Quand l'âtre qui s'éteint

Fume au visage de la nuit,

Elle tisonne encore quelques rondins

Noueux comme ses doigts bouffis.

Le coussin s'effiloche sous le chat

Qui s'étire, un instant ronronne

Et langoureusement se rendort.

Elle marmonne doucement par habitude

Des mots sans suite dans sa solitude.

L'ombre avance sur les murs gris

Mangés par du nitre envahissant

Qui effrite la pierre en effaçant

La couleur primaire enfuie.

Dans l'ovale d'un cadre, jauni,

Deux visages contemplent l'infini.

Mais la pendule ancienne

Ajuste son tempo moqueur

A la ronde des heures.

Le fauteuil d'osier gémit

Sous l'écho affaibli

Du poids des ans.

Promis à la rouille du clou,

Un rosaire de nacre,

Un crucifix en bois,

Ont perdu leur patine d'antan.

Son lit n'a plus de ciel,

Ses rêves s'épuisent

A son regard perdu.

La lueur vibrante des flammes

Lui fait une noble auréole

Qui lui baise avec tendresse

Ses beaux cheveux blancs...

©Valériane