Le géographe, Yves Lacoste, a écrit un essai qui porte ce titre ( publié dans un livre qui a le même titre que l'essai).

'Paysage', un concept qui ne va pas de soi, le mot inventé d'abord en Italien, paesaggio, à la Renaissance. 'Landschaap', 'landscape', 'Landschaft' sont des traductions. ( Et quel destin en anglais que tous ces mots modernes en -scape, comme 'townscape' !)

Lacoste nous dit que les militaires se sont tôt intéressés aux vues imprenables et aux sites d'où l'oeil embrasse un vaste panorama. Il y aurait une large identité entre les vues ayant valeur militaire et celles que nous percevons comme belles qui sont aussi celles que vante l'immobilier. Le voyeur de paysage serait alors un capitaine à l'oeil hardi, un chasseur de vues, un prédateur dont le beau paysage serait la proie.

Cette analyse me paraît féconde jusqu'à un certain point au delà duquel on peut envisager une vision sereine du paysage, tel que peut-être nos ancêtre du néolithique qui choisissaient les sites où ils érigeaient des mégalithes le ressentaient. J'ai vu récemment en Inde un site d'où l'on voit des collines douces dont les courbes sont probablement associées à la plénitude de la femme. L'homme est alors non plus un prédateur, mais un protecteur et un compagnon et la femme s'identifie au paysage.

J'imagine que l'on ressentait des phénomènes avant qu'un mot-concept n'ait été créé qui aura tendance d'ailleurs à trop encadrer un sentiment.

Encadrons tout de même grâce à nos chambres à photo des paysages en retrouvant l'esprit des cueilleurs-chasseurs pré-agricoles, mais aussi souvent quand même en chasseurs d'images tendus vers le but.