Eddy Michell ne serait certes pas le premier, ni probablement le dernier (suivez mon regard) à nous faire le coup des "premiers adieux". Mais connaissant un peu le bonhomme, j'aurais plutôt tendance à le croire lorsqu'il assure que cette tournée est bien sa dernière. Cela suffirait sans doute à assurer son succès mais, pour l'avoir vu à l'Olympia, je peux attester que ce tour de chant est l'un des meilleurs qu'ait produit Eddy Mitchell depuis longtemps et qu'il y est au sommet de sa forme et de son talent de chanteur et de performer. Deux heures durant , M. Eddy, trés élégant en costume de mariage mexicain, y parcourt le meilleur de son répertoire, d'abord en formation rock puis avec un big band de 17 musiciens, dont douze cuivres en veste rouge, qui tirent la fin du concert vers le jazz et le Music Hall. Pas de grand tralala, ni de décors sophistiqués pour ces adieux : juste Eddy, ses meilleures chansons et d'excellents musiciens. De quoi laisser au public qui le suit depuis un demi siècle le meilleur des souvenirs.
C'est dans sa loge de l'Olympia, quelques minutes avant le lever de rideau, que M. Eddy m' a reçu pour parler de ses adieux...
Alors c'est décidé, vous nous quittez?
Oui. Je ne dis pas que je ne referai jamais de scene, mais cinquante ans sur les routes, c'est bon, ça suffit. Je tourne en moyenne tous les 4 ans. Ça signifie qu'à la fin de cette tournée je serai dans ma soixante dixième année. Je n'ai pas envie de me retrouver sur la route la prochaine fois à 74 ans.
Votre ami Johnny nous avait dit exactement la même chose...
Mais, il n'a pas fini sa tournée d'adieux. Je comprend qu'il n'ait pas envie de rester sur une fausse sortie.
Votre nouvel album s'intitule Come Back , c'est ironique?
Forcement un peu, puisqu'il sort avant ma tournée d' adieux. Mais il n'a pas été écrit dans cette perspective. En fait, la moitié des chansons datent de Grand écran qui avait eu une gestation un peu difficile à cause des questions de droits. Ça nous a laissé beaucoup de temps et j'en ai profite pour écrire des chansons avec mon complice de toujours, Pierre Pappadiamandis. On les a enregistrées, puis reprises il y a un an et demi. Ça m'a donné un recul différent de d'habitude ou on écrit, on enregistre et on sort l'album dans la foulée. La il s'est passe beaucoup de temps entre chaque étape. Du coup, j'ai pu modifier de trucs, en ajouter d'autres. C'est la première fois que ça m'arrivait et ça donne forcément une tonalité différente à l'album. Sinon, ça reste des chansons comme les autres. Je n'allais pas m'écrire 12 textes d'adieux, c'aurait été un peu funèbre...
Y a -t-il une émotion particulière à visiter pour la dernière fois toutes les salles qui vous ont si souvent accueilli?
L'émotion vient surtout du fait que ça se passe si merveilleusement avec les musiciens et avec le public. J'ai conçu ce tour de chant spécialement pour le public qui me suit depuis toutes ces années. Les nouveaux arrangements des chansons sont formidables, le public a l'air ravi. Tout baigne . C'est un grand moment de bonheur partagé.
Vous n'aviez pas envie de quelque chose de plus grandiose, genre Stade de France?
Non, le gigantisme ce n'est pas mon truc du tout. Même pour des adieux. Y participer avec un ami, ça ne me dérange pas, mais pour faire un spectacle dans ce genre d'endroit, il faut au moins un hélicoptère, des tanks et des éléphants bleus. Ca va, je ne suis pas Barnum. Je ne saurai pas le faire. Le seul "grand" spectacle que j'ai fait, avec Jerome Savary, je passais plus de temps le dos au public a regarder ce qui se passait qu'à chanter. J'étais spectateur de mon propre show. Avouez que ce n'est pas mon rôle.
Et si c'était à refaire?
Au jour d'aujourd'hui, ce serait impossible de faire le même parcours. Quand j'ai debuté, ce n'etait pas forcement plus facile qu'aujourd'hui de percer, mais si une maison de disques vous faisait confiance, elle insistait. Aujourd'hui si le premier disque se plante c'est fini.
Prêt pour la retraite, alors?
Pas vraiment non. Ce n'est pas parçe que j'arrête les tournées que je ne vais pus rien faire. J'ai encore du boulot: les disques bien sur, le cinema sûrement, et la télévision. J'ai une boite de production avec mon ami Gerard Jourd'hui dont je ne me suis las beaucoup occupé jusqu'ici. Ça va me laisser le temps de le faire.
On vous reverra dans La dernière séance?
Non, ça appartient a une époque. C'était formidable, on s'est bien marré, mais aujourd'hui les films qu'on passait sont sur toutes les chaines du Cable. Moi ce qui m'intéressait, c'était de faire connaitre tous ces films que j'aimais tant et qu'on ne voyait plus nulle part.
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