Vendredi après-midi pendant la scolaire il y aura plusieurs coupures d'électricité. Nous sommes en classe mais j'avoue que nous tendons tous l'oreille, aux aguets. La panne dure un peu, j'essaie de me remémorer l'ordre des numéros (car on les entend qui continuent sans lumière et sans la sono, bien entendu ! ) pour savoir ce qu'ils pourront faire ainsi. Je crois que ce moment est surtout terrible pour Gino, qui est le seul à pouvoir balancer un peu de son, entre l'accordéon et la trompette !
Maurice m'expliquera après coup une anecdote assez drôle au sujet de ces coupures. Comme l'électricité a sauté deux fois, il a une super idée : il va intervertir, le temps du spectacle, la prise d'alimentation du chapiteau et celle du campement (caravanes etc, donc). Il part à toute vitesse pendant que les artistes continuent avec les moyens du bord, fait son échange, et là... ça re-saute ! Il fait le tour du chapiteau pour essayer de comprendre... et voit Yann, qui avait eu exactement la même idée, et qui était allé faire la même chose, en même temps (mais à un autre endroit), ce qui fait que le branchement du chapiteau était toujours sur la même arrivée !
Une fois le courant revenu dans le chapiteau, ça ira beaucoup mieux... pour eux ! Eh oui, car de notre côté, forcément, plus d'électricité ! Le babyphone qui me permet d'entendre Marius ne fonctionne plus (la base est branchée sur l'électricité) et se met à faire "bip-bip-bip", je l'éteins donc en me disant qu'il n'y a aucune raison pour qu'il y ait un problème LE jour où je ne peux pas l'entendre. Et puis leur caravane est juste en face de nous... J'enverrai quand même Léon vérifier qu'il dort toujours deux ou trois fois, juste au cas où... C'est d'ailleurs Léon qui sera le plus lésé dans cette histoire de coupure de courant. En effet quand c'est arrivé il venait juste de se mettre sur l'ordinateur pour faire un exercice interactif (qui est quand même LA carotte pour les faire bosser : "quand tu auras terminé ça tu pourras faire un exercice interactif"!). Comble de malchance pour lui, j'avais oublié de rebrancher mon ordinateur ce midi, ce qui fait qu'il n'a presque plus de batterie... du coup, au bout de cinq minutes de coupure, il s'éteint, et Léon devra retourner à ses exercices sur cahier !
Après l'école j'avais prévu d'aller faire des courses pour ce week-end : j'ai en effet décidé de préparer un petit dîner d'au-revoir pour tous les Morallès dimanche soir. Au menu : lasagnes ! C'est ce qui m'a semblé le mieux dans le rapport qualité/temps/savoir-faire/pratique. Je ne pensais pas y aller seule car d'autres avaient aussi besoin de faire des courses, mais ils sont tous en réunion et je vois en allant y jeter un coup d'oeil que ça risque de durer. Bon... Je sais où se situe le grand supermarché le plus proche... Ce n'est pas compliqué, ce sont des grandes rues bien larges pour y accéder... Allez hop, soyons fous, je vais prendre le bus de Mamie. Toute seule ? Toute seule. Sans avoir repéré le chemin ? Tout à fait. Waouh, quelle folie ce soir ! xD
Me voici donc partie, pas super tranquille non plus mais quand même confiante. Premier rond-point : un petit trottoir. Même pas mortifiée. Je fais ce que je peux ! C'est arrivée au supermarché que commenceront les vraies sueurs froides. Déjà le grand parking est limité à deux mètres en hauteur, ce qui restreint quelque peu les possibilités pour se garer ! Je repère, dans les quelques places à ciel ouvert, deux places libres. J'entreprends donc de m'y mettre, en avançant au maximum le nez du bus. "Bon, si ça dépasse de cinquante centimètres ce n'est peut-être pas dramatique", me dis-je... Je descends, vais voir à l'arrière ce que ça donne, et là... "Ah euh... oui, bon, peut-être qu'un mètre cinquante c'est un peu exagéré, quand même !" Je remonte donc dans le bus, et là... il faut faire une manoeuvre pour ressortir, forcément ! Mis à part le fait que je perds deux litres d'eau et que je me parle tout haut pour m'encourager ("Allez, vas-y, tranquille, on s'en fout des gens qui attendent, fais trente-six manoeuvres si tu veux mais tranquille, ne fais pas de connerie en voulant aller trop vite, ouais, tu t'en sors comme un chef !")... tout va bien ! Je ressors du parking pour revenir de l'autre côté (on ne peut entrer ou sortir que d'un côté), car j'avais repéré tout à l'heure plusieurs places vides (mais le temps que l'information arrive à mon cerveau j'avais déjà dépassé l'endroit pour tourner). J'hésiterai environ une seconde et demie ("Les Morallès ils se gareraient mieux que ça..."), et puis... "Et puis zut !". Il y a plein de place partout dans le parking couvert, je suis sûre que si je me gare comme un cochon sur quatre places ici ça ne lèsera personne.

Et voilà le travail ! Pas très orthodoxe, mais ça marche ! xD
En rentrant au campement après les courses, emportée par la joie d'avoir réussi ce défi, j'aurai même l'idée de me garer en marche arrière, pour que le suivant soit bien placé pour repartir... mais ça restera au stade de l'idée ! "Non non non, me dis-je, le mieux est l'ennemi du bien, tu le remets comme tu l'as trouvé, et le prochain fera une petite marche arrière pour ressortir". Grand bien me prend de ne pas me laisser embarquer dans une manoeuvre : à peine suis-je sortie du bus que j'entends des applaudissements...Ce sont Didier et Jean, à la fenêtre du Théâtre où un pot était offert, qui guettaient mon arrivée et m'ont regardée me garer. Ouf, l'honneur est sauf !
Samedi la journée se passe tranquillement, je fais pas mal de rangement et de ménage histoire de rendre le camion bien propre et je mets au point le programme de lundi (dernier jour d'école de la tournée, de l'année, et... de moi chez les Morallès !). Il fait plutôt beau et je décide, en fin d'après-midi, d'aller faire un petit tour dans Abbeville : je n'ai visité ni Gauchy ni Montataire, il faut quand même que je vois un peu de la Picardie !
Me voici donc partie comme j'aime le faire, au hasard des rues. Je passe tout d'abord devant le Théâtre, dont je vous laisse admirer quelques détails :



Un peu plus loin, j'avais déjà remarqué cette maison, qui est quand même assez... énorme ! Je me demande bien qui peut habiter là-dedans...

Celle-ci est un peu plus modeste, et son nom me fait sourire :


Mes pas me mènent ensuite dans une petite église. J'hésite un peu car j'ai plutôt envie de profiter du soleil, mais je me dis que j'y ferai juste un petit tour pour voir. Le "petit tour" durera finalement un certain temps, car je me fais kidnapper par une dame qui la fait visiter et tient absolument à m'expliquer la signification des vitraux (que je trouvais plutôt... bof, à la base !). Lorsque j'entre elle dit à un monsieur qui est là : "Je termine avec ces deux personnes et je suis à vous!" ; mais il part entre deux et elle vient donc me voir :
- Alors, je suis à vous pour la visite, si vous voulez !
- Ah euh... Merci mais je voulais juste faire un petit tour, en fait...
- Oui oui, je comprends, mais c'est quand même mieux d'avoir un éclairage sur la signification des vitraux.
- ...
- Alors, ça commence par ici, venez !

Bon bin... d'accord, alors ! xD
Ceci dit je ne regrette pas : c'était finalement assez intéressant, même si pour certains épisodes de la vie du Christ je m'aperçois que j'ai quelques lacunes... Je me contenterai d'opiner du chef lorsque mon guide m'en parle comme s'il s'agissait de choses évidentes et connues par tous !
L'église Saint Sépulcre ( note : Saint Sépulcre = tombeau du Christ) verrait son origine dans une réunion des Croisés, qui aurait eu lieu à cet endroit à la fin du 11ème siècle. C'est pour cette raison que l'on peut voir un croisé à l'extérieur de l'église :


Suite à un bombardement lors de la seconde guerre mondiale, une partie de la voute sera détruite. Dans les années 70, on la reconstruira, en bois :

Mais c'est donc surtout des vitraux qu'a envie de me parler mon guide : ils ont été réalisés par Alfred Manessier, qui a grandi dans la région et avait gardé un mauvais souvenir du lieu. En effet, lorsqu'il avait douze ans, il passait souvent devant cette église pour aller voir sa mère, alors gravement malade et hospitalisée. Cette scène de la mise au tombeau du Christ aurait notamment eu un grand impact sur son imaginaire d'enfant :



Un détail que je trouve intéressant : le Christ gisant date de... je ne sais plus quand en fait, j'ai oublié ! Mais disons, en gros, du 15ème ou 16ème siècle, tandis que le reste de la scène a été ajouté au... 18ème ou 19ème siècle. (je sais, je ne ferais pas un très bon guide touristique avec mes approximations !) On s'en est notamment aperçu car le Christ est en bois (on peut le voir sur le détail du genou, sur la photo suivante), tandis que les autres personnages sont en pierre.

Or donc, Alfred Manessier a été contacté par l'Inspecteur Général des Monuments Historiques en 1982 pour créer de nouveaux vitraux : le projet sera achevé en 1993. Et figurez-vous que ces vitraux, un peu bizarres, auxquels on accroche... ou pas... eh bien ils racontent tout une histoire, plus précisément celle des derniers jours du Christ. Bon alors c'est là que j'étais quelque peu larguée par moments... De toute façon je ne vous refais pas tout le topo, mais voici en gros ce que j'ai retenu :
D'abord les blés (effectivement on peut voir un mouvement ondulant) :

L'Annonce de la Pentecôte (révisons un peu : Pentecôte = venue de l'Esprit Saint sur les apôtres)(sauf que du coup c'est censé arriver après la mort de Jésus donc chronologiquement je ne comprends pas trop!) :

La Vigne (d'où les couleurs dans des tons rouges, bordeaux, violets...) :

Gethsémani (qui est une oliveraie dans laquelle Jésus aurait prié avec ses apôtres) :

Le chant du coq ou le Reniement de Pierre (celui-là je l'ai trouvé chouette, avec les couleurs pastels de l'aube et la crête rouge du coq qui ressort tout en haut) :

L'Ombre de la Croix (celui-là aussi il me plaisait bien) :

Marie au pied de la Croix (on peut deviner quatre silhouettes en bas, et même une autre tout en haut que je viens juste de voir, en regardant la photo) :

Le Sang et l'Eau :

Le Chaos juste après la mort de Jésus :

Le Crépuscule (celui-ci n'est pas mal non plus, j'aime bien l'effet de la nuit qui tombe sur le soleil jetant ses derniers feux):

Autour de la scène de la mise au tombeau de Jésus dont je vous parlais tout à l'heure, voici deux vitraux qui sortent un peu du contexte. Il semblerait que l'artiste ait voulu représenter la Baie de Somme, qu'il aimait beaucoup peindre à ses débuts. Ainsi, sur le premier, vous pourrez peut-être voir des galets (bon moi honnêtement je les ai moyennement vus, mais comme la dame m'a dit "Là c'est assez clair, on voit bien les galets", je n'ai pas osé dire que je ne les voyais pas !) :

Sur le second (et là c'est nettement plus clair, je trouve), un... canard ! On voit bien son corps dans les deux parties inférieures (queue à gauche, poitrail à droite), et sa tête au milieu à droite (n'hésitez pas à cliquer sur la photo pour l'agrandir) :

Mais revenons à nos moutons, avec le vitrail suivant, intitulé La Grande Nuit du Samedi Saint (nuit que les apôtres passent à prier en attendant la résurrection de Jésus), où les couleurs installent bien l'atmosphère :

Le Tombeau vide ou l'Annonce de la Résurrection, avec un mouvement ascendant qui mène vers la clarté :

Et enfin un ensemble intitulé La Joie de Pâques ou l'Annonce de la Résurrection, qui là aussi présente un mouvement ascendant, avec des couleurs vives signifiant la joie :

Pour conclure : même si je ne suis pas convaincue par tous les vitraux, je dois bien admettre qu'ils ont beaucoup plus de sens avec ces explications ! Donc je n'en veux pas trop à mon guide de sa "prise en otage" car finalement c'était quand même assez intéressant ! Quelques photos supplémentaires prises dans l'église :







Je ressors de l'église sous un grand soleil et poursuis mon chemin, en passant devant ce grand bâtiment qui n'est autre qu'une... école !


Je passe ensuite par un parc très joli, qui me fera du bien au moral ! Les fleurs, leurs couleurs, leurs odeurs... leurs odeurs ?... Ah mais oui, c'est donc ça le truc bizarre ! Mon odorat s'est réveillé, je suis guérie, youpi !




Pour fêter ça : une petite devinette. A votre avis, à quoi ai-je pensé en voyant cette grille ?! xD

Un peu plus loin, je passe devant ce mur que je baptiserai "Le mur de l'amour". De la plus simple à la plus travaillée, il y en a des déclarations !









Ce parc est appelé "Le jardin d'Emonville", du nom de son premier acquéreur, Arthur Foucques d'Emonville, qui était botaniste et collectionneur de camélias, ce qui explique les espèces rares et variées que l'on trouve ici.
Je ressors et continue ma balade dans la ville, en passant notamment devant les anciens Bains-douches :




Quelques maisons et détails qui attirent mon oeil :






Et... une autre église ! Non non, rassurez-vous, je ne rentrerai pas dans celle-ci ! D'ailleurs même si j'avais voulu je n'aurais pas pu : elle semble abandonnée et la nature reprend ses droits, avec la végétation qui pousse dessus et des pigeons qui y ont fait leur maison :







Je prends le chemin du retour car c'est bientôt l'heure de récupérer Marius. Les enfants d'Abbeville aussi semblent heureux des quelques rayons de soleil auxquels nous avons droit !

Bon, d'accord, le thermomètre de la pharmacie est en plein soleil, mais 23°C, quand même ! On peut même enlever les pulls, vous ne vous rendez pas compte !

Une autre chose qui m'aura marquée durant cette promenade dans Abbeville, ce sont les odeurs de cuisine... Je ne sais pas si c'est mon odorat retrouvé ou si tous les habitants se sont mis aux fourneaux, mais de délicieux fumets assaillent mes narines de tous côtés... (oui, moi je fonctionne comme les bébés : si je ne mange plus c'est que c'est vraiment grave, et quand l'appétit revient c'est que je suis guérie!)
Un peu plus loin, le fameux canard de la Baie de Somme :

Puis une drôle de "porte" à l'allure étrange... on ne sait pas trop ce qu'elle fait là toute seule !

Comme vous pourrez le remarquer, un nuage bien menaçant arrive derrière... ce qui se confirme en arrivant au chapiteau !


Je passe chez Didier et Hélène pour Marius, et en entrant :

Je crois qu'il y a quelques enfants dans cette caravane, non ?!
J'emmène donc Marius au camion, je remarque au passage qu'il sait de plus en plus jouer tout seul, ce qui est assez agréable. En ce moment il s'éclate bien avec les légos (et, heureusement pour ma tranquillité d'esprit, il ne les met jamais dans sa bouche!). Du coup je peux maintenant le garder ET faire la vaisselle, ou n'importe quoi qui ne demande pas de grosse concentration. Bon travailler par exemple ce n'est pas possible... mais lire les mails des profs et leur répondre, ça va ! (sauf qu'il est très intéressé par l'ordinateur donc après il veut souvent me le piquer!)



Et puis du coup je retrouve souvent des jouets que je n'avais pas vus au moment de lui faire ranger son bazar, et c'est très mignon d'imaginer les histoires qu'il a pu se raconter avec !


Tiens d'ailleurs dans la série "jeux retrouvés" j'en profite pour vous montrer cette photo prise il y a deux jours : d'après ce que j'en ai compris c'est Hubert qui a fait le cercle de cailloux, et Léon qui a ajouté le nez !

Ce soir je n'emmène pas Marius voir le spectacle, Hélène m'a dit qu'il avait fait une toute petite sieste et qu'il serait sans doute fatigué. Il est un peu plus de 20h quand je l'emmène dans sa caravane pour le changer. Oh la jolie couche bien pleine ! (vous savez, le genre de couche qu'on n'a qu'une fois de temps en temps et qui donne envie de dire "Oh mon Dieu..." en l'ouvrant!...)
Bref, je suis donc en plein dans mon affaire quand Hélène arrive : elle a oublié je ne sais plus trop quoi pour le spectacle (l'accueil commence dans cinq minutes). Pendant qu'elle cherche nous discutons, je suis donc beaucoup moins concentrée sur la couche, et là... c'est le drame. xD
Qui c'est qui s'est pris la couche pleine de caca tout mou sur son joli petit haut tout propre de l'après-midiiii ?... C'est Céliiiine ! Ah bin oui, hein, faut faire attention à ce qu'on fait, aussi... surtout quand on change une couche !
Je mets ensuite Marius en pyjama, en lui expliquant bien qu'on profite du changement de la couche mais que pas de souci, après on retourne au camion. (quand il était un peu plus petit et que je le mettais en pyjama comme ça il braillait parce qu'il croyait que je voulais le mettre au lit!)
Je le reprends donc dans mes bras, il me demande de l'eau, boit un coup, puis me dit :
- Dodo?
- Non non, ne t'en fais pas, je t'ai dit que tu pouvais jouer encore un peu, ce n'est pas l'heure.
- Dodo !
(en me montrant son lit)
- Mais... c'est que tu veux aller dormir ?
- (Il opine du chef) Dodo.
- Mais il est tôt, là, Marius, je ne vais pas te mettre au lit maintenant, tu peux jouer encore un peu.
- Dodododododododo...

Bon... En principe c'est plutôt vers 20h45/21h, mais ma foi... sa demande est assez claire ! Un câlin et au lit !
Du coup je suis contente, je vais pouvoir aller voir le spectacle dès le début ! D'autant plus que c'est le dernier spectacle pour moi... (même si je pense que je le reverrai un jour, et sans doute de façon plus cool car sans être debout dans l'entrée avec le babyphone !)
Après le spectacle nous restons assez longtemps sous le chapiteau (Bernard n'était pas du tout décidé à aller dormir!), et ensuite je mets un point d'honneur à terminer une page de blog à laquelle il ne manquait pas grand-chose (et puis j'en suis encore à raconter Gauchy, il est temps de mettre le turbo!). Du coup, couchée à deux heures et demie... Demain la journée risque d'être longue... Heureusement c'est dimanche !