Berlin, 14-18 février 2024

Ce voyage, je n'en rêvais pas vraiment, mais il fallait qu'il arrive un jour. Je pars avec deux angles qui m'intéressent : les traces de la partition de la guerre froide et le centre intellectuel incroyable initié autour de l'université Humboldt. Et au fonds, la première immpression, c'est celle d'une ville où tout ressemble à du Lego. Même si la froideur à laquelle je m'attendais est bien là. Mais dans la partie est, ça a un côté désuet qui rappelle un épisode de Derrick.

Les restes d'une exposition universelle des années 1960. Une architecture très "pays de l'est", qui me rappelle un peu l'exposition autour de l'Atomium.

En toute humilité, face à la "colonne de la victoire", Bismarck avec à ses pieds le géant Atlas.

Elle rappelle la victoire sur la France qui permit la proclamation du Second Reich allemand de Guillaume Ier. Mais pour tout cinéphile, c'est un rappel des "Ailes du désir" ("Le ciel au-dessus de Berlin" en allemand), magnifique film de Wim Wenders que je n'ai pas revu depuis quinze ans et qui fait brusquement irruption dans ma mémoire

Je marche 1 km sur une allée reliant la colonne de la victoire à la porte de Brandebourg. Et soudain sur ma droite, deux chars soviétiques encadre ce monument. On est pourtant encore dans Berlin-ouest. Mais à la libération de la ville, les Soviétiques construisirent rapidement ce monument aux milliers d'entre eux morts pour libérer la ville, et même après 1947 des officiels venus du bloc de l'est venaient s'y recueillir.

Face au monuments aux soldats soviétiques, les restes du mouvement de contestation paysan contre le Green New Deal européen.

Derrière se trouve la ParisPlatz, et je ne le savais pas, mais cette place a acueilli deux soulèvements populaires également réprimés : au printemps 1848, et peu après la construction du mur, en 1853. A chaque fois le peuple berlinois a défié ses tyrans. A chaque fois ça a échoué. C'était aussi au-delà de cette porte que commençait Berlin Est.

Je m'y attendais, mais les cours intérieures sont complétement gentrifiées et ça fait peine à voir.

Reconstitution d'une fusée Pershing. Ambiance. Un assez bon musée avec des panneaux tactiles qu'il faut prendre le temps de lire.

Beaucoup de thèmes comme le péril atomique, les services secrets et la conquête spatiale sont abordés. Ce jeu de plateau "Objectif Mars" fait vraiment envie.

Le long de l'allée Unter der Linden se trouve une bibliothèque encore très utilisée vu le nombre d'étudiants que je vois passer (avec un frisson d'envie). Autrefois collection impériale, elle est devenue dès le début du XIXe une bibliothèque publique, avec des fonds d'acquisition visant à en faire un centre du savoir mondial.

Un livre de 1910 pour enfant avec des maquettes dépliables de machines. A noter que cette bibliothèque a subi la guerre froide : une partie des collections a été évacuée avant la partition à Marburg, le reste tombant dans la partie communiste. La réunification a été aussi celle des bibliothèques...

Ce psautier... date du IXe siècle. ça ne parle peut-être pas mais : quand une bibliothèque possède des livres des XVe siècles, elle peut déjà s'estimer heureuse. Les collections sont vraiment très riches, tant en littérature orientale ancienne que pour le yiddish.

L'un des fondateurs de l'étude de l'Antiquité ne pouvait pas ne pas avoir sa statue à l'entrée de ce temple du savoir.

Fondée par les Hohenstaufen, elle a accueilli des esprits comme les frères Humboldt (le linguiste et le voyageur naturaliste), Planck, Einstein et une ribambelle de prix Nobel.

L'ancien bâtiment de la garde princière est devenu au XXe siècle monument aux morts pour la patrie ou contre l'oppression.

Vue suggestive sur la décoration intérieure. Il y avait une loge impériale (balustrade à gauche).

On peut monter sur la coupole et je n'en montrerai pas les panoramas, c'est déjà trop long. Mais je renoue avec mes réflexions sur Wenders. Plusieurs fois dans la journée je me dirai qu'il y a quelque chose dans le ciel de Berlin. Est-ce son passé de ville divisée, les terrifiants bombardements qu'elle a subi, ou juste ce climat de grisaille ? On dirait que quelque chose surplombe la ville, quelque chose que seules les statues regardent en face.