La gourmandise a du bon. Elle nous redonne des couleurs, de l'énergie à revendre mais aussi malheureusement des kilos à perdre. Elle a aussi la qualité de nous remémorer nos bons et nos mauvais souvenirs. Je me rappelle surtout d'un événement qui nous avait marqué, moi et mon frère.

Ce matin là, dans la cuisine, il avait pris le tabouret car il avait repéré le pot de confiture, en haut de l'étagère. Il se hissa sur la pointe des pieds et découvrit un vielle boite métallique , cachée derrière des paquets de gâteaux. Après les avoir posé sur la table, nous étions déchirés entre l'envie de goûter au pot de confiture et celui d'ouvrir cette boite. Cette fois-là, la faim avais pris le dessus mais nous nous étions mis d'accord pour assouvir, plus tard, notre curiosité.

Dans cette boite se trouvaient rangé des cartes postales, des objets anciens et des photos de famille. C'est alors que de vieux souvenirs nous sont revenus par brides. Oui, toute une mémoire cachée s'est ainsi rappelé à nous. Des photos de notre Papa, il y en avait ! Il y avait aussi une cassette audio que j'ai mis dans le magnétophone. On pouvait alors écouter des paroles douces, une musique entraînante et un refrain qui nous replongeaient dans une époque oubliée.

En regardant les photos, les larmes aux yeux, nous nous sommes rappelé les bons moments de chaleur et de complicité qui remplissaient la maison familiale. Des moments de bonheur avant la mort de Papa ... C'était il y a seulement quelques années, avant la maladie et ce crabe rongeur qui a baigné notre famille dans la douleur et le chagrin.

Je ne voulais pas croire que nous avions oublié ces événements. C'est vrai, je voulais surtout garder, de mon Papa, ces journées de tendresse et d'amour, tous ensemble au coin du feu, à préparer des pots de confiture. Oui, garder près de mon coeur, la fierté et l'admiration que peux avoir un fils pour son père.

Je voulais surtout masquer le souvenir des instants de souffrance que Papa vivait seul et de notre impuissance à pouvoir l'aider. De notre désarroi à le voir mourir peu à peu devant nous. Et de ses yeux tristes qui nous disaient, à travers ses larmes, qu'il voulait enfin partir.

Après avoir fermé la boite, nous ne voulions pas oublier nos souvenirs, à nouveau, mais essayer plutôt d'entretenir la mémoire de notre père. Nous avons alors décidé d'allumer, pour lui, une bougie tous les dimanches. Une bougie dont la flamme vive nous rappelle qu'il est toujours là parmi nous.