ce que je me plante. Pour le rassurer j’ai fait mille petits boulots, dont du porte à porte d’ailleurs. J’ai vendu des encyclopédies et même une «marmite-chaudière». Quand on fait du porte à porte dans le film, c’est du vécu.Je connaissais déjà bien ces banlieues pavillonnaires et les techniques pour se faire ouvrir les portes et entrer chez les gens.
C’était déjà une manière de jouer la comédie, non?
Absolument.D’ailleurs, j’ai passé ma vie à embrouiller! (rires).Pour ne pas faire mon service militaire, j’ai joué les suicidaires.Pour mon CAP, j’ai embrouillé l’examinateur parce que je n’avais pas le niveau.Même dans les castings, j’y allais au flan. J’ai eu de la chance!
En avez-vous gardé un sentiment d’imposture?
Non, ça faisait parti du jeu.Je l’assumais.Aujourd’hui, j’arrive même à accepter les compliments (rires).
Il faut dire que les rôles qu’on vous propose sont de plus en plus intéressants…
Oui, Baron Noir a tout changé.C’est drôle parce que c’est une série télé.Mais depuis, on me propose des choses différentes au cinéma. Je viens même de recevoir une proposition pour un film italien. C’est vrai aussi, qu’avec l’âge et l’expérience, je me sens plus à l’aise pour jouer des trucs difficiles, que je n’aurais pas pu faire il y cinq ou dix ans.Comme ce rôle de père arnaqueur. Mais, je vous rassure, j’ai toujours envie de me marrer et de faire des comédies.
Par exemple?
On va faire une suite de Pamela Rose avec Olivier Baroux, mais pour la télé et en direct.Un truc de fous! J’ai aussi accepté un film sur le foot féminin, dans le Nord, avec Mohamed Hamidi qui avait fait La Vache.Et Il y a le film avec Dany Boon et Alice Pol qu’on doit tourner à Marseille l’an prochain… Je suis booké jusqu’à fin 2019.
Si votre fils de 14 ans vous disait qu’il veut être acteur, que lui diriez-vous?
Il fait déjà du théâtre et il adore le cinéma, donc ça pourrait bien arriver.J’aurais peur qu’il pâtisse de son nom et, en même temps, je ne voudrais pas qu’il soit pistonné. C’est pas simple…Mais du moment qu’il veut pas être journaliste, ça va! (rires)