Il a inventé le MIPTV alors qu’il n’y avait encore qu’une seule chaîne à la télévision française (et aucun programme à vendre!) et le Midem quand la musique n’était pas encore une industrie, mais un artisanat défendu par une poignée de passionnés chevelus. Un demi-siècle plus tard, Bernard Chevry est revenu au Midem pour recevoir la médaille du 50e anniversaire et l’hommage de la profession. Toujours bon pied bon œil et l’esprit vif, malgré son grand âge, cet entrepreneur infatigable, qui a dirigé le Midem pendant un quart de siècle et traité avec les grands du music business sans parler un mot d’anglais, nous a raconté les débuts héroïques des salons qui ont permis à la ville de Cannes de prospérer en dehors du seul Festival du film…
Comment vous est venue l’idée d’un salon international consacré à la musique?
J’avais déjà créé le salon du jouet, qui recevait 18000 personnes et le MIPTV à Lyon. Un jour, un ami journaliste, Christian Brincourt du Figaro, me dit : « Tu devrais t’intéresser à la musique. Je connais des gens qui veulent organiser un festival, je peux te les présenter ». J’ai dit ok, mais je n’avais aucune intention d’organiser un festival : il y en avait déjà des tas, dont celui de Juan les Pins. J’ai rencontré les gens en question et je leur ai proposé de créer un salon professionnel. Ils n’y croyaient pas trop, mais ils m’ont laissé faire…
Pourquoi avoir choisi Cannes?
Il fallait que je trouve une ville proche d’un aéroport. J’avais pensé à Nice et Jacques Medecin était très intéressé, mais les dates choisies tombaient en plein carnaval. Il a dû refuser, la mort dans l’âme et je pense qu’il l’a beaucoup regretté. Mais ça a été une chance pour le Midem.Je ne crois pas que ce type de salon aurait connu le même succès dans une grande ville comme Nice. L’avantage de Cannes, c’est la proximité des grands hôtels : les affaires y continuent en dehors du salon. Bref, je suis allé voir le patron de l’Office du tourisme, que j’avais rencontré au Festival de Cannes, il m’a présenté le maire et ils m’ont suivi dans mon projet, de sorte que j’ai aussi pu déménager le MIPTV qui n’avait pas grand avenir à Lyon.
Vous souvenez-vous de la première édition?
Et comment! L’année d’avant, j’étais allé voir le patron du festival de San Remo, qui était à l’époque LE grand rendez-vous musical pour l’Europe continentale, pour lui présenter le projet et voir si on pouvait travailler ensemble. Il m’a jeté dehors manu militari! Pour l’embêter, j’ai calé les dates du Midem sur la fin du festival et j’y suis allé pour inviter tous les professionnels présents à venir à Cannes. Pour les décider j’ ai envoyé une flotte de 100 voitures les chercher à leur hôtel. Leur arrivée en convoi à Cannes a fait sensation. Pour me faire plaisir, la mairie avait même prévu la fanfare et les majorettes, ce qui était un peu décalé par rapport au public visé (rires)
Où aviez-vous installé le salon?
Le problème, c’est qu’il n’y avait que l’ancien palais, qui avait été conçu pour les projections du Festival du film. Il n’y avait aucun espace d’exposition. Il a fallu poser un parquet par-dessus les sièges de la grande salle jusqu’à la scène et tout démonter après. C’était compliqué, mais pour 1500 personnes ça suffisait. Les années suivantes, comme l’affluence avait quadruplé, on a investi trois étages du Martinez. Là aussi, il a fallu tout déménager. Mais on y était très bien et nous avons pu organiser les premiers concerts qui ont tout de suite connu un énorme succès et ont fait la réputation du Midem. Les plus grands artistes sont venus s’y produire car c’était une occasion unique pour eux de jouer devant les producteurs de spectacles et les éditeurs du monde entier.
La liste des artistes qui se sont produits au Midem laisse rêveur. Pourquoi n’arrive-t-on plus à faire venir d’aussi grands noms aujourd’hui?
Parce qu’ils n’ont plus besoin. Il y a les vidéos, internet, les CDs, les DVD… Rien de tout ça n’existait à l’époque. Quand j’ai quitté le Midem à la fin des années 80, c’était déjà le début de la fin. Aujourd’hui, si on voulait attirer des vedettes de cet acabit, il faudrait les payer cher.Alors qu’à l’époque, ça ne nous coûtait pas un centime.
On dit que vous êtes à l’origine de la construction du nouveau Palais des festivals, c’est vrai?
Mais oui. Le Festival du film ne voulait pas en entendre parler. D’ailleurs, ils n’ont participé à aucune des réunions préparatoires. Ils se trouvaient très bien dans l’ancien palais, mais nous on manquait cruellement de place. C’est moi qui ai convaincu la mairie de construire le nouveau palais à l’endroit où il est. Ils voulaient le faire à la place de l’ancien stade, alors qu’il fallait absolument rester sur la Croisette, près des palaces. Le succès des salons à Cannes tient à cette configuration magique.
Le Midem est en perte de vitesse. Pensez-vous qu’il survivra à la crise du disque?
Oui, je le crois car c’est le seul rendez-vous du genre et même à l’heure d’internet, rien ne remplace la rencontre physique. Reed Midem fait ce qu’il faut pour adapter l’événement aux nouvelles méthodes de création et de commercialisation de la musique, fidèle en cela à la mission du Midem qui a toujours accompagné l’évolution de l’industrie musicale.
Votre plus grand souvenir du Midem?
Le premier. Avoir une idée et la voir se concrétiser a toujours été mon plus grand bonheur. Surtout si on me disait que c’était impossible et que ça ne marcherait jamais!
Comment vous est venue l’idée d’un salon international consacré à la musique?
J’avais déjà créé le salon du jouet, qui recevait 18000 personnes et le MIPTV à Lyon. Un jour, un ami journaliste, Christian Brincourt du Figaro, me dit : « Tu devrais t’intéresser à la musique. Je connais des gens qui veulent organiser un festival, je peux te les présenter ». J’ai dit ok, mais je n’avais aucune intention d’organiser un festival : il y en avait déjà des tas, dont celui de Juan les Pins. J’ai rencontré les gens en question et je leur ai proposé de créer un salon professionnel. Ils n’y croyaient pas trop, mais ils m’ont laissé faire…
Pourquoi avoir choisi Cannes?
Il fallait que je trouve une ville proche d’un aéroport. J’avais pensé à Nice et Jacques Medecin était très intéressé, mais les dates choisies tombaient en plein carnaval. Il a dû refuser, la mort dans l’âme et je pense qu’il l’a beaucoup regretté. Mais ça a été une chance pour le Midem.Je ne crois pas que ce type de salon aurait connu le même succès dans une grande ville comme Nice. L’avantage de Cannes, c’est la proximité des grands hôtels : les affaires y continuent en dehors du salon. Bref, je suis allé voir le patron de l’Office du tourisme, que j’avais rencontré au Festival de Cannes, il m’a présenté le maire et ils m’ont suivi dans mon projet, de sorte que j’ai aussi pu déménager le MIPTV qui n’avait pas grand avenir à Lyon.
Vous souvenez-vous de la première édition?
Et comment! L’année d’avant, j’étais allé voir le patron du festival de San Remo, qui était à l’époque LE grand rendez-vous musical pour l’Europe continentale, pour lui présenter le projet et voir si on pouvait travailler ensemble. Il m’a jeté dehors manu militari! Pour l’embêter, j’ai calé les dates du Midem sur la fin du festival et j’y suis allé pour inviter tous les professionnels présents à venir à Cannes. Pour les décider j’ ai envoyé une flotte de 100 voitures les chercher à leur hôtel. Leur arrivée en convoi à Cannes a fait sensation. Pour me faire plaisir, la mairie avait même prévu la fanfare et les majorettes, ce qui était un peu décalé par rapport au public visé (rires)
Où aviez-vous installé le salon?
Le problème, c’est qu’il n’y avait que l’ancien palais, qui avait été conçu pour les projections du Festival du film. Il n’y avait aucun espace d’exposition. Il a fallu poser un parquet par-dessus les sièges de la grande salle jusqu’à la scène et tout démonter après. C’était compliqué, mais pour 1500 personnes ça suffisait. Les années suivantes, comme l’affluence avait quadruplé, on a investi trois étages du Martinez. Là aussi, il a fallu tout déménager. Mais on y était très bien et nous avons pu organiser les premiers concerts qui ont tout de suite connu un énorme succès et ont fait la réputation du Midem. Les plus grands artistes sont venus s’y produire car c’était une occasion unique pour eux de jouer devant les producteurs de spectacles et les éditeurs du monde entier.
La liste des artistes qui se sont produits au Midem laisse rêveur. Pourquoi n’arrive-t-on plus à faire venir d’aussi grands noms aujourd’hui?
Parce qu’ils n’ont plus besoin. Il y a les vidéos, internet, les CDs, les DVD… Rien de tout ça n’existait à l’époque. Quand j’ai quitté le Midem à la fin des années 80, c’était déjà le début de la fin. Aujourd’hui, si on voulait attirer des vedettes de cet acabit, il faudrait les payer cher.Alors qu’à l’époque, ça ne nous coûtait pas un centime.
On dit que vous êtes à l’origine de la construction du nouveau Palais des festivals, c’est vrai?
Mais oui. Le Festival du film ne voulait pas en entendre parler. D’ailleurs, ils n’ont participé à aucune des réunions préparatoires. Ils se trouvaient très bien dans l’ancien palais, mais nous on manquait cruellement de place. C’est moi qui ai convaincu la mairie de construire le nouveau palais à l’endroit où il est. Ils voulaient le faire à la place de l’ancien stade, alors qu’il fallait absolument rester sur la Croisette, près des palaces. Le succès des salons à Cannes tient à cette configuration magique.
Le Midem est en perte de vitesse. Pensez-vous qu’il survivra à la crise du disque?
Oui, je le crois car c’est le seul rendez-vous du genre et même à l’heure d’internet, rien ne remplace la rencontre physique. Reed Midem fait ce qu’il faut pour adapter l’événement aux nouvelles méthodes de création et de commercialisation de la musique, fidèle en cela à la mission du Midem qui a toujours accompagné l’évolution de l’industrie musicale.
Votre plus grand souvenir du Midem?
Le premier. Avoir une idée et la voir se concrétiser a toujours été mon plus grand bonheur. Surtout si on me disait que c’était impossible et que ça ne marcherait jamais!
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