Avec 45 millions de dollars de recettes, les deux premiers épisodes la saga d’horreur [REC], initiée en 2007-2008, est l’une des plus grandes réussites du cinéma espagnol de ces dernières années. Au point que la franchise a été acquise par Hollywood (Fox Searchlight Pictures) et qu’elle se décline avec un troisième volet bientôt suivi d’un quatrième.
Pour ne pas perdre la main sur leur bébé, les deux réalisateurs de REC1 et 2, Paco Plaza et Jaume Balaguero, ont décidé de se partager le boulot et de réaliser successivement les prochains épisodes : «Passer quatre ans avec des zombies, c’est un peu fatigant, confie Paco Plaza.On voulait pouvoir se consacrer à d’autres projets sans lâcher complètement l’affaire.On a donc tiré à la courte paille pour savoir qui réaliserait le 3 et qui ferait le 4 ».

"Jeanne d'Arc avec une tronçonneuse"
Le sort a désigné Paco pour réaliser [REC3]Génesis qui sort mercredi en salles. Il raconte comment le fameux « virus zombifiant » est apparu pour la première fois, lors d’une fête de mariage qui a tourné à l’holocauste avec une mariée (impeccable Leticia Dolera) digne de Kill Bill (Paco Plaza la présente comme « Jeanne d’Arc avec une tronçonneuse ») . Film de zombies bien gore, mais aussi bourré d’humour, [REC3] n’hésite pas à rompre avec les standards de la franchise. « J’avais envie de prendre le spectateur par surprise, raconte Paco Plaza, qui arbore le look du parfait geek avec sa bouille ronde, ses lunettes, sa barbiche et son tee-shirt Invasion Zombie.Je doute que le spectateur ait réellement envie de voir ce qu’il s’est imaginé que le film allait être ».
De ce point de vue , le cahier des charges de [REC3] a été parfaitement tenu.Les fans de la saga risquent d’être un peu déconcertés. « Les deux premiers films étaient forcément un mélange de nos deux personnalités à Jaume et à moi, explique Paco.Celui-là reflète sans doute plus mon goût pour le Pulp et les films de JohnCarpenter ou Sam Raimi. Et puis j’avais aussi envie de refaire un peu de cinéma : songez que je n’avais plus poussé un travelling depuis cinq ans! ». D’où l’abandon de la caméra subjective qui était la marque de fabrique des deux premiers films. Le réalisateur se défend pourtant d’avoir voulu faire un REC parodique : « On est plutôt dans l’autoréference. Je crois qu’il plaira aux vrais fans de la saga qui pourront aller le voir en bande ».

« Godard, notre père à tous »
Confessant une admiration sans bornes pour Almodovar (« Le plus grand réalisateur de l’histoire du cinéma espagnol »), Paco Plaza se dit également très fan du cinéma français en général et de la Nouvelle Vague en particulier. « On pense généralement que REC s’inspire de Cannibal Holocaust et de Blair Wicth Project et c’est vrai jusqu’à un certain point, explique-t-il, Mais notre père à tous c’est quand même Jean Luc Godard.ABout de souffle a changé l’histoire du cinéma et révolutionné la façon de faire des films.Si on a pu faire des films comme les nôtres et si aujourd’hui on peut réaliser un film avec son téléphone, c’est parce que la Nouvelle Vague a dynamité la façon traditionnelle de faire des films.D’un coup, on s’est rendu compte qu’on pouvait faire un long-métrage avec une seule caméra ».
Pendant que son complice Jaume Balaguero sera aux commandes de [REC4], que l’on imagine plus fidèle à l’orthodoxie de la série, Paco a l’intention de réaliser, Maudit Vendredi, un film de vampires, dont la vedette sera encore Letitia Dolera. Pourquoi cette attirance pour les personnages féminins? « Ils sont plus mystérieux par nature, moins prévisibles et plus complexes, professe le réalisateur espagnol.Et contrairement à ce que l’on croit, le genre fantastique est un excellent support pour les discours féministes ».Sans blague?