Hâtivement présenté comme un film arabe, La Source des femmes, bien que tourné au Maroc en langue arabe, aurait en fait dû faire partie de la représentation française et donc être le dernier film français en compétition.Il est, en effet, produit et distribué par Europa Corp, la société de Luc Besson, réalisé par un français (d’origine roumaine) Radu Mihaileanu (Le Concert), avec des actrices vedettes françaises (Leila Bekhti et Hafsia Herzi), sur un scénario original de Radu Mihaileanu, Alain Michel Blanc et Catherine Rambert, d’après des faits réels qui se sont produits... en Turquie.
Cela trouble un peu le point de vue que l’on peut avoir sur cette histoire de femmes du bled qui déclenchent une grève du sexe pour obliger les hommes du village à installer une fontaine dans le village...
On voudrait en effet y voir une parabole du « printemps arabe » et un hommage au combat des femmes arabes pour secouer le joug islamique. Venant d’un réalisateur arabe, cela aurait pu paraître engagé, visionnaire et refléter une réalité.Même si on ne met pas en doute la sincérité du réalisateur du Concert, son point de vue sur le sujet est tout de même, a priori, moins crédible.
Radu Mihaileanu et son équipe ont pourtant fait de gros efforts pour que le film ne ressemble pas à une production européenne. L’image est assez crue et le côté « couleur locale » est accentué par les dialogues en langue arabe (qui disparaitront probablement lors de la sortie du film en salles).Un gros travail a été fait également sur la musique et les chants, qui donnent au film un petit coté comédie bollywoodienne plutôt plaisant. Hélas, le choix des deux actrices vedettes, Leïla Bekhti (découverte dans Tout ce qui brille) et Hafsia Hersi (déjà présente à Cannes pour le film de Bertrand Bonello, L’Apollonide) nuit encore à la crédibilité du propos. Malgré les cours intensifs d’arabe qu’elles ont dû suivre, on a un peu du mal à les identifier en fatmas du bled!
Pour le reste, Radu Mihaileanu n’a jamais été un grand styliste et il ne l’est pas devenu.La présence de ce film en compétition à Cannes se justifie donc surtout par la volonté de présenter un regard sur les mouvements du monde arabe. Le jury pourrait, après tout, y être sensible.