Pour son quatrième long-métrage (après Peau d’homme ,cœur de bête en 1999, Rencontre avec le dragon en 2003 et Propriété interdite en 2011), la réalisatrice Hélène Angel renoue avec la comédie sociale, pour Primaire, qui raconte le quotidien agité d’une maîtresse d’école passionnée par son métier (voir Notre Avis). Elle est venue présenter le film en avant-première à Nice, la ville où elle a été à l’école et où elle a découvert le cinéma...

À voir le film, on parierait que vous venez du milieu de l’enseignement…
Merci du compliment, mais non. Mes parents exercent des mêtiers artistiques et je n’avais, jusqu’au tournage, que mon expérience d’élève , puis de parente d’élève puisque je suis maman. L’idée du film m’est d’ailleurs venue quand mon fils est passé de l’école primaire au collège et que j’ai réalisé avec émotion qu’il quittait déjà le monde de l’enfance. J’ai ensuite passé deux ans dans des écoles à observer le travail des enseignants.

Vous vouliez leur rendre hommage?
Oui, même si ce n’est pas un film à message. Ce qui m’intéressait, c’était de montrer l’humanité qui se dégage d’une école primaire.L’énergie et l’investissement que cela demande pour tenir une classe, les liens humains qui se tissent entre le professeur et ses élèves...On a tous été à l’école, c’est un sujet universel, qui parle à tout le monde.
Au-delà de l’école, c’est aussi le portrait d’une héroïne du quotidien...
Oui, je voulais faire le portrait d’une femme très idéaliste et très investie dans un métier que tout le monde connaît. Ca me parait Important, dans une époque cynique comme la nôtre, de rappeler qu’il y a encore des métiers qui se font par idéal: soignant, enseignant… L’école, c’est le dernier rempart de la République.On y forme de futurs citoyens...
Pour la forme, avez-vous hésité entre fiction et documentaire?
Non, je voulais faire une fiction mais qu’on y croit.Pour cela, je ne me suis pas dit: «Je vais filmer la classe comme pour un documentaire» mais «Comment filmer les enfants pour qu’ils soient à leur aise?». On a commencé par répéter le spectacle de fin d’année, pour qu’ils fassent connaissance. Puis, on a mis au point le dispositif de tournage en classe avec une caméra fixe et une autre mobile pour ne rien manquer des expressions des enfants. Parfois, je disais «moteur» et les enfants devaient refaire les prises, comme des comédiens adultes. Parfois, nous filmions les répétitions sans qu’ils le sachent. Parfois, ils improvisaient mais la grande majorité des dialogues vient du scénario car je tenais à ce que le film reste de la fiction. C’est aussi pour cela que j’ai choisi des comédiens connus comme Vincent Elbaz ou Sara Forestier. Connus, mais capables de faire oublier l’acteur au profit du personnage...
On est étonné de voir l’énergie que cela demande de tenir une classe…
Et pour la filmer, c’est encore pire! (rires) C’est un peu la double pleine: vous avez une classe d’enfants à gérer, plus une équipe de film.Les deux sont aussi bruyantes l’une que l’autre. Déjà que, comme je suis méridionale, mes plateaux ne sont pas particulièrement tranquilles, là c’était un joyeux bazar!
Quels films d’école avez -vous revus pour préparer le tournage?
Etre et avoir et Entre les murs , surtout pour des questions techniques comme savoir où placer la caméra par rapport aux enfants. Mais j’ai surtout revu L’Argent de poche de Truffaut, que j’avais vu à Nice quand il est sorti et qui est probablement le film qui a décidé de ma vocation.J’avais 12 ans et j’ai écrit aussitôt à l’Idhec pour m’inscrire.J’ai été mortifiée d’apprendre qu’il me faudrait attendre d’avoir le bac! (rires).