Les uns défendent leurs idées, les autres obéissent

Ah ! C'est toi ! Ta petite phrase a fait son chemin, tel l'effet dominos, dans l'esprit des forces de l'ordre. Au cours de ma carrière j'ai rencontré des policiers qui n'étaient pas des bœufs. Jusqu'à la fin des années 1970 et surtout à partir de 1981, on a cessé de recruter les policiers chez les sympathisants des partis de droite et d'extrême-droite. Les RG notamment (dont les anciens avaient tous été membres du SAC), à force de suivre les occupations d'usines et les grèves finissaient par avoir de l'empathie pour tous ceux qui luttaient pour garder leur boulot. Il en est de même pour les forces du maintien de l'ordre. Ce qui n'empêche pas les débordements et les bavures aujourd'hui encore.
"Quand on nous dit de charger, la doctrine du maintien de l'ordre est de faire place nette en un temps record. Un escadron de CRS ou du groupement d'intervention de la gendarmerie ne sont pas des entreprises autogérées. On nous donne un ordre, on doit l'exécuter. Dans ces conditions on frappe sans discernement. Ce qui est devant doit dégager. Le tout est de ne pas s'acharner sur une personne à terre. Mais quand on s'est fait insulter et qu'on a reçu des projectiles pendant des heures parfois, sans pouvoir bouger, on ronge son frein. Quand on charge on est énervés. Nos chefs le savent et l'opération est d'autant plus efficace quand l'ordre est donné. Si on a parfois la matraque un peu leste, il est trop tard après pour avoir des regrets. Mais c'est comme partout, chez nous aussi il y a des abrutis qui n'attentent que ça pour laisser libre-cours à leur agressivité naturelle".
Ce témoignage est un passage d'une longue interview que j'ai recueillie pour France 3 auprès d'un instructeur lorsque je réalisais un magazine sur l'école de police de Oissel (Seine-Maritime).