Dans les vallées des Carpates, en automne , l'odeur de tsuica (l'alcool de prune) est omniprésente. Tout le monde a son alambique .À la sortie du village cette odeur se mélange, dans l'air fraiche, à l'odeur enivrante du pain chaud.
Nous sommes arrêtés devant la boulangerie pour acheter une grande roue de ce pain noir délicieux à la croûte irrésistiblement croquante, que nous picorons en roulant vers le haut de la montagne.
C'est une route étroite sans asphalte mais bien connue : les ours y mendient aux touristes. Il y a des affiches: "Attention, n'essayez pas de faire des selfis avec les ours, ce sont les animaux sauvages, danger!"
Soudain, Christian ralentit : " regarde, les voilà !" En effet, il y en a deux, à la lisière, un grand et un petit, maigres, qui nous regardent, et qui font quelques pas en arrière lorsque la voiture s'arrête. Le grand nous tourne le dos, et Christian appelle : "Hei, hei, l'ours!" L'ours se retourne . Christian baisse la vitre pour passer le pain et attend. L'ours approche timidement, très délicatement prend dans son énorme gueule notre énorme pain et se sauve.
Je crois qu'ils ont étés contents, la mère et le petit.
Nous, nous l'avons été, de toute façon.