Alors que, pour la première fois depuis 20 ans, le marché de la musique est reparti l’an dernier à la hausse (+3,2 %), en grande partie grâce au succès des plateformes de streaming par abonnement (Apple Music, Deezer, Spotify, Qobuz, Napster…), une nouvelle pratique inquiète fortement l’industrie musicale : le stream ripping. Un nombre croissant de sites et de logiciels en téléchargement gratuit sur internet permettent en effet d’enregistrer et de transformer en MP3 le son de tout ce que peut lire la carte son de votre ordinateur : les clips vidéos de Youtube, aussi bien que les nouveautés ou les playlists de Spotify, Deezer ou Apple Music.

La pratique la plus répandue
Jusqu’ici circonscrit aux clips vidéos diffusés sur Youtube, dont on pouvait très facilement extraire le son grâce à des logiciels comme YouTube-MP3, TubeNinja, Savefrom ou Peggo, le phénomène s’est récemment étendu aux grandes plateformes de streaming audio. Selon un rapport de l’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry) 30 % des internautes ont utilisé des services de stream ripping dans les six derniers mois.Un chiffre qui monte à 49 %chez les 16-24 ans et à 40 % chez les 25-34 ans.« Le stream ripping est devenu la pratique la plus répandue, dépassant les autres formes de téléchargement » conclut le rapport. De quoi alarmer les éditeurs, pour lesquels le streaming par abonnement constitue l’unique planche de salut, face au piratage et à la désaffection des consommateurs pour les supports CD et DVD.

Droit à la copie privée?
Certes, la pratique du stream ripping, si elle se limite à la consommation personnelle, peut s’apparenter à de la copie privée.De la même façon qu’on faisait jadis des copies de ses vinyles ou de ses cds sur des cassettes audio ou des disques vierges, on peut être tenté d’enregistrer sur son disque dur les fichiers audio auxquels donne accès son abonnement à un service de streaming.C’est même la seule façon de pouvoir les écouter sur un disque dur externe ou sur un ancien baladeur numérique et de les conserver au-delà de la période d’abonnement (1). Mais il est à craindre que nombre de fichiers stream-rippés se retrouvent ensuite en échange P2P sur les sites de téléchargement pirate. Les Majors du disque, qui croyaient avoir trouvé la solution à tous leurs problèmes avec le streaming payant ne sont visiblement pas au bout de leur peine…

(1) Les services de streaming payant permettent, en effet, une écoute hors connexion, mais les fichiers téléchargés sur l’appareil s’effacent automatiquement en fin d’abonnement.