Nouveau décor, nouvelle présentatrice, nouveau réalisateur et…nouvelles têtes! Un vent de dégagisme a soufflé sur les Victoires de la Musique, qui étaient décernées hier soir sur France 2 en direct de la Seine Musicale, nouvelle salle parisienne, fraîchement inaugurée et apparemment magnifique.
La cérémonie s’est ouverte sur un bel hommage à Johnny Hallyday, avec «Requiem pour un fou» interprété en duo par Slimane et Florent Pagny avec l’orchestre de Johnny. Vêtue d’un sac à sapin, Daphné Bürki s’est donnée beaucoup de mal pour être drôle (souvent en dessous de la ceinture), faire bouger la salle (peine perdue) et pallier aux pannes techniques, alors que le président de l’édition, Sting, très élégant en costume trois pièces, n’a eu besoin que de quelques mots en français pour mettre l’assistance dans sa poche.
Les numéros musicaux (Louane dans un hommage évident à France Gall, Soprano, Big Flo et Oli, Sting & Shaggy, Bernard Lavilliers , Brigitte, Mathieu Chedid qui a mis le feu avec sa bande de musiciens africains, l’envoutante Fishbach... ) se sont ensuite succédés entre deux remises de Victoires.La première est allée à la troupe de LamoMali (Mathieu Chedid et Cie) en catégorie «Album musiques du monde», la seconde à Shaka Ponk pour l’album rock. Le groupe qui jouait à Marseille, sera ce soir à Nice pour fêter ça à Nikaia avec le grand barnum du Monkadelic Tour. En son absence, la première sensation de la soirée a été Eddy de Preto.Un jeune chanteur-rappeur au look d’albinos et au style convulsif, dont le premier album n’est pas encore sorti qu’il est déjà la révélation de l’année. Toujours aussi perchée, Camille, déguisée en chaperon rouge, a prouvé qu’elle méritait sa Victoire du concert de l‘année, soufflée à la barbe du favori Julien Doré.

Nouvelle génération
Avec trois nominations, Orelsan, toujours aussi intense sur scène, faisait figure de grand favori. Le rappeur de 35 ans, originaire de Caen, dont le nouvel album, La fête est finie, a cartonné avec plus de 350000 ventes, était nommé dans trois catégories: «artiste de l’année», «musiques urbaines» et «création audiovisuelle» (clip vidéo). Il fait carton plein aklors que ses confrères rappeurs toulousains BigFlo et Oli emportent la «Chanson de l’année», confirmant la suprématie des «musiques urbaines» sur les Victoires 2018. Le rap et l’electro infusent désormais toutes les catégoriesdes Victoires: Eddy de Preto et Gael Faye («Révélation scène») peuvent largement s’en revendiquer, de même que Petit Biscuit et bien sûr MCSolaar, dont la Victoire dans la catégorie «Album de chansons» confirme une évidence: le rap est en train de devenir la nouvelle chanson française.
La cérémonie des Victoires 2018 a ainsi consacré l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes.Bernard Lavilliers et Catherine Ringer étant les seuls «vétérans» rescapés d’une sélection au sein de laquelle Charlotte Gainsbourg («Artiste féminine» de l’année) et MCSolaar faisaient figure d’ancêtres. Même Etienne Daho, pourtant auteur d’un superbe nouvel album (Blitz), avait été recalé de la sélection au profit des Brigitte, Louane, Julien Doré, Albin de la Simone, Aliose, Gauvain Sers, Fishbach, Kyo et autres Juliette Armanet («Album révélation»). Il s’est consolé avec une «Victoire d’honneur» attribuée pour l’ensemble de sa carrière et remise par Charlotte Gainsbourg qui lui a fait un trés joli compliment, plein de tendresse et d’émotion. Des sentiments qui ont souvent manqué lors de cette soirée au long cours.