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Perce-neiges

Perce-neiges
(Dans la collection de contes et légendes du monde entier collectés par les éditions Gründ, il y a un volume consacré exclusivement aux fleurs qui s'intitule en français Les plus belles légendes de fleurs (1992 tant pour l'édition originale que pour l'édition française). Le texte original est de Vratislav St'ovicek et l'adaptation française de Dagmar Doppia. Il est conçu comme une réunion de fleurs qui se racontent les unes après les autres leur histoire ; le Perce-Neige raconte la sienne dans un conte venu de Pologne et intitulé tout naturellement "Nivéole" :

"Tu pleures ? " demanda la reine en se penchant sur la petite Perce-Neige.

- Non, mais je suis au bord des larmes, répondit la jolie fillette.

- Et pourquoi es-tu au bord des larmes ? insista la Rose.

- Parce que je suis triste.

- Et, pourquoi es-tu triste ?

- Parce que j'ai des contrariétés, répondit Perce-Neige. La Rose soupira :

- Sais-tu ? Raconte-nous plutôt un joli conte enneigé? " Perce-neige ne se fit pas prier.


Il était une fois une petite fille qu'on surnommait Nivéole, car elle portait toujours un tablier blanc et des sabots blancs. Ses cheveux aussi étaient tout blancs et doux comme des aigrettes de pissenlit. Les parents de Nivéole étant morts depuis longtemps, une fermière avare la recueillit chez elle. La femme cupide se frottait les mains, ravie de sa chance :

" J'aurai une fille de ferme bien dégourdie pour rien ! A quoi bon jeter l'argent par les fenêtres ? "

Et en effet, elle ne la ménagea pas. La petite travaillait durement du matin au soir, tombant littéralement de fatigue. en plus, la fermière chicanait sur chaque bouchée de pain, tant et si bien que la fillette se couchait souvent l'estomac vide. Bien des fois elle pleura en secret, cachée sous son édredon, regrettant sa mère et son père.

Un soir d'hiver, la fermière se prépara pour aller au bal. Comme elle était aussi coquette qu'avare, elle passa la journée à se pavaner devant le miroir, à se parer et à se vêtir. Cent fois, elle changea de jupe et de corselet, sans être vraiment satisfaite. Nivéoles ne savait où donner de la tête. Quoi qu'elle fît, elle contrariait l'arrogante coquette. Défaillant de faim, elle ramassa un pauvre croûton qui traînait sous la table pour l'avaler en cachette. Bien mal lui en prit. La fermière surpris son geste dans le miroir et se mit à invectiver la pauvre petite.

" Je t'y prends, ingrate ! Tu voles le pain derrière mon dos ? C'est ainsi que tu récompenses ta bienfaitrice qui t'a recueillie sous son toit ? gronda-t-elle, hors d'elle. Ecoute-moi bien : si d'ici de soir tu ne m'apportes pas des fleurs des prés pour me tresser une couronne, je ne veux plus te revoir dans cette maison."

Nivéole eut beau la supplier, la fermière resta inflexible.

" Où vais-je trouver des fleurs en plein hiver ? " se lamenta-t-elle. Mais, comme la méchante femme ne voulut pas entendre raison, bon gré mal gré, elle mit son pauvre tablier blanc, chaussa ses sabots blancs et s'en alla. Il gelait à pierre fendre et la petite fille s'enfonçait dans la neige jusqu'aux genoux en claquant des dents. Pendant qu'elle se frayait péniblement un passage, elle aperçut tout d'un coup une petite vieille, assise dans la neige. Elle était blanche, toute blanche, comme le givre, et tremblait comme une feuille.
" Bonjour, grand-mère ", salua Nivéole. Et, comme elle avait bon cœur, elle défit son tablier pour en envelopper les épaules de la pauvre vieille et les réchauffer un peu. Elle-même était saisie de froid.

" Merci, chère petite, souffla la malheureuse. Que fais-tu dehors par ce temps ? " Nivéole lui fit part de son tourment, tout en versant de chaudes larmes.

" Allons, cesse de pleurer, dit la petite vieille. Nous trouverons bien une solution. " Elle sortit de sa poche une minuscule veste en mousse. "Mets cette veste et mon frère le gel ne te brûlera plus", dit-elle.

Nivéole se dit en elle-même que la veste n'était pas assez grande pour cacher son poing. Et, pourtant, à peine eut-elle introduit son petit doigt dans la manche de mousse que la veste se mit à grandir jusqu'à l'envelopper tout entière comme si elle avait été taillée sur mesure. La grand-mère leva les bras au-dessus de sa tête et appela : "Tombez, tombez, mes petites étoiles de neige, dans le giron de votre grand-mère ! Transformez-vous en fleurs ! "

Et aussitôt, on eût dit que l'édredon des anges s'était déchiré dans le ciel. Des flocons se mirent à tomber en dansant et en virevoltant, en tourbillonnant et en tournoyant. Tous se posaient sur la grand-mère pour s'y transformer aussitôt en fleurettes blanches.

" Prends ce qu'il te faut pour tresser une belle couronne pour la fermière avare, proposa la gentille vieille à Nivéole, avec un sourire bienveillant. Si elle insiste, donne-lui également la veste de mousse et dis-lui que c'est la mère Hiver qui la lui envoie. Tu ne me verras plus cette année, car le printemps n'est pas bien loin. Mais, je te laisserai en souvenir de moi toutes ce jolies fleurs. " Disant cela, elle prit toutes les fleurettes qui restaient encore, et les répandit dans le pré. Elle disparut sans donner à Nivéole le temps de se ressaisir.

Toute joyeuse, la petite se mit au travail. Elle tressa une belle couronne et rentra à la ferme. La méchante femme n'en crut pas ses yeux. Elle voulut savoir où Nivéole avait trouvé ces fleurs et sa jolie veste, mais la petite ne révéla pas son secret. Excédée, la fermière cria :

" C'est un gâchis de laisser une si belle veste à une malpropre comme toi. Donne la moi, et tout de suite ! " La veste de mousse, minuscule, était tout juste à la taille de Nivéole. Mais, quand la fermière voulut la mettre, elle se mit à grandir jusqu'à envelopper la femme comme si elle avait été faire pour elle. Satisfaite, la coquette posa la couronne de fleurs blanches sur ses tresses, et se campa devant le miroir pour s'admirer. Hélas ! Elle faillit tomber de frayeur ! A la place de son visage, une affreuses petite vieille décharnée aux yeux froids, au nez qui pendait comme un glaçon et aux cheveux de givre, grimaçait dans le miroir. La jolie veste de mousse se transforma en boule de neige. Soudain, la porte s'ouvrit en grand et un home enneigé aux griffes glacées apparut sur le pas de la porte. C'était le Vent du Nord.

" Viens donc danser avec moi, ma jolie fiancée ! " tonna-t-il en saisissant la fermière par la taille. Il la fit tournoyer, puis l'emporta devant les yeux épouvantés de Nivéole. Depuis ce jour, celle-ci s'occupe elle-même de la ferme et vit heureuse. Parfois, pendant les longues soirées d'hiver elle a l'impression que quelqu'un gémit dans la cheminée. Certains prétendent que c'est le bruit du vent, mais ne les croyez pas. Depuis ce temps, la vilaine fiancée du Vent du Nord vient s'y lamenter. Aujourd'hui encore, vous trouverez, à la fin de l'hiver, des fleurettes blanches qui s'épanouissent sur le pré où Nivéole rencontra la grand-mère. Petites filles de l'hiver, elles ne craignent n i le froid ni la neige. Ces petites fleurs tendres s'appellent perce-neige, comme moi-même.

" Je sais, Perce-Neige, pourquoi tu as envie de pleurer, dit la Rose en souriant, lorsque la petite acheva son conte. C'est parce que le premiers rayons du soleil t'ont fait sortir des taches de son sur le bout de nez. " Perce-Neige rit et versa une larme qui n'était, après tout, qu'une larme de bonheur."

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Valeriane ♫ ♫ ♫¨*, Ulrich John, Fred Fouarge, Nouchetdu38 and 3 other people have particularly liked this photo


Comments
 Nouchetdu38
Nouchetdu38 club
Belle série et belle légende!!!!!!****
bonne semaine!*
4 years ago.

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