LETTRE A G.ERIK, SOLDAT DE L'OTAN


(traduction du texte de Bojana Alfirevic)



Bonjour Erik, où que vous soyez !


Comment allez-vous? Et votre famille? Est-ce que vos enfants vont bien? Leur avez-vous parlé de ce que vous avez fait il y a dix ans? Savent-ils ce qui s'est passé alors en Serbie? Si vous l'avez oublié, je vais vous le rappeler.


Au printemps 1999, précisément le 16 avril de cette année, dans le village de Ribnica (près de Vranje) disparut Irena Matiĉ âgée de 16 ans. Elle fut tuée par une bombe de l'OTAN alors qu'elle semait du maïs dans un champ. Sur les débris de la bombe était écrit à la main ce message: « La 3e fois... j'ai été ravi de vous voir... je suis G. Erik - Italie » (Je ne sais de quel pays vous venez, mais je suppose que vous avez envoyé le message depuis la base aérienne de l'OTAN d'Aviano). Alors, j'ai commencé à en apprendre à votre sujet, l'inconnu. En agissant ainsi, soldat de l'alliance de l'OTAN, vous reconnaissiez que vous aviez assassiné intentionnellement les civils en Serbie. Lors d'un « bombardement humanitaire » ainsi que vous avez cyniquement nommé ce malheur.

Ni Orwell ni un kapo nazi n'évoquerait une telle notion, de votre invention.


Donc, vous avez assassiné des enfants, des femmes, des vieillards, des malades... dans les maisons et les cours de villages, dans les champs et les pâturages, dans les hôpitaux et les maisons de retraite, dans les rues et les ruelles villageoises...Vous avez provoqué cela de très loin et de très haut, ô, vous, sale militaire. Par vos « bombes humanitaires » furent alors tués plus de 80 enfants, et un nombre bien plus important d'enfants furent blessés et estropiés. Vous arrive-t-il de songer à eux, Erik?


Savez-vous, ô piètre héros, qu'alors (le 3 mai) mourut à deux ans Marko Simiĉ? Devant sa maison de Novi Pazar, la boulangerie? Peut-être vous souvenez-vous de Bojana Toŝovoĉ âgée de 11 mois? Elle n'était qu'un bébé quand vous l'avez tuée (le 12 avril) dans le village de Merdare (près de Kurŝumlija). C'était Pâques, G. Erik !


Vous devez vous rappeler comment périt à six ans Branimir Stanijeviĉ (d'Alksinac). Vous l'avez tué à bord du train de passagers international (le 12 avril) dans la vallée escarpée de Grdelica. Savez-vous que le petit être a été carbonisé en même temps que ses parents par votre « bombe humanitaire » et qu'ils n'ont pas de sépultures?


Je pense que vous vous souvenez de ce qui est arrivé à Rajla (près de Belgrade). Dites-moi, ô soldatesque de l'OTAN, est-ce que la maison familiale de Pavloviĉ était un objectif militaire? Vous y avez assassiné (le 26 mai) Stefan - 8 ans - et Dejana - 5 ans. Pendant qu'ils dormaient.


Par Dieu, vous devez vous souvenir – ô, le puissant! - de Milica Rakiĉ (3 ans) de Batajnica (dans la banlieue de Belgrade)? Ô, homme vil! Vous l'avez tuée dans la salle de bain, assise dans son petit siège pendant que sa maman préparait son lit pour dormir. Est-ce qu'une petite dans son siège était votre objectif? Dites-le moi, criminel sanguinaire.


Vous avez sans doute oublié ce qui a eu lieu sur le petit pont de Varvarin.C'était un dimanche, par une journée sans nuage. C'était la fête de la Sainte Trinité pour les chrétiens-orthodoxes. Les gens revenaient de l'église. Là, sur le petit pont, vous avez tué Sanja Marinkoviĉ (le 30 mai), lycéenne de 16 ans douée en mathématiques. Vous avez certainement vu, ô Erik, comment Marina, du même âge, la jambe brisée, rampa vers le corps sans vie de Sanja pour le sauver de la rivière en crue. Vous avez tout vu car vous avez à nouveau bombardé cet endroit.


Vous vous souvenez sans doute des civils albanais dans le village de Meja (près de Djakovica)? Figurez-vous, Erik, qu'ils fuyaient vos bombes alors que vous proclamiez publiquement que vous les protégiez.C'est encore vous qui les avez bombardés (le 14 avril).La plupart ont été carbonisés et l'on est incapable d' établir le nombre exact des enfants tués. Souvenez-vous, Erik, comment vous avez assassiné cinq garçons (le 24 avril) de la famille albanaise Kodja (près de Kaĉanik) avec des bombes à fragmentation. Et un même nombre d'enfants de la famille Kopola que vous avez tués (le 1er mai) alors qu'ils voyageaient en autobus et traversaient le village de Luĵani. Vous devez vous rappeler - ô mauvais homme! - le berger de 11 ans Kastrati Kujtni, que vous avez tué (le 26 mai) alors que ses moutons pâturaient près d'Orahovac.

Ces enfants étaient tous albanais!


Il est évident que vous avez assassiné des enfants partout, sans distinction. Avez-vous reçu un ordre pour cela, ô être assoiffé de sang!


C'est encore vous qui avez bombardé mon Montenégro. Dans le village de Murino, vous avez tué (le 30 avril) Julija Brudar de 10 ans sous les yeux de Teodora, sa soeur de six ans.A présent, venez donc expliquer à Teodora – espèce de Superman! - pourquoi vous avez commis le meurtre de sa soeur! Faites cela, Erik, vous le pouvez!


Venez ici, en Serbie, et demandez à la vieille Vojislav Mitiĉ de Surdulica pourquoi vous avez causé la perte de ses trois petits-enfants (le 27 avril)! Demandez aussi à Niŝ combien d'hommes ont péri (le 7 mai) sous vos bombes à fragmentation! Et pourquoi à cette occasion vous avez tué Ljiljana Spasoĉ qui était enceinte! Posez vos questions, ô vil militaire!


On dit que les bombes à fragmentation et les munitions à uranium sont interdites. Ce n'est pas la vérité, car pendant un « bombardement humanitaire » à grande échelle tout est permis, n'est-ce pas?


Vous souhaitez peut-être montrer davantage d'exemples de votre action militaire. Le voulez-vous? Désirez-vous que je vous présente les photographies de votre méchanceté? Non, Erik. Voilà qui est suffisant pour des gens normaux.Votre action héroïque, de nombreuses tombes d'enfants l'attestent à travers la Serbie, le Monténégro et la République serbe.De même que le monument à la mémoire de tous les enfants que l'on a fait périr, érigé dans le parc Taŝmajdan à Belgrade. Il y est inscrit : « Nous n'étions que des enfants ». Ô mauvais soldat! Entends-tu les lamentations des enfants sans défense?


Pourtant, tout est vain car vous n'êtes pas capable de déposer une simple fleur près de ce monument aux enfants, en signe de votre repentance.Il est évident que cela ne se fait pas chez des professionnels – dont le métier c'est meurtrier d' enfants. Au contraire, vous continuez à assassiner d'autres enfants dans d'autres endroits du monde. Même au vingt-et-unième siècle.


Potentat de l'OTAN, ni les enfants morts ni les vivants n'auront de l'indulgence pour vous.

Jamais, ô individu éhonté!