Quel suspens ! Jusqu’au bout, malgré l’accumulation de statuettes, on a retenu son souffle craignant qu’il manque à 120 battements par minute la plus importante: celle du meilleur film.Film immense, à la fois histoire d’amour, récit d’un combat politique et reconstitution d’époque (le début des années 80), 120battements par minute avait déjà raté d’un cheveu la Palme d’or à Cannes (où il a quand même reçu le Grand Prix).On aurait détesté qu’il n’ait pas le César suprême. Avec six statuettes (meilleur montage, meilleure musique, meilleur scénario original, meilleur espoir masculin,meilleur acteur dans un second rôle, meilleur film) Robin Campillo et son équipe ont fait le plein et c’est totalement mérité.On incite tous ceux qui ne l’ont pas encore vu à acheter le dvd où à le louer en vidéo à la demande, car en plus d’être un grand film, 120battements par minute est un film utile.Il rappelle, comme l’a dit Robin Campillo, son réalisateur, que dans les drames qui secouent la planète, la devise d’Act-Up, «silence égale mort», est plus que jamais d’actualité. Cela s’applique aussi, évidemment, aux violences faites aux femmes contre lesquelles les invités de la cérémonie affichaient leur solidarité en arborant un ruban blanc à la boutonnière.
Bien qu’absent, l’autre grand gagnant de la soirée est Albert Dupontel dont le film Au revoir là-haut a récolté cinq César: meilleur décor, meilleurs costumes, meilleure photo, meilleure adaptation et meilleure réalisation.C’est parfaitement mérité, compte tenu de l’ambition et de la réussite esthétique de cette adaptation du Prix Goncourt éponyme de Pierre Lemaître.
On se réjouit aussi de la belle moisson de César récoltés par Petit Paysan, d’Hubert Charuel (meilleur premier film, meilleur second rôle féminin pour Sara Giraudeau, meilleur acteur pour Swan Arlaud).Ils récompensent un premier film qui réussit l’exploit d’être à la fois un drame paysan, un thriller, un film fantastique et une comédie.
Jeanne Balibar était la grande favorite pour le César de la meilleure actrice: elle l’a reçu pour son épatante incarnation de l’Aigle Noir dans le film de son ex-compagnon Mathieu Amalric.
Mais le palmarès n’est pas tout.Après Florence Foresti en 2016 et Jérôme Commandeur l’an dernier, il revenait à Manu Payet la lourde charge d’animer la cérémonie.L’humoriste s’en est plutôt très bien tiré, avec humour, classe, talent et un grand sens du spectacle. On signe pour qu’il revienne l’année prochaine.Avec Dany Boon, qui a de grandes chances de rempiler pour le César du public avec La Ch’tite famille...