On le voyait bien arriver, il est maintenant là : le FROID !!! Mercredi les températures chutent, le soir lorsque nous partons avec Bruno vers 20h pour aller voir une pièce de théâtre il gèle déjà... Heureusement la neige tombée lundi a fondu et été absorbée par le sol, et le temps est bien sec : ça ne devrait donc pas glisser sur la route, mais je ne suis quand même pas très fière...
Nous allons voir la pièce dont notre copain belge est régisseur, "Les langues paternelles".


Elle est adaptée du livre éponyme, écrit par Daniel Serge, alias Daniel Schneidermann, et raconte les pensées et sentiments d'un homme au moment de la mort de son père. C'est une sorte de bilan, de point fait sur son enfance avec (puis sans) cet homme, et sur les marques qu'elle a imprimées dans sa vie d'adulte. Ce n'est pas parce que notre copain participe au projet, mais j'ai vraiment adoré ! Déjà le questionnement de la filiation, de la transmission, de l'héritage, de nos vies pétries de celles de nos ascendants, tout cela me parle beaucoup (à Bruno, nettement moins, apparemment!). Mais nous apprécierons tous les deux la mise en scène, fort bien rythmée. Il n'y a aucune longueur, ce qui n'était pas forcément évident au départ car il s'agit, globalement, d'un monologue intérieur.

Il y a trois comédiens sur scène, qui prennent tour à tour les rôles : le père, la mère, le frère, les enfants, et enfin David, le personnage principal (qui est lui même multiple et entre dans de fameux dialogues avec lui-même!). Ce monologue devient donc finalement un dialogue, par moments à la limite de la cacophonie (chapeau aux comédiens pour ce "tricotage" du texte : c'est une performance impressionnante!), porté en plus par une mise en scène très intéressante, avec un pan incliné sur lequel les comédiens écrivent, au fur et à mesure de la pièce : mots, phrases, signes et dessins viennent accompagner le texte et permettent un dynamisme qui annule tout risque de monotonie.



C'est drôle car je sens bien que, depuis que je suis chez les Morallès et que je vois donc bien plus de spectacles, je suis devenue beaucoup plus sensible au rythme d'une pièce. Je l'avoue, au départ en voyant le dépouillement du décor je n'étais pas sûre d'aimer, mais finalement ça aurait été bien dommage de louper ça. Après le spectacle nous aurons en plus la chance de discuter un peu avec les comédiens au cours d'un... euh... bord de scène ? (je ne sais plus le nom, rencontre comédiens/public, quoi) C'est aussi un moment fort intéressant qui permet de comprendre la genèse de la pièce ainsi que les transformations successives.
Pour conclure, si "Les langues paternelles" passe vers chez vous, allez-y sans hésiter, faites-moi confiance ! Et du coup, ça m'a donné très envie de lire le livre (si quelqu'un cherche un cadeau à me faire... XD )
Au retour nous sentons que la température a encore baissé : je ne suis pas sûre que nous aurons de l'eau demain matin...
Et en effet, jeudi, au réveil : plus d'eau ! En soulevant les stores, j'aurai même la surprise de découvrir que l'eau de condensation, sur les vitres, est gelée !



A midi petit coup de speed : déjà, j'avais complètement zappé le fait que j'aurais Marius en raison de la représentation scolaire de cet après-midi : en fait, je me souvenais que j'aurais l'émetteur pendant la classe (ce qui ne change pas grand-chose puisqu'à cette heure-là c'est sa sieste), en revanche j'avais oublié que je le prends une heure et demie avant le début du spectacle (le temps de l'échauffement etc)... Laissez-moi donc vous dépeindre le tableau à midi et quart : je prépare à manger et j'ai les mains dans la farine lorsque Bernard arrive en me disant qu'il a au bout du fil une journaliste de Ouest France qui veut absolument me parler et qu'elle n'arrive pas à me joindre sur mon portable (j'apprendrai par la même occasion que je n'ai plus de téléphone, puisque je suis en train de passer chez Free et que la nouvelle carte sim est arrivée... chez moi à Poitiers). Je rince mes mains collantes de farine et de poisson comme je peux (je vous rappelle qu'il gèle donc plus d'eau au robinet), prends le téléphone de Bernard tout en mettant le repas à cuire... et là... Léon arrive avec Marius ! C'est le bug complet. Heureusement Bruno est là, il lui enlève son manteau et l'occupe pendant que je parle avec la journaliste de Ouest France (je suis tellement dans le vent que je ne me souviendrai de rien de cette conversation, il ne m'en restera qu'un "Ouest France 11h" sur mon calendrier noté jeudi prochain, et les coordonnées de la fille sur un papier). Bruno a bien compris mon stress et s'occupera fort bien de Marius pendant que je termine le repas, entre gribouill... pardon, DESSINS et construction de tours avec cubes et kaplas !


Après manger c'est l'expédition, car il faut aller faire la vaisselle au Champilambart, la salle de spectacle qui est juste à côté. (c'est quand on se retrouve sans eau qu'on comprend à quel point elle est omniprésente dans notre vie...)

Nous emmenons Marius, qui est tout content de faire son numéro de charme aux nanas qui travaillent en cuisine. Nous allions faire la vaisselle à la main mais la cuisinière nous propose de la faire dans le super lave-vaisselle de collectivité (qu'elle sait faire fonctionner, elle !). Marius s'éclatera à actionner sa poignée !
Le soir je craque un peu car j'ai mal aux pieds et je ne sais plus quoi faire : j'ai une mauvaise circulation et depuis trois jours que la température baisse ça empire. Mes orteils commencent à être vraiment gonflés, tout rouges, ça me fait mal dès que je mets mes chaussures (vu le super temps qu'il faisait quand je suis partie pour cette tournée, je n'ai pris que mes pauvres baskets toutes fines : pas isolantes le moins du monde, et avec deux grosses paires de chaussettes dedans mes pieds sont tout compressés...). Carole m'avait bien suggéré "Peut-être qu'avec des après-skis...", mais je ne voulais pas en entendre parler. "Des après-skis ?! Moi, vivante, JAMAIS !". En me voyant pleurer sur mes pieds Bruno me dit "Tu es sûre que tu ne veux pas aller voir au magasin à côté ?... On va peut-être trouver quelque chose..."
J'accepte de mauvaise grâce, et nous nous rendons donc au Gémo : je boîte tout le long du trajet tellement ça me fait mal et je commence à accepter l'idée qu'il va bien falloir sauter le pas... Dans le magasin heureusement que Bruno est là... Il me tend une paire... Moi : "Ah mais non... c'est pas possible... c'est trop laid, je ne vais quand même pas me promener avec ça !" Et puis... finalement... j'admets. Si. Je vais bien devoir porter ça...

Le soir nous sommes invités à un apéritif dînatoire par le Champilambart : on se régale et on est au chaud... youpiiii ! A noter, au milieu des pizzas et autres petits fours : un gâteau au chocolat qui restera dans les annales ! Trop bon, attesté par Gino et moi (et je pense qu'on peut relativement nous faire confiance à tous les deux, niveau bouffe...). J'en apprendrai la recette le lendemain : 200 grammes de chocolat, 200 grammes de beurre, 200 grammes de sucre, 5 oeufs, et... une cuillère à soupe de farine ! (20 minutes à 180°C). Ah bin voilà, plus besoin de dire quoi que ce soit, on a compris pourquoi il est si bon ! (bon, OK, pas sûr que ce soit LA recette diététique de l'année!) XD
Vendredi matin le froid continue et se précise. Je vous ai fait un petit relevé météorologique dans le camion histoire de situer le truc : 15°C dans la pièce de vie du camion, 12°C dans la classe des petits, 7°C dans les toilettes et -1°C à l'arrière du camion dans l'atelier de Didier... Mais avec -7°C dehors, tout est relatif... et en rentrant de l'extérieur je peux vous dire que 15°C ça a l'air énorme ! Mais...9°C au sol, quand même. C'est là que j'adopterai définitivement les après-ski, en les portant même dans le camion. C'est bon, plus rien à faire de l'esthétique, je peux enfin marcher normalement et je sens que dans les deux jours mes orteils retrouveront une taille à peu près normale. Le soir d'ailleurs je complèterai mes achats d'hiver (plus rien ne me fait peur ni honte !) par des semelles en laine et alu, et des chaussettes de ski !

Cette fois je suis définitivement passée du côté obscur. XD
En fin de matinée j'emmène les enfants voir un spectacle du festival. Je leur en ai proposé plusieurs, et ils ont choisi "Le bureau des histoires".

Dans un vieux bureau, quatre personnages sont chargés de répondre à ceux qui téléphonent pour qu'on leur raconte une histoire avant d'aller dormir. Il y a un drôle de rythme, assez lent, qui fait que les enfants décrochent parfois (c'est une scolaire, le public est donc uniquement enfantin), mais c'est une belle histoire avec un décor et des costumes qui me plaisent beaucoup.

La mise en scène est aussi très belle, avec des jeux d'ombres et de lumières, des passages carrément en ombres chinoises...

C'est feutré et contemplatif, et en ressortant les enfants me diront que ça leur a beaucoup plu. Voici d'ailleurs deux dessins que Gabrielle et Hubert ont voulu faire pour illustrer leur cahier de vie :


Celui de Gabrielle représente la scène et les personnages, et celui d'Hubert l'une des histoires racontées, qui était sa préférée. (ce qui explique que les deux dessins n'aient pas grand chose à voir!)
Sinon, il était temps que le week-end arrive : entre l'école, Marius le midi, Bruno et la vie quotidienne sans eau je ne fournis plus du tout! Le soir nous nous couchons tôt, en mode "survie dans le camion" : du chauffage et des réserves d'eau, que demande le peuple ?!
Samedi Bruno s'en va : il ne devait partir que le lendemain mais la météo annonce de la neige dans la nuit... On va la jouer sage ! En l'accompagnant à la voiture je remarquerai ce joli glaçon :

Puisque je vous dis qu'il fait froid !
Je vais ensuite faire des courses au Super U d'à côté, et j'en profite pour acheter les choses lourdes, pénibles habituellement quand les magasins sont loin. Je voulais acheter des gants de jardinage comme ceux que Carole m'avait donnés et qui avaient disparu mais je n'en ai pas trouvé. En effet, pour rouler les tuyaux, soulever les bouches d'égouts pour vider les toilettes etc, ça me manque cruellement... Il y a un magasin de bricolage à côté, je vais donc y jeter un oeil. Là, je trouve tout un tas de gants, youpiii, c'est la caverne d'Ali Baba, je devrais trouver mon bonheur... Je commence à les regarder, à en essayer... A ce moment, un vendeur passe et me demande si j'ai besoin d'aide. "Non non, merci, j'ai ce qu'il me faut, je réfléchis pour choisir." Trente secondes plus tard il revient et me dit "Euh... là ce sont les gants de bricolage, c'est surtout des grandes tailles, si vous voulez des gants plus petits vous devriez aller au magasin de jardinage qui est juste à côté." Je le remercie de sa proposition, tout en pensant "Non mais oh ! Les filles elles n'ont pas le droit de bricoler, alors ?! Nous on a juste droit au jardinage ! Et l'égalité des sexes ?! C'est bon, hein, je peux prendre des gants d'homme, je suis pas une princesse!" Pourtant sa suggestion fait son chemin dans ma tête tandis que je m'aperçois que les gants qui me semblent le mieux (imperméabilité + solidité + maniabilité) n'existent qu'en taille 10 (je dois faire du 7 ou du 8). Je me dis donc "Allez, ne fais pas ta mauvaise tête, il a dit ça pour t'aider, va donc voir au magasin de jardinage et si tu ne trouves rien tu reviendras prendre ceux-là, même s'ils sont un peu grands". Et en arrivant au magasin de jardinage... non seulement je trouve ma taille, mais en plus ils en ont même avec des jolies couleurs !!! Bon, je ne pousse pas le vice jusqu'à prendre les gants roses avec des petites fleurs dessinées dessus, mais je dois bien vous avouer que je craque pour ces beaux gants violets !

Euh... officiellement, "c'est mieux parce que comme ça je saurai que ce sont les miens et risquerai moins de les perdre", bien entendu ! Choix uniquement pratique et cartésien, évidemment. Je ne suis pas une princesse. Non mais oh. (qui a dit "Vendeur : 1 , Céline : 0" ?!) XD
Le soir je garde Marius pendant le spectacle. Là, c'est clairement l'âge où c'est très difficile de faire autre chose que s'occuper de lui, et où une activité doit le tenir entre cinq et dix minutes. Je commence par lui donner des pastels et il dessine, ça lui plaît bien !

A un moment il fait un faux mouvement et met du pastel sur la banquette. Je prend l'éponge pour nettoyer, il me regarde faire puis me tend la main. "Tu veux nettoyer?" "Oui!" Et le voilà en train de frotter...

Monsieur aime beaucoup nettoyer : il s'attaquera ensuite à la table car en gribouillant il avait parfois un peu dépassé les limites de la feuille.

Nous jouons ensuite à faire des tours avec des cubes et des kaplas, puis je lui donne du matériel que j'utilisais avec Hubert et Firmin quand ils étaient un peu plus petits : une ardoise métallique et des formes aimantées à coller dessus.

Il voit que je le prends en photo et a très bien compris ce que c'est : il veut voir le résultat et se plait beaucoup. Nous ferons ensuite une petite série de photos à deux, qui nous fait bien rire mais s'avérera compliquée car il bouge beaucoup et c'est souvent flou !

A un moment il regarde par la fenêtre, je pense que le chapiteau éclairé lui plaît beaucoup. Je lui dis "Oui, tu regardes le chapiteau, il a de jolies lumières", et là, il dit "Chapiteau!". Je suis impressionnée, il a sorti ce mot de trois syllabes comme ça, paf ! Quand je dirai ça à Hélène et Didier, après le spectacle, ils m'expliqueront qu'il ne l'avait encore jamais dit... et le lendemain, en essayant de le lui faire redire, ce sera impossible. C'était la fulgurance du moment !

Marius se met à bailler et a l'air fatigué : je vais le coucher mais finalement je l'entendrai dans le babyphone pendant plus d'une heure. Il chantonne, puis plus un bruit et je le crois endormi... mais dix minutes plus tard on entend qu'il joue avec son tableau d'éveil... Gabrielle, qui a voulu venir avec moi pendant le spectacle, a du mal à comprendre que je ne retourne pas le chercher. Je lui explique qu'il n'appelle pas, et qu'il n'a pas forcément envie qu'on aille le chercher. "Regarde, toi, si tu es tranquille dans ton lit, en train de lire, par exemple, ça ne te plairait pas forcément qu'on vienne te prendre et te remettre debout..." Nous discuterons ensuite un certain temps de l'année prochaine, car ça y est, la nouvelle maîtresse du camion a été trouvée. Je vois que Gabrielle se pose pas mal de questions sur ce changement : "Est-ce que ce sera les mêmes horaires ? Tu crois qu'on fera des exercices sur l'ordinateur comme avec toi ? Et le cahier de vie, on le fera encore ?" Elle m'explique qu'elle n'aime pas trop faire le cahier de vie. "Enfin c'est pas que j'aime pas, mais il faut écrire beaucoup.". Je lui dis que je pense qu'elle sera très contente d'avoir tous ces souvenirs à retrouver, plus tard, puis j'ajoute "Tu sais, moi parfois j'en ai marre du blog, aussi, ça me prend beaucoup de temps et j'aimerais faire d'autres choses..."
- Ah bon ?!
- Bien sûr ! Mais je sais aussi que je serai très contente, plus tard, d'avoir conservé tous ces moments quelque part. L'autre jour je cherchais une page et j'en ai vu beaucoup défiler avant de la retrouver, eh bien il y avait des choses que j'avais complètement oubliées. C'était chouette de m'en souvenir.
- Oui, c'est vrai, moi aussi parfois j'aime bien regarder dans mon cahier de vie ce qu'on a fait...

Après le spectacle nous allons sous le chapiteau : bizarrement, il y a beaucoup de soupes différentes ce soir ! Aurions-nous tous un peu froid ?... Quand je rentre au camion la neige a commencé à tomber. Je suis contente que Bruno soit parti et bien arrivé chez nous... Mon petit doigt me dit qu'il y en aura une bonne couche demain matin !