Mon épouse et moi-même étions unis par le mariage depuis 27 ans, nous avions vécu jusqu'en mai 2004 une vie de famille heureuse avec nos quatre enfants déjà grands, avec les soucis mineurs que connaissent de nombreux parents, mais aussi des joies immenses, comme les mariages de deux d'entre eux et l'arrivée de notre première petite fille ... quand soudain ...

En cette soirée du vendredi 21 mai 2004, nous étions prêts à nous endormir, quand notre fils de vingt ans, Vincent, nous déclare dans le couloir longeant notre chambre :

- " Je vais dormir sur la plage avec les copains ".

Ayant à l'esprit la perspective du bac dans les semaines qui suivent, je lui dis :

- " Vincent, ce n'est pas sérieux ! As-tu travaillé aujourd'hui ?

- Oui, oui, j'ai tavaillé ! ...

- Vincent, je ne suis pas rassuré pour les années à venir ! ...

- Ne t'inquiète pas ! "

Et le voilà parti rejoindre ses copains qui l'attendent dans leur voiture ...

Ce même vendredi en fin de soirée, mon épouse endormie s'était réveillée et s'était levée pour passer du temps à prier en faveur de Vincent ; dans les mêmes moments, notre fille aînée, Anne-Laure, qui était à Rennes, s'est réveillée avec un fardeau pour son frère et s'est mise également à prier pour lui .

En cette soirée se livrait un combat pour le salut de son âme ...

Samedi, cinq heures du matin. Le téléphons sonne. Nous sommes prévenus par les gendarmes qu'il y avait eu un drame : notre fils est porté disparu en mer, il dériverait sur une annexe de bateau ...

Alors nous nous sommes mis à genoux au pied de notre lit et nous avons commencé à prier Dieu, à décharger notre coeur auprès de lui, nous avons lu ensemble le psaume 107 et nous avons prié de nouveau ; nous avons reçu la paix de Dieu dans nos coeurs ; nous nous sommes même recouchés pour nous reposer à nouveau ; nous avions l'espoir que Vincent soit sur cette annexe de bateau, en train de dériver sur la mer ...

Onze heures du matin. La gendarmerie de Pleurtuit nous téléphone et nous dit que le canot a été retrouvé sur un rocher, à l'écart de la crique de départ.

Nous avons été interpellés par le fait que les gendarmes ne nous ont pas annoncé que notre fils avait été retrouvé sur ce même rocher ! Jusque là, nous avions toujours repoussé cette idée inacceptable que notre fils se soit noyé, mais au fur et à mesure que les heures se sont écoulées, nous avons perdu espoir de le retrouver vivant ...

Le dimanche matin, comme tous les dimanches matin, dans notre maison à Saint Malo, avec nos enfants et quelques amis, nous avons eu un temps de culte pour louer Dieu, l'adorer, le prier par des chants, des prières spontanées, entrecoupées de lectures de la Bible, et pendant ces moments, nous avons beaucoup pleuré ensemble devant Dieu en nous tenant dans les bras, nous avions perdu espoir de revoir Vincent vivant sur cette terre, nous répandions nos coeurs devant Dieu, et nous avons béni Le Seigneur de nous avoir confié Vincent durant ces vingt années ... ; cela a été des moments intenses que nous avons vécu devant Dieu, et le temps s'écoulant, nous avons ressenti la consolation du Seigneur dans notre coeur et nous pouvons affirmer que ce n'est pas du baratin quand il est écrit dans l'évangile de Jean que le nom du Saint Esprit, c'est le Consolateur ...

La consolation que le Saint Esprit donne est une consolation extraordinaire, surnaturelle ! Il nous a donné Sa paix qui dépasse toute intelligence humaine, c'est une paix qui a surpris nos familles quand elles nous ont regardé vivre ce drame.

Le dimanche après-midi, mes parents nous ont rejoints ; il y a quelques copains de Vincent qui sont venus, nous avons passé un film de notre voyage en Espagne et au Portugal, voyage effectué l'été précédent avec Vincent et son copain Loïc ; nous avons passé l'après-midi dans l'attente de nouvelles, puis le dimanche en fin d'après-midi, nous sommes allés sur la plage de Saint Briac sur mer où le drame avait eu lieu.

Un ami qui était là m'a raconté une vision qu'il avait eu le matin alors qu'il priait : il a vu Jésus qui marchait sur la mer à la rencontre de Vincent ; arrivé auprès de lui, il a saisi sa main et l'a sorti de l'eau pour le sauver et le prendre avec lui ... Les paroles de cet ami ont été pour nous comme une source où nous nous sommes abreuvés d'espérance spirituelle ...

Vincent n'avait pas encore été retrouvé ; dix minutes après que nous soyons arrivés sur la plage, son corps a été localisé, puis sorti de l'eau par les sauveteurs et les pompiers ...

Quelques mois auparavant, tard un soir, alors que nous étions prêts à dormir, Vincent est arrivé dans le couloir à côté de notre chambre, il appelle et s'en suit le dialogue suivant entre lui et nous :

- " Je veux aller à l'hopital !

- Pourquoi veux-tu aller à l'hopital ?

- J'ai pris de la drogue ...

- Qu'est-ce que tu as pris ? As-tu fumé ou pris autre chose ?

- J'ai fumé.

- Non, on ne va pas aller à l'hopital, mais on va se mettre à genoux devant Dieu !

C'est ce que nous avons fait tous les trois devant notre lit et nou avons commencé à prier Dieu. Durant ces moments-là, Vincent a été saisi par la présence de Dieu.

Quelques jours plus tard, il nous a dit que tout tremblait autour de lui. Ce soir-là, Vincent nous a confessé quelques écarts de jeunesse qu'il avait eu quand nous habitions Liffré et il a prié Le Seigneur. Nous l'avons assuré de notre pardon et de notre amour pour lui ...

Comprendrez-vous si je vous dis qu'après ce drame, ce qui nous faisait souffrir, c'était l'absence de sa présence, alors que maintenant, avec le temps qui s'est écoulé, ce qui demeure, c'est la présence de son absence ...

Mais nous, ses parents, nous savons qu'il est mieux là où il est maintenant que sur cette terre de tentations et de souffrances.

C'est pourquoi, ayant l'espérance de le revoir au ciel, nous avons fait graver sur la pierre sous laquelle son corps retourne à la poussière, cette inscription d'une promesse de Jésus :

                          Je suis la résurrection et la vie,

                       Celui qui croit en moi vivra,

                               même s'il meurt.