Le ministre des Transports Bertrand Saint-Jean (Olivier Gourmet) est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet (Michel Blanc) : un bus scolaire a basculé dans un ravin. Il se rend sur place... Ainsi débute l’odyssée d’un homme d’Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique… Tout s’enchaîne et se percute. Une urgence chasse l’autre. A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ? Jusqu’où tiendront-ils, dans un Etat qui dévore ceux qui le servent ? Et surtout, que restera-t-il de leurs convictions ?

Présenté à Cannes en même temps que La Conquête, le film de Pierre Schoeller (Versailles, Zero défaut) , avait semblé en être la parfaite antithèse : un film politique âpre et sans concession sur l’exercice quotidien du gouvernement (et non du pouvoir). Au travers de l’itinéraire d’un ministre lambda (Olivier Gourmet, mieux que jamais) dont les convictions humanistes finiront broyées par le système, Pierre Schoeller décrit avec un réalisme impressionnant les rouages de la mécanique d’Etat. L’esthétique ultra léchée (scène d’ouverture quasi Lynchéenne), le rythme haletant de la mise en scène, l’intensité des dialogues et le réalisme des certaines séquences (la scène d’accident de voiture sur l’autoroute est l’une des plus impressionnantes que l’on ait vues au cinéma) font de L’Exercice de l’Etat un drame politique maitrisé de bout en bout, dont on sort aussi lessivé que le malheureux héros.