« C’est l’histoire d’un mec, il gagne l’Oscar » Si Coluche était encore là, il pourrait reprendre son fameux sketch en l’honneur de Jean Dujardin.Un gars, euh, normal (blanc), issu d’une famille normale (père dans le bâtiment, mère au foyer), dont les talents scolaires et les choix professionnels ne laissaient guère espérer une grande carrière et qui vient de décrocher la lune au nez et à la barbe de George Clooney et de Brad Pitt (Leonardo Di Caprio inexplicablement recalé une fois de plus de la course aux Oscars peut s’estimer heureux).
De son propre aveu, Jean Dujardin, né à Rueil-Malmaison le 19 juin 1972, que ses parents surnommaient « Jean de la lune », n’était pas parti pour faire des étincelles.Nul à l’école, trop chétif pour faire un bon rugbyman comme son père et ses frères, trop maladroit pour la serrurerie (son premier métier), Jean n’avait qu’une envie : s’amuser et, éventuellement, amuser. Ce qu’il fit au café-théâtre, puis avec les Nous C Nous, boys band parodique au succès éphémère, avant de faire le plus mauvais choix possible pour quelqu’un qui veut faire carrière au cinéma : accepter un rôle récurrent dans une minisérie télé. Le Loulou d’Un gars, une fille lui apportera pourtant la notoriété, en même temps que l’amour puisqu’il épousera sa partenaire Alexandra Lamy. Et c’est le héros débile d’un de ses anciens sketches, Brice de Nice qui l’imposera au cinéma en 2004 (4,3 millions d’entrées). Dès lors, Dujardin enchaîne les comédies à succès (OSS117, 99Francs, Lucky Luke) et s’essaie avec plus ou moins de bonheur au cinéma d’auteur (Le Bruit des glaçons, Un Balcon sur la Mer), en conservant un capital de sympathie intact auprès du public et de la profession.Malgré le succès, en effet, Dujardin est resté tel qu’il était : simple, jovial, chaleureux, abordable, pas pédant pour un sou.
Lorsque son idole Robert de Niro lui remet le prix d’interprétation à Cannes pour The Artist, en mai dernier, on le croit parvenu au plus haut d’une courbe ascensionnelle déjà mirifique. Personne alors n’ose rêver d’un César, encore moins d’un Oscar. Jusqu’au bout d’ailleurs, on rechignera à croire à son statut de favori dans la course à la statuette hollywoodienne.L’Académie des César lui préférera même la révélation d’Intouchables, Omar Sy, un autre gars venu de la télé…
Ce dimanche « Duduje » est pourtant rentré dans l’histoire du cinéma comme le premier acteur français à décrocher un Oscar. Et de quelle manière! Et face à quelle concurrence! Chapeau The Artist! Et, s’il te plaît, ne change pas...