Naomi Kawase filme la nature et les éléments mieux que Terrence Malick. Ses films, présentés à Cannes depuis Suzaku (Caméra d’or 1997), constituent toujours une bulle de zénitude et de poésie dans l’âpreté de la compétition. Il arrive même que certains trouvent leur place au palmarès (Grand Prix 2009 pour La forêt de Mogari). Avec Hanezu, l’esprit des montagnes (Cannes 2011), la réalisatrice japonaise avait pourtant laissé en rade même ses plus fervents défenseurs. Trop de divin tue le divin! On est donc heureux de la retrouver dans une veine moins éthérée avec le magnifique et élégiaque Still the water, qu’elle est allée filmer sur l’ile japonaise d’Amami.
Dans cet endroit paradisiaque, mais toujours sous la menace des typhons, les habitants vivent en harmonie avec la nature. La mort y est accueillie avec la même sérénité que la vie. Que ce soit celle d’un inconnu tatoué retrouvé noyé sur la plage, ou celle de la mère de Kyoko (Jun Yoshinaga, belle comme un cœur), une jeune fille de 16 ans, amoureuse de son ami d’enfance Kaito (Nijiro Murakami), avec lequel elle passe son temps à sillonner l’ile en vélo. Ensemble, ils vont devoir apprendre à accepter, à leur tour, les cycles de la vie, de la mort et de l’amour.
On ne sait si c’est l’échec de son film précèdent, ou les besoins de la coproduction française (Arte), qui ont conduit la réalisatrice japonaise à doter son nouveau film d’un véritable scénario, mais on s’en réjouit. Still The Water est, du coup , son film le plus accessible pour un public occidental. Et il n’en est pas moins beau.Ses images de vagues et de végétation ressemblent à des estampes, celles du typhon n° 25 impressionnent plus que tous les effets spéciaux d’Hollywood et les vues sous-marines du final donnent envie de prendre direct un billet d’avion pour aller nous aussi faire ami-ami à Amami. Si le jury cherche un film « différent » à palmer, celui-ci est, à ce jour, le meilleur candidat.
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