Il y a des matins, comme ça... Comment dire... Difficiles...
Le départ est prévu à 7h30, ce qui mine de rien est assez tôt, surtout par rapport aux dernières tournées ! Je ne suis pas très réveillée et les complications commencent vite : je vais aux toilettes (vous saurez tout décidément!), et en me relevant je donne un coup de coude dans la mini poubelle qui est posée en hauteur et dans laquelle on met le papier toilettes (oui, pour ceux qui ne le savent pas encore, on ne met pas le papier dans les toilettes chimiques). Or donc, coup de coude, déséquilibre de la poubelle, qui chute... dans la cuvette des toilettes, bien entendu. Non vidée, évidemment... Je n'aime décidément pas le matin, mais celui-ci s'annonce particulièrement laborieux !

Malgré le temps perdu à extraire et nettoyer la poubelle, je suis bien à l'heure, et décide donc de débrancher l'eau et le courant toute seule comme une grande. Pour l'électricité aucun souci (il faut quand même que je sois capable de faire un truc), en revanche pour l'eau... C'est un autre problème... Maurice passe, je lui dis bonjour, puis je prends le tuyau raccordé au camion. J'observe l'adaptateur avec écrit "stop" dessus, je commence à tirer... Visualisez bien la scène pour en saisir tout le jus, je vous prie : dans la main gauche, le long tuyau jaune, dans la main droite le petit tuyau de raccordement bleu, tout ceci à la verticale puisque je m'applique et regarde bien ce que je fais. Mais là, au lieu de séparer les deux tuyaux comme tout le monde sait le faire... je ne sais pas ce qui se passe...

Le tuyau bleu de raccordement au camion se casse, l'eau jaillit, et comme mon visage est juste au-dessus je prends une douche. Véridique. Demandez à Maurice, je n'invente rien : tout comme dans les films, le jet d'eau en pleine tête ! Je dégouline, Maurice est mort de rire, Didier arrive à ce moment-là. Je suis partagée entre le comique de la situation et le désespoir de ne pas savoir faire comme les autres. Pouvez-vous me dire POURQUOI tout a l'air simple et évident quand ce sont les autres, et pourquoi ça tourne à la catastrophe une fois sur deux quand c'est moi ? Kharma pourri ?...
Je regarde Didier et Maurice, trempée, le tuyau à la main et leur dis "C'est fou, parce que j'essaie, vraiment, je vous jure ! J'essaie réellement d'être plus dégourdie ! Mais quoi que je fasse..." Ils tentent de me rassurer en me disant "Oh, tu sais, à nous aussi ça nous arrive encore de temps en temps de prendre de l'eau dans la tête". Mouais... Je les soupçonne de vouloir me consoler, parce que je ne les ai jamais vus faire ce genre de choses... Je file dans le camion pour m'éponger un peu : ah maintenant c'est sûr, je suis réveillée ! Rien de tel qu'une bonne douche froide ! ;-)
Pour changer un peu, je ne monte pas avec Sylvie mais avec Johanna et Bastian. La matinée se passe tranquillement, je dors à moitié. L'après-midi sera nettement moins tranquille... Peu après que nous ayons repris la route, nous entendons Bernard dans le CB "Sylvie, ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu t'es endormie ?" Tout le monde ralentit, warning. Un pneu du camion de Sylvie a éclaté, nous n'avons rien vu car nous roulions en fin de convoi mais apparemment elle a un peu perdu le contrôle et traversé les voies. Pas de mal (en dehors du pneu!) pour le camion mais la caravane a pas mal zigzagué et tapé contre la rambarde de sécurité. Des gens en voiture, qui étaient en train de la doubler, en sont quittes pour quelques traces sur leur voiture et surtout une bonne grosse frayeur...

Tout ce petit monde s'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence. Impossible de changer la roue ici : c'est la roue avant gauche (donc côté route), ce serait trop dangereux. Pas question non plus de continuer à rouler comme ça avait été le cas pour Didier sur la route de Hollande. Pour lui c'était un pneu arrière, avec le double essieu ça permettait de continuer à rouler un peu avec une roue sur deux, là il n'y en a pas d'autre (vous avez vu ça j'apprends des trucs de mécanique en même temps, maintenant je sais ce que c'est qu'un "double essieu"!). Rester là à quinze sur la bande d'arrêt d'urgence ne sert pas à grand-chose et est surtout un peu dangereux. Nous repartons donc, laissant là Sylvie avec son camion et la caravane, et Bernard avec l'autre camion et la remorque du chapiteau. Nous nous arrêtons sur l'aire d'autoroute suivante, et attendons des nouvelles. La gendarmerie mettra près d'une heure à arriver sur les lieux... Pendant ce temps-là nous papotons. Maurice, Bastian et Patrick se racontent leurs galères de route : beaucoup de pneus éclatés, mais aussi flèche de caravane cassée, ou même freins qui lâchent... Rassurant !
Nous finissons par repartir sans les attendre. Nous préférons rester positifs et ne pas songer à ce qui aurait pu arriver : tout le monde va bien (en dehors du pneu!) et c'est bien là le principal.
La route reprend, avec son lot de nouveautés. Nous observerons sur une assez longue distance des formes géométriques un peu étranges sur le bord de la route : disques, carrés, sphères, cubes, pyramides, et quelques totems s'étalent sur plusieurs kilomètres, mais rien qui indique la raison de leur présence. Nous en concluons que ça doit être de l'art...







Aux grands champs de blé et de colza succèdent des forêts de résineux : nous entrons en Lorraine ! Comme toujours la fin de la route semble s'éterniser : nous retrouvons Carole, Gino et leurs enfants peu avant Metz, nous sommes pressés d'arriver !


Comme d'habitude aussi, l'arrivée s'étire en longueur. Il faut dire que l'accès au terrain n'est vraiment pas aisé : un virage à droite au milieu duquel il faut entrer sur le terrain qui se situe sur la gauche (l'entrée est juste derrière l'arbre, sur la première photo), avec une petite pente juste à l'entrée... Un vrai bonheur pour les manoeuvres : après avoir un peu retaillé une haie avec le camion de Carole, nous arrivons enfin à installer les convois.


Patrick, au passage, réduira à néant une poubelle qu'il n'avait pas vue : forcément, poids-lourd contre poubelle, on sait tout de suite qui gagne ! Comme vous pourrez le voir sur les photos suivantes, le bloc de béton sur lequel elle était fixée est intact (il était enterré), mais il ne reste que le socle et un morceau de métal de cette pauvre poubelle...


Le temps de brancher l'électricité et l'eau (Didier réparera au passage mes bêtises du matin en rebricolant le tuyau d'arrivée d'eau que j'ai cassé!), et il est neuf heures et demie. Nous allons vite manger un morceau : heureusement ici nous sommes nourris, c'est ça de moins à s'occuper ! La cuisinière a préparé une délicieuse soupe Pho, avec les morceaux de boeuf très fins cuits dans le bon bouillon épicé : un régal ! Nous ne tardons pas et chacun rentre chez soi pour se reposer un peu de cette journée éprouvante. Seul Bernard n'est pas encore là : il est juste venu déposer le convoi et est reparti à l'hôpital. Il s'était fêlé le ménisque il y a peu, et comme il n'a pas économisé les allers-retours sur la bande d'arrêt d'urgence il s'est refait mal... Pour ma part je me remets un peu au travail car je n'avais pas eu le temps de préparer la journée de demain pour Augustin : j'irai finalement me coucher peu après minuit. Je ne mettrai pas longtemps à m'endormir !