Instituteur, héros de la Résistance

Alfred Roux Alfred Roux devint instituteur à Grosbreuil puis à Montournais. Il fut actif au sein du Parti communiste à partir de 1934, responsable de la cellule des Sables d'Olonne jusqu'en 1938. Très engagé dans la propagande anti-fasciste, il adhéra à la Libre Pensée en mars 1936 et donna des conférences au groupe local sur les religions. En 1936, il fit connaissance pour la première fois avec Odette Loisit. En mars 1937, ils se rencontrèrent à nouveau à La Chaume. Ils se marièrent en mars 1938. En 1940, lui et Odette furent mutés par punition à l'école d'Aziré-de-Benet, un hameau de la commune de Benet, à l'extrême-Sud-Est de la Vendée, près de la limite du département des Deux-Sèvres, pour avoir participé à une grève le 30 novembre 1938.

En janvier 1941, Odette adhéra au Parti Communiste clandestin et participa, avec Maison d'arrêt (prison). Malliberejo. La Roche-sur-Yon Alfred, à la Résistance contre l'Occupation nazie. Odette donna naissance à une fille, Line, le 8 mai 1942. Alfred et Odette furent arrêtés le 12 mars 1943 à Aziré-près-Benet par la police française au service du régime de Vichy. Alfred fut incarcéré le 13 mars 1943, d'abord à la prison de Fontenay-le-Comte, et ensuite remis le 16 avril 1943 à l'autorité allemande et transféré à la prison de La Roche-sur-Yon (l'actuelle Maison d'arrêt, 20 boulevard d'Angleterre). Là, d'après la Gestapo, il "se suicida“ le 29 juin 1943 (d'après le certificat de décès, mais probablement le 28 (Le site “Les Plaques commémoratives“ indique le 28 juin), après trois jours d'interrogatoire.

La tombe d'Alfred Roux se trouve au cimetière de La Chaume qui a attibué son nom Voies au nom d'Alfred Roux à La Chaume à deux voies : la "Rue Alfred Roux“ et l'“Impasse de la Rue Alfred Roux“. La commune d'Aziré-de-Benet, où lui et Odette furent arrêtés en 1943, lui a rendu hommage par l'attribution de son nom à sa salle des fêtes. Une plaque a été inaugurée dans la commune de Benet le 8 mai 1995 : "Rue Alfred Roux — Assassiné par l'occupant —
le 29 juin 1943"*.

Son nom figure sur la plaque située à gauche du monument aux morts de la Alfred Roux. Monument aux morts de la guerre de 1939-1945 et TOE. Les Sables d'Olonne seconde Guerre mondiale aux Sables d'Olonne. Sa tombe se trouve au cimetière de La Chaume (Conciergerie), rue des fusiliers marins, perpendiculaire à l'extrémité Ouest de la rue Alfred Roux.

Odette poursuivit son combat au sein de la Résistance et, après la Libération, elle fut élue maire des Sables d'Olonne de 1945 à 1947.

Alfred Roux et l'espéranto

Alfred Roux a enseigné l'espéranto aux Sables d'Olonne. C'est ce que confirma un habitant de La Tranche-sur-Mer, André Martineau, en 2003, à l'occasion de la fête des associations de sa commune. Il avait suivi ses cours d'espéranto aux Sables d'Olonne en 1936, à l'âge de 18 ans. Curieusement, rien n'indique qu'Alfred Roux ait participé à l'école espérantiste d'été qui eut lieu de 1932 à 1936 à La Tranche-sur-Mer, qui se trouve à 43 km des Sables d'Olonne. Sa fille Line ne reconnaît pas son visage sur une photo procurée par Serge Marlin de La Tranche-sur-Mer.

Mention est faite de cette "école espérantiste d'été" en page 56 du livre "Autrefois, La Tranche — un village vendéen dans les années trente“, mais il n'y a aucune allusion à Alfred Roux. Il semble pourtant improbable qu'il n'en ait pas eu connaissance et qu'il n'y ait pas eu d'échanges. Les noms qui apparaissent sont ceux de Jeanne Dedieu et celui du maire, Louis Senet attaché aux questions laïques et sympathisant du Front Populaire. Il est question aussi d'un "certain Lambert", président de la section locale de la Libre Pensée.

De même, au vu d'un article publié dans "
Le Travailleur espérantiste" (n° 178), à propos d'un autre enseignant très actif, membre aussi du SNI et du PC, Marcel Boubou (Beaugency, 1892 - Auschwitz-Birkenau, 1942), il serait vraiment curieux qu'Alfred Roux et Marcel Boubou ne se soient pas connus, tant leurs activités pour l'espéranto et leurs orientations politiques étaient proches, voire identiques : “De 1928 à 1933, Marcel Boubou et Honoré Bourguignon initient l’institutionnalisation de l’espéranto dans les techniques Freinet. En plus des cours oraux qu’il organise, Marcel Boubou dirige un cours gratuit, par correspondance, pour de nombreux instituteurs. Il offre même son temps libre pour la tenue de l’école d’été espérantiste, fondée en 1932 sur l’initiative de H. Bourguignon. Pendant plusieurs années, Marcel Boubou en dirige les cours, en particulier à La Tranche-sur-Mer (Vendée - 85)."

Une photo publiée dans le même numéro du "
Travailleur espérantiste" (p. 7) montre Marcel Boubou à La Tranche-sur-Mer en 1937.

Il manque beaucoup d'informations sur la relation d'Alfred Roux avec l'espéranto, par exemple à partir de quand il l'apprit, à partir de quand il l'enseigna, avec qui il eut des relations en Vendée, en France et dans le monde ?

Odette se souvient de peu de choses à ce sujet : elle fit connaissance avec Alfred en 1936, et à partir d'alors leur activité respective fut si diverse et accaparante qu'il ne trouva plus le temps de s'occuper de l'espéranto. Odette reconnaît qu'elle avait les dispositions d'esprit pour l'apprendre, mais les circonstances ne leur laissèrent plus le temps de s'en occuper. Elle ne se souvient que de quelques mots, entre autres "koko" (coq), "
birdo" (oiseau), de la simplicité et de la régularité de sa grammaire. D'après elle, Alfred (Fredo pour elle et leurs amis) eu des échanges en espéranto avec une trentaine de correspondants dans le monde entier.

Aucune trace n'a été trouvée jusqu'à ce jour de conatcts et d'échanges éventuels qu'il aurait pu avoir avec d'autres usagers de l'espéranto actifs comme lui au sein du Parti Communiste clandestin (interdit), ou parmi des sympathisants du mouvement des libre-penseurs, de la pédagogie Freinet et semblables, par exemple Honoré Bourguignon, qui milita aussi au sein du mouvement pédagogique Freinet et qui mourut au camp d'extermination de Dachau le 23 décembre 1944; ou aussi Marcel Boubou, mort à
Auschwitz-Birkenau le 18 septembre 1942 qui, de même qu'Alfred, appartenait au Syndicat National des Instituteurs (SNI) et qui participa à l’École espérantiste d'été organisée à La Tranche-sur-Mer par Honoré Bourguignon. Tous deux furent particulièrement actifs au sein du mouvement pour l'espéranto.

Sources

Voir aussi :
Odette Roux (Wikipédia)
Odette Roux (blog de Henri Masson)