Révélé au grand public par L’Auberge Espagnole et L’Arnacoeur, Romain Duris est entrain de devenir l’un des acteurs français les plus populaires et les plus bankables du cinéma français. Cela ne va pas s’arranger avec Populaire (justement), la comédie vintage de Régis Roinsard, dans laquelle il joue un assureur des années 50 dont l’obsession est de faire gagner à sa secrétaire (Deborah François) le championnat du monde de vitesse dactylographique. Un film qui pourrait être à Romain Duris ce que The Artist a été l’an dernier à Jean Dujardin : celui de la consécration internationale. Cela n’inquiète pas trop cet encore jeune homme (38 ans), vif, passionné et plein d’humour, qui ne pratique pas la langue de bois et gère sa déjà longue et brillante carrière (41 films) loin des remugles de la peopolisation…

C’est le côté Mad Men qui vous a séduit dans Populaire?
J’aime bien la série, mais si cela avait été juste pour profiter du succès et faire un Mad Men à la française je n’y serai certainement pas allé. Ce qui m’a plu dans le scénario c’est le coté sportif. Le mec qui se sent comme un éternel numéro deux et qui prend sa revanche à travers sa secrétaire en la poussant à devenir la meilleure dactylo du monde. Il y avait un aspect décalé à l’affaire qui me plaisait bien. J’avais envie de voir les images des doigts de la fille courant sur le clavier et du mec entrain de la coacher comme un sportif de haut niveau.
Le style des années 50 vous plaît?
Énormément. J’aime presque tout dans le style de cette époque. À part la largeur des pantalons et leur taille super-haute à la Chirac, tout me plaît : les bagnoles, le mobilier, les machines... On s’est un peu fait plaisir sur les tissus des costumes, évidemment, je ne suis pas sur qu’un assureur de province était aussi chic. Mais tant qu’à être dans un film de genre, autant se faire plaisir. J’adore son look.

Vous avez le sens de la compétition comme votre personnage?
Oui, sauf au cinéma où je trouve ça nul. Quand j’étais môme, j’étais champion de ping-pong et au ski j’étais le seul parisien à battre les petits gars de la station. Par contre, au tennis, j’étais moyen et ça me faisait hurler. Je ne voulais pas perdre. Si je perdais, je trichais. Je ne rigolais pas! (rires)
Vous vouliez être un champion?
Non je voulais juste gagner! (rires) Je n’étais pas en quête de popularité. Être populaire c’est bien, mais vouloir l’être à tout prix c’est dangereux. Je suis devenu acteur par hasard, je n’ai pas fait ce métier pour être connu. Pour jouer oui, pour me déguiser aussi, pour retrouver des émotions d’enfant certainement, mais pas pour être célèbre. Le Péril jeune c’était qu’un petit film pour la télé. Même L’Auberge Espagnole, c’était un petit truc tranquille au départ. Ca a cartonné par hasard. Tout d’un coup, je me suis mis à recevoir tous les scénarios…

Comment vivez-vous votre succès?
J’en profite pour bouffer les projets. Puisque je peux aider à ce que certains films se fassent, je ne m’en prive pas. A contrario, je ne me sens pas irremplaçable. Si je dis non, je me dis qu’ils trouveront quelqu’un d’autre. On n’est quand même pas que 5 acteurs en France. Il y a d’autres manières de financer des films que sur le nom d’un acteur heureusement. Je sais aussi que le succès n’est pas forcément synonyme de talent. J’ai plein de copains qui en ont beaucoup mais qui ne travaillent pas. Je mesure d’autant mieux la chance que j’ai.
Si ça s’arrêtait qu’est ce que vous feriez?
Je peindrais probablement. C’est ce que j’ai toujours voulu faire avant le cinéma. Je pratique un peu, comme un peintre du dimanche, mais ça m’emmerde : c’est pas ça le truc, c’est pas comme ça que ça vibre. Il faut s’immerger complètement dedans. Mais est ce que c’est possible si on ne doit pas gagner sa vie avec?
Quel effet ça vous a fait de retrouver Cédric Klapish et toute l’équipe des Poupées Russes dans Casse-tête Chinois?
On a fini la partie New Yorkaise du film pendant l’ouragan Sandy, c’était chaud. C’est un tournage riche de tout ce qui a déjà été vécu entre nous évidemment. On retrouve des personnages qu’on peut pas jouer juste avec de la technique. Il faut les reprendre par le cœur.
Comment s’est passé le tournage de l’écume des jours avec Michel Gondry?
C’était complètement dingue! Ce mec est encore plus créatif que Boris Vian si ça se trouve! Il a une idée a la minute. Je sais pas du tout la gueule que ça va avoir, mais j’ai hyper hâte de voir le film. Soit ça va être too much, soit ce sera génial.
Hollywood vous tente?
Pourquoi pas? Si ce n’est pas juste pour faire le français moyen ou le méchant, je suis ouvert. Mais ne pas jouer dans sa langue natale, c’est pas évident. Je ne suis pas aussi à l’aise en anglais que Juliette Binoche. Il faudrait que je travaille…
C’est ce que vous allez faire?
Non je crois que je vais plutôt faire une bonne pause, là! (rires) Vivre un peu, me retrouver. C’est important de couper de temps en temps. Mais pas trop longtemps…