Il ne fallait sans doute pas attendre de la réalisatrice de Mamma Mia! un portrait politique de Marggie Thatcher. Ce biopic très conventionnel et empesé, essentiellement construit en flashes back, se contente d’effleurer la surface du « règne » le plus controversé d’un premier ministre anglais au XXe siècle, sans faire la moindre vague. À peine devine-t-on le rejet violent que provoquèrent, à l’époque, sa politique ultralibérale (qui plongea une partie de la population britannique dans le chômage et la misère) et son autoritarisme forcené (elle laissa mourir une douzaine de grévistes de la faim de l’IRA sans sourciller et engagea l’Angleterre dans un conflit armé surréaliste avec l’Argentine).
Phyllida Lloyd préfère visiblement nous faire croire que si l’opposition à la politique de Margaret Thatcher était si vive, c’est parce que c’était la première femme à diriger un pays aux traditions aussi peu féministes que l’Angleterre. Elle parvient même à la rendre attachante en la présentant, non pas encore à la tête du gouvernement, mais retirée, très âgée, atteinte de démence sénile et encore amoureuse du fantôme de son mari décédé.
Le résultat serait risible si l’actrice qui incarne Margaret Thatcher était autre que Meryl Streep. Sa prestation est tellement formidable qu’elle fait (presque) oublier le contenu idéologique douteux du film.