Le groupe de Clermont Ferrand, dont le deuxième album n’en finit pas de séduire, sera à n’en pas douter la révélation des festivals d’été.Rencontre...

Il y a un mystère Mustang : comment les petites chansons bancales, entre rockabilly, variété et chanson réaliste, de ce trio Clermontois peuvent-elles séduire à ce point et représenter aujourd’hui, pour beaucoup, quelque chose comme « l’avenir du rock français »? Leur premier album au nom d’autoroute (A71), paru en 2009, avait fait découvrir l’univers étonnant de ce trio provincial, tout juste sorti de la pépinière de la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand pour signer chez Sony Music. Rétros sans être passéistes, les chansons de Jean Felzine et ses deux acolytes (Johan Gentile à la basse et Remi Faure à la batterie) accrochent facilement l’oreille et se débrouillent pour y rester. Trois ans après, on n’a pas oublié « Je m’emmerde » (leur « No Fun » à eux), « Pia Pia Pia », ni « Anne Sophie », vaguement reminiscents d’Au Bonheur des Dames, de Jesse Garon et des Chats Sauvages.
Leur deuxième album, Tabou, paru cet hiver a enfoncé le clou tout en marquant (déjà) une rupture : moins rockab, plus barré, plus « chanson ». « On est un groupe de variétés, puisque c’est le mot français pour pop, tranche Jean Velzine que son jeune âge n’empêche pas d’avoir les idées parfaitement claires sur ce qu’il veut faire. Notre credo a toujours été la chanson.Cette fois, on a essayé quelques trucs psychés pour prouver qu’on n’est pas un groupe de rockabilly ».
Épurer encore
« Nos influences vont de Bo Diddley - qui a quand même écrit les Tables de la Loi- à Nirvana, en passant par Polnareff, Love, Les Small Faces, les Who et les Stones, poursuit le leader de ce trio aux goûts musicaux décidément très sûrs. Pour Tabou, on voulait que ça se sente. C’est pour cela aussi qu’on a partagé l’écriture des chansons. Je ne suis plus le seul auteur et j’en suis soulagé ».
« Je trouve d’ailleurs qu’il y a encore trop de textes.On aurait pu élaguer encore, épurer, conclut Velzine.On sent encore un peu trop le travail.A nos âges, il faut que ça reste naturel et léger : on ne veut pas devenir des professionnels de la profession tout de suite »
Sur scène, les Mustang décoiffent façon Stray Cats, avec des idées de Suicide (le groupe d’Alan Vega et Martin Rev). Ils seront très certainement la révélation des festivals d’été, à commencer par le Printemps de Bourges, où ils sont programmés le 28 avril, et les Francofolies le 15 juillet. Aucune date en vue sur la Côte pour l’instant, mais on ne devrait pas tarder à réentendre parler de Mustang par ici.
Philippe Dupuy