Dans Frankenweenie, remake en stop motion (animation image par image) de son premier court métrage, Tim Burton revisite à sa manière, étrange et poétique, le mythe de Frankenstein et utilise ses rêves d’enfant pour raconter cette histoire de gamin féru de sciences qui redonne vie à son chien écrasé et déclenche sans le vouloir une invasion de monstres dans la banlieue tranquille où il vit. Probablement le film le plus intime et personnel du créateur d’Edward aux mains d’argent , de Beetlejuice et de Sweeney Todd. Il s’en explique ci dessous.



Victor, le petit héros du film, c’est vous ?

Ca pourrait. Quand j’étais gosse, je voulais devenir un savant fou ou Godzilla . Je faisais des films super 8, j’avais des projets scientifiques et artistiques. Pour moi, c’était un peu la même chose. Ce film est vraiment basé sur mes souvenirs d’enfance.

Quel genre d’enfant étiez vous

J’étais un peu solitaire , mais pas très différent des autres. C’ets sur que j’aimais un peu beaucoup les films d’horreur et que les autres me traitaient de débile à cause de ça. Mais moi aussi je les trouvais bizarre parfois. Comme je vous l’ai dit , il y a beaucoup de souvenirs personnels dans le film : la banlieue, la fille étrange, le prof tellement impressionnant qu’on comprend pas un mot de ce qu’il raconte, les petites cruautés entre camarades de classe … J’ai bien connu tout ça.

Pour un film Disney, Frankenweenie n’est il pas un peu noir ?

Les adultes ont tendance à oublier que les grands classiques Disney qu’ils ont vu quand ils étaient petits avaient des scènes effrayantes : souvenez vous de la Reine de Blanche Neige, de Cruella ou de la mort de la mère de Bambi ou du père du Roi Lion. Les contes pour enfants aussi sont profondément effrayants. C’est d’ailleurs leur fonction.

C’est une revanche pour vous de revenir au studio où vous avez débuté et qui vous a licencié ?

Oh non ! Ils ont eu raison de me virer parce que je n’étais vraiment pas un bon animateur (rires). Ce n’était pas une bonne époque pour les films d’animation. Aujourd’hui, tout a changé : le studio, les gens qui le dirigent, les techniques. Je suis très heureux d’avoir pu y faire mon film.

Pourquoi un remake d’un de vos premiers courts métrages ?

En vieillissant on a besoin de revenir aux sources de son inspiration. Pour moi c’est l’enfance. Pour faire ce court métrage , j’avais commencé par des dessins que j’ai repris. Finalement, c’est une version plus pure et sincère que la première. Et ça colle bien au thème du film qui est de redonner vie a des choses inanimées.

Pourquoi le stop motion et le noir et blanc ?

Le noir et blanc , c’est parc e que je suis comme les chiens : je rêve en noir et blanc. Le stop motion ça a gardé un coté artisanal. C’est comme un geste d’amour dans l’industrie commerciale qu’est devenu le cinéma. Quelle que soit la technique qu’on utilise, il faut revenir à l’amour du cinéma. C’est comme cela qu’on peut et qu’on doit faire des films.

Quelle est le secret de votre créativité ?

Je n’ai aucune discipline particulière. Ma plus grande préoccupation est de trouver du temps pour ne rien faire. On est bombardés d’informations et de choses à voir ou à faire. J’évite donc internet et je ne tweete pas. Je préfère regarder par la fenêtre, écouter de la musique ou même rester à ne rien faire dans le silence. On a l’impression que je ne fais rien du tout, mais je travaille. Je cherche l’inspiration.