Je viens de me réveiller et je suis là dans une chambre d'hôpital.
Couchée dans ce lit, je sens bien que je suis limitée dans mes mouvements par une minerve. Une infirmière est venue me voir tout à l'heure. Elle m'a dit que j'avais fait une mauvaise chute. Quoi qu'il en soit, je devais rester au lit alitée pendant trois longs mois ou plus. Bref une éternité pour moi
à devoir rester là ...
Les jours passent monotones et je suis là seule dans ma chambre entre deux passages d'une auxiliaire de vie ou d'une aide-soignante.
Mon regard seulement tourné vers le plafond, je passe mon temps à attendre, attendre et écouter les bruits venant des couloirs ou bien du dehors. Ce matin, je sais qu'il a plu et en ce moment, aux chants des oiseaux, je pense qu'il doit faire beau maintenant.

Trois longs mois au moins à rester là. A ne pas bouger mais c'est pour mon bien.
J'ai tant de questions à poser. Ce midi, on m'a dit que j'étais tombé de ma chaise sur la tête, que je m'étais cassée la deuxième cervicale du cou mais, surtout, que j'avais eu beaucoup de chance d'être encore là, en vie, et non paralysée.
Pour pouvoir me rétablir un jour, je dois passer mon temps immobile et seule dans cette chambre. Heureusement, il y a le personnel de l'hôpital. Ce personnel féminin si gentil qui est vraiment aux petits soins avec moi.
Je sais que, souvent, elles me parlent, me tiennent la main et me demandent si je vais bien. Parfois, c'est vrai, je ne comprend pas vraiment ce qu'elles me disent mais peu importe, ma minerve et mes difficultés à avaler m'empêchent de leur répondre.

Il y a aussi les repas, tous les mêmes que l'on me sert à la cuillère, allongé dans mon lit. Pendant ces trois mois, sont seulement au menu un mélange de poudre et de crème pour faire passer mes médicaments du matin et du soir. Soit disant pour mon bien même si, parfois, je regrette les bons petits plats pris avec mes voisins de ma maison de retraite.
On me dit que je dors bien mais bon ça doit venir de leurs médicaments. Il ne faudra pas non plus être étonné si je ronfle un peu fort … Enfin ce que j'en dis.

Je me sens bien enfin je crois car, la plupart du temps, je ne sens pas grand chose. Pas de douleur et pas d’inquiétude a dit le docteur. Juste des envies de dormir c'est vrai.
J'ai des visites. C'est bien, je sais que l'on s'inquiète pour moi. On vient me prendre la main, me donner des nouvelles et puis m'embrasser le front avant de partir.

Aujourd'hui, je viens de me réveiller et je suis, immobile, dans un petit lit d'une chambre d'hôpital. Si je pouvais arriver à me rappeler pourquoi je suis là.
Dehors, je le sens bien, il fait beau. Je voudrais bien aller me promener dans un parc ou à la campagne. J'espère aussi que je vais pouvoir sortir demain. Oui, ça serait bien.

Il fait déjà nuit dehors. J'ai du m'endormir.
Il y a surement quelqu'un, à l'extérieur, qui s'inquiète pour moi. Et s'il existe vraiment, j'aimerais bien qu'il vienne, ici, me chercher. Moi, je vais l'attendre sagement. Il va venir. Il va venir me voir c'est sûr ! ... De toute façon, moi, je reste là, je ne bouge pas ! …


Novembre 2013