Jacques Gamblin est Jacques Cormery, l’alter ego d’Albert Camus, dans l’adaptation de son dernier roman, Le premier homme, que signe l’Italien Gianni Amelio. Très investi dans la promotion de ce beau film, qui raconte les années de jeunesse de l’écrivain en Algérie et son retour au pays, au tout début des événements, l’acteur participait il y a quelques jours aux Rencontres cinématographiques du sud à Avignon, où nous avons pu le rencontrer…

Après Romain Gary, dont vous donnez une lecture-spectacle, vous incarnez Camus. Les écrivains vous fascinent?
C’est un hasard. Je suis loin d’être un spécialiste de littérature et je dois même dire que j’étais un peu inquiet d’avoir à répondre à des questions sur Camus, dont je connais assez mal l’œuvre. Ce qui me rassure un peu, c’est de ne pas porter son nom dans le film puisque je joue Cormery, son alter ego littéraire.
Le film n’est d’ailleurs pas un biopic de Camus, mais une adaptation de son dernier roman autobiographique resté inachevé. S’il est réussi, c’est qu’on s’est éloigné de ce que représentait l’écrivain pour raconter plutôt ce qu’était l’homme.

Comment conceviez-vous le personnage?
C’est un pèlerin. Il revient chez lui, tous ses souvenirs d’enfance remontent à la surface et il cherche à s’en imprégner, sans doute pour écrire son livre. J’aime que le film prenne le temps de ce pèlerinage et qu’il raconte comment le fait d’être né quelque part imprime sur vous des sensations et un imaginaire pour toujours. On n’est jamais indemne d’où l’on vient.

La peinture que le film fait des Français d’Algérie est très différente de celle qu’on a pu voir souvent au cinéma…
On est loin, en effet, de l’image habituelle des riches colons dominateurs. La famille de Camus était très pauvre, son évolution sociale est d’autant plus remarquable. On comprend qu’il ait rendu hommage à son instituteur (joué par Denis Podalydès dans le film N.D.L.R.) en recevant son prix Nobel. Le contenu politique du film risque d’ailleurs de provoquer des polémiques.Pourtant, il ne les cherche absolument pas. Il porte plutôt un message d’espoir et de paix. Les évenements sont laissés en sous texte.

Le tournage en Algérie a été difficile?

Pas difficile, juste un peu compliqué. C’est pour cela qu’il a pris autant de temps. Mais j’en garderai un excellent souvenir.

Pourquoi un réalisateur italien pour adapter Camus?

Je crois que c’est un choix de la production et de Catherine Camus. Dès qu’on touche à la question de l’Algérie, ça devient compliqué. C’est très difficile de faire un cinéma politique ou engagé dans notre pays.L’autocensure est forte, il y a très peu de scénarios et les financements sont compliqués. Ce qui m’amuse, c’est que France 2, qui n’a pas voulu participer au financement du Nom des gens vient de l’acheter pour le diffuser…

Vos prochains films?

Le jour attendra d’Edgar Marie (un polar avec Olivier Marchal) et le prochain Nils Tavernier avec Alexandra Lamy dont le titre provisoire est L’épreuve d’une vie, l’histoire d’un père et de son fils handicapé qui s’inscrivent pour participer à un triathlon.