Pense-t-on parfois, il le faudrait ! – à toute cette civilisation, maintenant disparue des chemins de fer, ces milliers de kilomètres (dizaines de milliers de kilomètres) de voies de chemin de fer à travers l’Europe pendant un siècle (1880-1980) ces milliers de kilomètres de talus couverts de robiniers, d’autres milliers de coquelicots en fleurs (sans herbicide…), ces kilomètres de couloirs, de trains, où on pouvait fumer, baisser la vitre et regarder au dehors, discuter, ces milliers et ces milliers de compartiments, ces milliers d’enfants qui ont courus d’un bout à l’autre de milliers de wagons, il y avait infiniment plus de liberté à l’époque que dans notre étouffante, dictatoriale et Orwellienne société de flics patronaux et politiquement corrects, ces millions d’heures passées par des femmes à tricoter sur leur sièges, à jouer au cartes, car on avait le goût de vivre à l’époque, à discuter, car on était autrement plus sociables, ce monde immense d’équipements, de cabines d’aiguillage, de gares de triages, de dépots etc, etc, etc, (www.youtube.com/watch?v=xxvX3wX8rdE) tous ces milliers de cheminots toute cette société, toute cette culture, et les luttes politiques que ça suppose, cette classe (et les hommes, leurs vies, personnelles, leurs familles, leurs enfants), les grèves, les drapeaux rouges, les feux, et tous tous les moments de vies de tous ces voyageurs
pendant que peut-être au loin des milliers de gens ont écoutés pendant de milliers d’heures le bruit lointain d’un train qui roule.
Esperante : Ĉu homoj pensas, tamen oni devus ! - al tiu plena civilizo malaperinta de la fervojoj, tiuj miloj da kilometroj (dekmiloj da kilometroj !) de fervojaj reloj tra Eŭropo dum unu jarcento (1880-1980), tiuj miloj da kilometroj da talusoj kovrataj de robinioj, aliaj miloj de papavetoj florantaj (sen herbicido...), tiuj kilometroj da koridoroj, da vagonoj, kie oni povis fumi, mallevigi la fenestron kaj rigardi eksteren, babili, tiuj miloj kaj miloj da kupeoj, tiuj miloj da infanoj, kiuj trakuris de ekstremo al alia en milojn da vagonoj, estis ege pli da libereco dum tiu epoko, ol en nia nuna sufoka, diktatoreca kaj orvela (Orwellian) scio de policistaĉoj entreprenmastraj kaj "politike korekta", tiuj milionoj da horoj pasitaj de virinoj per trikado sur siaj seĝoj, per kartludi, ĉar oni havis frandon pri vivi en tiu epoko, per babili, cxar oni estis senkompare pli sociemaj, tiu mondo vastega da ekipaĵoj, da relkomutil-budoj, da stacidomoj, da klasigad-stacioj, da lokomotivoremizoj, k.a. , k.a.k.a. cxiuj tiuj milegoj da fervojistoj, tiu tuta socio, tiu plena kulturo, kaj la politikaj bataloj, kiujn tion implicas, tiu socia klaso (kaj la unuopuloj, iliaj vivoj personaj, iliaj familioj, iliaj infanoj), la strikoj, la ruĝaj flagoj, la signal faroj, kaj cxiuj la vivmomentoj de ĉiuj tiuj vojaĝantoj.
Dum eble, en la malproksimo, miloj da homoj aŭskultadis dum miloj da horoj, la bruon foran de vagonaro ruliĝanta.
...
Les feuilles
qu'on foule,
Un train qui roule
La vie s'écoule...
C'est-à-dire en insérant un motif moderne dans un poème sur le thème un peu conventionnel de l'automne, Mais voilà que ça s'est écoulé encore plus et que cela ne va plus du tout, en effet.
Et on ne sait pas quoi faire pour ne pas paraître simplement de vieux radoteurs qui regrettent leur jeunesse, alors qu'en fait nous voyons que tant d'équilibres ont été brisés, et que la folie est en passe de tout gagner. Je ne sais pas comment les sages ont réagi à la décadence de l'empire romain. Il faudra que je me replonge là-dedans.
Roland Platteau has replied to François CollardNe critiquez pas les innovations du modernisme : elles deviendront si vite un passé révolu qu’on regrette !
Et en 2001 un "poème en prose" intitulé
1960
Hommes de l’avenir je me souviens de vous !
J’ai grandi à l’époque où roulaient les derniers autocars.
- Ottokar, Kibriz Toul-Bazar - (1)
A l’époque des dernières femmes portant des ballots de loques, (2)
Avant les Nouveaŭ Pauvres,
Avant les vigiles badgés et leurs talkies-walkies,
Avant les TGV et leurs vitres scellées ;
Du temps des derniers trains,
des derniers hôtels (pour toutes les bourses),
Au temps où l’on pouvait encore faire de l’auto-stop
Le long des routes sans ceintures de sécurité, où roulaient De Funès et Sophia Loren.
Du temps où les sex-symbols portaient des foulards sur leurs têtes sans être montrées du doigt !
Au temps si lointain où tout était d'un modernisme outrancier.
Du temps des futurologues et de la science-fiction; quand on croyait en
l'homme et en la science, et qu'on regrettait la disparition
Du monde ancien.
Oui les trains furent autrefois le symbole haï du froid modernisme, vous connaissez certainement, prof de lettres, le poème de Vigny là-dessus (adieu voyages lents) quand disparaissaient les diligences.
Moi aussi je pense que certaines nostalgie ne sont pas que le regret de vieŭ radoteurs, mais la conscience d'évolutions perverses qui sont en train de détruire la société (et la vie des gens);
Et pour ce qui est des trains il y a un roman contemporain dans ce genre-là, que je viens de découvrir "Chemins de Fer " de Benoît Duteurtre.
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