Les gens perçoivent toujours l'espéranto comme la proposition d'un instrument. Ils ne savent rien de l'élan idéal qui l'anime. Cependant, j'ai été séduit par la biographie de Zamenhof, non point par la grammaire de Migliorini. Vous devriez mieux faire connaître cet aspect. Pourquoi l'histoire et l'idéologie de l'espéranto me semblent des phénomènes intéressants : c'est là son côté inconnu. Il faudrait mieux faire connaître cet aspect ! Pourquoi n'a-t-on pas fait de film sur Zamenhof ? Le côté historique et idéologique de l'espéranto reste foncièrement inconnu.

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Umberto ECO, lors d'un entretien à Paris avec István ERTL et François LO JACOMO publié dans le numéro de février 1993 de la revue “Esperanto“, l'organe de l'Association Universelle d'Espéranto (UEA).
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S'il y a un aspect auquel a échappé l'attention de Jean-Pierre Minaudier dans son livre "Poésie du Gérondif" (2014), c'est bien le côté grotesque de ses propos sur l'espéranto :

Je trouve l’espéranto hideux et grotesque avec son look de patois latin dégénéré (le volapük a plus d'allure !*); une langue prétendument mondiale moins parlée que le lituanien ou le danois après plus d’un siècle d’existence me semble avoir complètement et sans doute définitivement manqué son objectif."

Dans la traduction du "Notre Père" qu'il donne en pied-de-page en espéranto et en volapük, il trouve le moyen de faire deux fautes dans le texte en espéranto...




Les gens perçoivent toujours l'espéranto comme la proposition d'un instrument. Ils ne savent rien de l'élan idéal qui l'anime. Cependant, j'ai été séduit par la biographie de Zamenhof, non point par la grammaire de Migliorini. Vous devriez mieux faire connaître cet aspect. Pourquoi l'histoire et l'idéologie de l'espéranto me semblent des phénomènes intéressants : c'est là son côté inconnu. Il faudrait mieux faire connaître cet aspect ! Pourquoi n'a-t-on pas fait de film sur Zamenhof ? Le côté historique et idéologique de l'espéranto reste foncièrement inconnu.

Umberto ECO, lors d'un entretien à Paris avec István ERTL et François LO JACOMO publié dans le numéro de février 1993 de la revue “Esperanto“, l'organe de l'Association Universelle d'Espéranto (UEA).
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Connu pour son immense savoir, le professeur Umberto Eco avait reconnu s'être moqué de l'espéranto jusqu'au jour où il fut amené à l'étudier pour préparer un cours au Collège de France sur le thème de "La recherche de la langue parfaite" (1992-93). Ce cours a fait l'objet d'un ouvrage publié sous le même titre au Seuil en 1994. Peu après le cours inaugural, il reconnut alors sur France Culture, le 4 novembre 1992 : “L’espéranto est une langue internationale auxiliaire a posteriori qui prend les caractéristiques les plus répandues des langues existantes pour recomposer artificiellement une langue naturelle. (…) L’espéranto, parmi des centaines de langues artificielles, a survécu, car c’est une langue bien faite. Les raisons pour lesquelles il ne s’impose pas ne sont pas linguistiques, mais politiques.“

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Après avoir occupé diverses fonctions au sein du British Council, le professeur Robert Phillipson a publié des ouvrages et des articles sur l'impérialisme linguistique de l'anglais. Son seul livre traduit en français n'est malheureusement paru qu'en 2019 aux éditions Libre et Solidaire : "La domination de l'anglais, un défi pour l’Europe". C'est une version enrichie et actualisée de “English-Only Europe ? Challenging Language Policy“ (Routledge, Londres, 2003) paru en version espéranto en 2004 (UEA, Rotterdam)... Son épouse est une universitaire finlandaise dont le site est en quatre langues : finnois, suédois, anglais et espéranto : http://www.tove-skutnabb-kangas.org/eo/index-eo.html

Pour l'avoir accompagnée au congrès mondial d'espéranto qui eut lieu à Prague en 1996 avec 2972 participants de 66 pays, Robert Phillipson, reconnut la qualité des échanges et admit : “Le cynisme par rapport à l'espéranto a fait partie de notre éducation.“

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Jean-Pierre Minaudier trouve l'espéranto "hideux et grotesque". Pour faire étalage de son savoir en la matière, il donne en note de pied-de-page la traduction du "Notre Père" en espéranto et en volapük. Or il trouve le moyen de faire deux fautes dans le texte en espéranto : "santigita" et "antaŭ" au lieu de ankaŭ (donc devant au lieu de aussi). Pour lui, "Le volapük a déjà plus d'allure !" Il n'a que des mots méprisants pour ce qu'il ignore, rien de scientifique, rien de sensé. C'est un exemple flagrant d'abus de notoriété, une notoriété qui, pourtant, paraît par ailleurs méritée. Comme l'ont fait Umberto Eco et Robert Phillipson, Jean-Pierre Minaudier pourrait avouer que, comme la quasi-totalité de la population, il a été victime du silence et de la désinformation, d'une culture de l'ignorance.

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Il y a en effet une véritable culture de l'ignorance sur l'espéranto en France. Lorsqu'il écrit "une langue prétendument mondiale moins parlée que le lituanien ou le danois après plus d'un siècle d'existence me semble avoir complètement et sans doute définitivement manqué son objectif".

Incapable de démontrer quoi que ce soit, Jean-Pierre Minaudier en est réduit à écrire "me semble".

Et c'est à partir d'un "me semble" qu'on inflige à l'espéranto le coup du lapin, que l'on fait apparaître ses usagers comme des "Untermenschen". C'est ce qui s'est passé au siècle dernier !
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Or, Umberto Eco avait reconnu, après des recherches sérieuses : “C’est une langue construite avec intelligence. Du point de vue linguistique, elle suit vraiment des critères d'économie et d'efficacité qui sont admirables.“ (Paris Première, 1996, avec Paul Amar). Il avait dit à "l'Événement du Jeudi“: “J’ai étudié la grammaire de l'espéranto — ça ne veut pas dire que j'ai appris à le parler — et j'ai constaté que c'est une langue construite avec intelligence, et qui a une histoire très belle."

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Une possibilité s'offre à Jean-Pierre Minaudier de démontrer son honnêteté intellectuelle : c'est simplement de reconnaître qu'il a été, comme Umberto Eco, Robert Phillipson et bien d'autres victime d'une culture de l'ignorance bien entretenue par l'enseignement et certains grands médias. D'abord opposé à l'espéranto, René Étiemble avait fini par en reconnaître le bien-fondé.
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Puisqu'il aime et connaît l'Estonie, sa langue et sa culture, il pourrait consulter un ouvrage paru jusqu'à présent en japonais, espéranto, allemand, italien, russe, lituanien, coréen, anglais et dont la parution en français et portugais est prévue pour cette année 2021. Cet ouvrage, dont le titre se traduit par "La langue dangereuse", aide à comprendre pourquoi l'espéranto n'est pas plus connu, enseigné, parlé, pratiqué aujourd'hui. C'est même une prouesse qu'il ait survécu non seulement aux régimes les plus abominablement crapuleux du XXe siècle mais qu'il ait aussi surmonté les obstacles dressés par des nations apparemment démocratiques : un chapitre est consacré au rôle peu glorieux du gouvernement français qui sévissait voici un siècle à la Société des Nations quand l'enseignement de l'espéranto fut proposé comme langue auxiliaire dans toutes les écoles par 14 nations dont 9 extra-européennes.

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Jean-Pierre Minaudier accepterait-il de débattre de la question de l'espéranto et des langues construites à la télévision estonienne avec le professeur Aleksandr Dmitrievich Dulichenko? C'est précisément à l'Université de Tartu, en Estonie, qu'il enseigne la linguistique et il est certainement l'homme le plus compétent dans la science des langues construites, l'interlinguistique : https://en.wikipedia.org/wiki/Aleksandr_Dulichenko

C'est à Tartu que l'espéranto a fait ses premiers pas voici près d'un siècle et, comme partout ailleurs, il a vite détrôné le volapük. Or, Zamenhof n'avait pas les appuis financiers dont disposait Schleyer... L'histoire de l'espéranto a de belles pages en Estonie... Il est possible d'en savoir plus, en Estonie comme ailleurs, dans la version en espéranto de Wikipédia : https://eo.wikipedia.org/wiki/Esperanto-movado_en_Estonio

Les personnes qui ne lisent pas l'espéranto peuvent obtenir une traduction automatique par Translate Google qui a fait de l'espéranto sa 64e langue en 2012. Il y en a maintenant plus de cent... La traduction de l'espéranto en français n'est évidemment pas littéraire mais assez claire.

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Comme Jean-Pierre Minaudier fait mention des langues danoise et lituanienne, je dois préciser que c'est avec un profond regret que j'avais été contraint de décliner une invitation à la Foire du Livre de Vilnius de 2006 lors de la publication en lituanien de "L'homme qui a défié Babel", la biographie du Dr Zamenhof dont je suis coauteur. Titre en lituanien : "Zmogus, metes issuki Babeliui" (éd. Mokslo ir enciklopediju leidybos institutas, Vilnius) : http://www.ipernity.com/doc/32119/9574716/in/album/216078

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Sachant que j'avais accès à de nombreuses sources d'information et de documentation ainsi qu'une connaissance supérieure à la moyenne de l'histoire de cette langue, René Centassi, ancien rédacteur en chef de l'AFP, m'avait invité vers 1992 à collaborer avec lui dans la rédaction de cet ouvrage qui est paru en 1995, réédité après sa mort (1998) en 2001, puis coréen en 2005 (avec un bandeau "Livre recommandé à la jeunesse coréenne"), espagnol en 2005, lituanien en 2006, tchèque en 2007. Il m'exprimait sa consternation lorsque je lui montrais certains avis dans le genre de celui exprimé par Jean-Pierre Minaudier, à plus forte raison quand il s'agissait de journalistes ou d'intellectuels.

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Il se trouve que l'information sur l'espéranto vu par Jean-Pierre Minaudier m'a atteint le jour même où un numéro hors-série de la feuille d'information "Espéranto-Vendée" été mis en ligne avec pour thème principal : "La langue cachée à la jeunesse" :
https://esperanto-vendee.fr/images/PDF/EV-HS-fevrier2021.pdf

Il y est question aussi avantages immédiats et durables de l'espéranto précoce — Développement du cerveau — à partir de recherches et constatations faites en Australie.

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EO
La komuna punkto de iuj roluloj, kiuj havas aliron al la amaskomunikiloj, estas fali en groteskecon, kiam temas pri opinio pri Esperanto.
Ĉu ĉi tiuj aŭtoroj pensas, ke ili distingiĝas per disvastigo de antaŭjuĝoj ?
Jean-Pierre Minaudier instruas la estonan en INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales / Nacia Instituto de Orientaj Lingvoj kaj Civilizoj). En sia libro "Poésie du gérondif" (Poezio de gerundio, 2014), li skribis, ke li opinias Esperanton malbelega kaj groteska kaj ke pro tio ke ĝi estas malpli parolata ol la litova aŭ la dana post pli ol jarcenta ekzisto, ĝi komplete kaj definitive maltrafis sian celon... Kiom scienca demonstro !!! Nu, inter la 43 elekteblaj lingvoj de la ĉefpaĝo de Ĉina Radio Internacia aperas Esperanto sed nek la litova nek la dana... : esperanto.cri.cn
Jen la ĉepĝo de la retejo de Ĉina Radio Internacia l 9an de februro 2021 :






FR

Le point commun de certains personnages qui ont accès aux médias est de tomber dans le grotesque dès qu'il s'agit de donner un avis sur l'espéranto.
Ces auteurs pensent-ils se distinguer par le colportage de préjugés ?
Jean-Pierre Minaudier enseigne l'estonien à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Dans son livre "Poésie du gérondif" (2014), il écrit qu'à son avis l'espéranto est “hideux et grotesque“ et qu'“une langue prétendument mondiale moins parlée que le lituanien ou le danois après plus d’un siècle d’existence me semble avoir complètement er sans doute définitivement manqué son objectif“....

Quelle démonstration scientifique ! Eh bien, l'espéranto apparaît parmi les 43 langues de la page d'accueil de Radio Chine Internationale (Ĉina Radio Internacia) : esperanto.cri.cn

Ci-dessus la page d'accueil de Radio Chine Internationale avec le programme en espéranto

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Les gouvernements français ont depuis longtemps regardé l'espéranto avec dédain, voire avec mépris et même hostilité : un ouvrage à paraître s'intitule "La langue dangereuse". C'est ainsi que l'ont jugé les pires régimes du XX siècle.

Le résultat est que l'anglais est devenu la langue de colonisation de la France par le monde anglo-saxon qui soutient un modèle politico-économique sauvage et foncièrement anti-social.

Un autre résultat est qu'aucun français n'apparaît dans le comité de l'IKEF (Internacia Komerca kaj Ekonomia Fakgrupo) qui vise à promouvoir l'espéranto dans le monde de l'économie et du commerce : 3 Chinois, 2 Sud-Coréens, 2 Japonais, 1 Sud-Africain, 1 Sénégalais, 1 Nigérian, 1 Népalais, 1 Mongol, 1 Congolais (Congo Kinshasa), 1 Australien, 1 Argentin...

L'Europe n'est représentée que par un pays : la Belgique par le président d'honneur :

www.ikef.info/membroj

Et ceci alors que la France avait eu l'un des plus brillants promoteurs de cette utilisation en la personne d'André Baudet, Président de l'Assemblée des Présidents des Chambres de Commerce :

archeosf.blogspot.com/2011/12/alain-baudet-le-commerce-dans-cent-ans.html

Voir aussi sa communication présentée le 3 février 1931, voici donc 90 ans :

vortareto.free.fr/argumentaire/commerce/c_index.htm



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Conclusion, Lorsque des personnes qui ont accès aux médias ravalent l'espéranto au niveau du volapük ou du globiche, le qualifient de “langue morte“ alors qu'aucune des personnes qui ont dit ça péremptoirement à travers son histoire de plus de 130 ans ne lui a survécu, affirment que personne ne le parle sans se rendre compte que le contraire est largement démontré sur Internet, il est clair qu'elles ignorent leur ignorance.

Les poids lourds de la tyrannie du XXe siècle ont vu dans l'espéranto une langue dangereuse.

Il le fut aussi pour les usagers dans certains pays.

Et il se trouve des intellectuels pour tenter de faire croire que l'espéranto est un échec.

Et si l'on parlait de l'échec de l'intelligence, de l'information, de l'éducation, de l'enseignement ?

Et du triomphe de la bêtise ?