Alors comme ça, Christine Boutin a renoncé au salaire pharamineux(*) que devait lui rapporter une mission sur la mondialisation.... Et Gérard Ponthieu a écrit dans son blog ce qu'il pensait de l'événement.

Ce qui serait intéressant aussi, c'est de voir comment tous ces gens-là, tous ces prédateurs (apparemment si "candides" que ça confine à l'autisme) instrumentalisent si bien le terme de "privilégié"... que des honnêtes gens ayant pour vivre un tout petit peu plus que le strict minimum en arrivent parfois à intégrer le mot comme pouvant s'appliquer à eux-mêmes !!!

A écouter la rumeur publique, est "privilégié" le cheminot ou l'instit qui prend sa retraite à 55 ans, "privilégié" l'enseignant qui a huit semaines de vacances l'été... "Privilégiés" même, tout un tas de gens dont le revenu tourne autour du revenu médian (dans les 1500 euros) ou le dépasse de 100 ou 200 euros.
Il y avait dans Fakir 45 de mai-juin un article assez intéressant concernant le découpage des revenus en "déciles"! Je suis abonnée à Politis, au "Diplo", mais Fakir n'est pas mal non plus...

J'ai bossé des annnées comme instite rurale, et bien souvent je retournais dans ma classe le mercredi, le samedi et même le dimanche, effectuant à certaines périodes jusqu'à 50 ou 55 heures hebdomadaires... et je crois que mes 1500 € de retraite mensuels ne constituent pas un "privilège".

Cela fait quelques années que je me bats contre des proches ou amis pour qu'ils deviennent ATTENTIFS à cet abus de langage, et même critiques à son sujet. Par les "copains de copains" je côtoie souvent de "petites gens", dont certains ont du mal avec leurs fins de mois. Ceux-là aussi me voient parfois comme une "privilégiée". Si je leur demande: "Mais, si je suis privilégiée, que dis-tu alors des gens qui encaissent 6000€ ou 10 000 € par mois?". "Ah, ceux-là, ce sont carrément des voleurs!!!" a répondu José... Mais il y a aussi M..., qui croit que les riches "méritent" leur argent, parce qu'ils ont "fait de longues études" (comme les chirurgiens par exemple)... ou des talents particuliers (les footballeurs?). Elle n'a aucune conscience sociale ou politique... elle croit à l'entreprise individuelle, elle pense que les efforts sont récompensés, et que ceux qui sont dans la merde l'ont d'une certaine façon, un peu cherché...

Lors d'une réunion publique avec Martine Aubry (quand elle a effectué sa tournée de France l'année dernière), je disais publiquement que j'accepterais ---à la rigueur--- que mon revenu (retraite d'institutrice) baisse un tout petit peu, pourvu que soit appliquée à tous la limite de "revenu maximum admissible" préconisé par Europe Ecologie... (Je me définirais comme une "verte pastèque", verte dehors, rouge dedans). C'est déjà énorme, puisque EE a calculé 30 fois le revenu médian, soit 45 000 €/mois. Et j'aurais dû ajouter: "...pourvu aussi (c'est sans doute l'essentiel) qu'un certain nombre de services vitaux (transports, logement, santé, culture, éducation... ) au lieu d'être bradés au privé (qui va faire du blé avec), soient accessibles à un coût raisonnable."

Quand mon mari me dit que nous sommes "privilégiés" parce qu'il a hérité de ses grands-parents un terrain et une vieille maison (les travaux, financés en partie par mon plan d'épargne logement, nous ont coûté plus cher, ou du moins autant que la valeur d'origine), alors là, je me fous en boule! NON, vivre dans la sécurité ne doit pas être considéré comme un "privilège". A la rigueur, comme une "chance"... et bien sûr, on pourrait progressivement diminuer ce facteur "chance" par l'impôt, par une redistribution bien pensée.

Mais... en commençant pas le "haut du panier". Messieurs mesdames les moralistes, chrétien-ne-s ou non, commencez les premiers!

Si on se réfère au sens originel, un "privilège", c'est quelque chose qui est transmis par héritage selon la naissance, mieux, qui est concédé par un monarque (lui-même de droit divin.)


Que j'aie de la "chance" en comparaison de certains de mes concitoyens, et même "beaucoup de chance" d'être née en France, par rapport à beaucoup de mes congénères de cette planète, je ne le nie pas. Et je veux bien qu'on me demande des efforts. Mais l'exemple doit venir d'en haut.

Il devient proprement insupportable de subir ce double discours manipulateur....

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* (ou "faramineux", comme vous préférez, les 2 orthographes existent)