Samedi matin je me réveille à 10h40... beau record ! Bah, je devais en avoir besoin, mais la journée débute en étant sérieusement amputée et je comptais aller me promener un peu dans Saintes. Je pars donc assez rapidement, direction les arènes !


Je passe tout d'abord devant une belle basilique (la basilique Saint-Eutrope), qui, je l'apprendrai plus tard, a été en partie construite avec les pierres des arènes, lorsque celles-ci ont été transformées en carrières à ciel ouvert, au Moyen-Age !


Juste à côté de celle-ci se trouve une halte pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, ce qui me rappelle une discussion très drôle que j'ai eue avec Hélène, Didier, Augustin et Jean le week-end dernier. Nous discutions de religion, de ce qu'elle peut entraîner en bien ou en mal, et je disais à Augustin que c'était dans ce domaine le côté philosophique qui m'intéressait, la réflexion sur le monde. "Ainsi, lui expliquais-je, je ne suis pas croyante et encore moins tournée vers le christianisme, pourtant le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle est une chose qui me fait toujours un peu rêver".
- Mais du coup... pour quoi faire ?
- Bin... je ne sais pas, moi ! Pour marcher, pour avancer vers un but, pour réfléchir à plein de choses !
- ...
J'ai bien vu qu'il n'arrivait pas à comprendre comment on pouvait vouloir faire ça, et je crois qu'il s'est posé quelques questions sur ma santé mentale ! xD
Mais continuons notre route, qui cette fois nous mènera un peu moins loin que Saint-Jacques de Compostelle ! Je finis par arriver aux arènes, mais par le bas, qui est en fait la sortie ! Me voici donc en train de remonter le long d'un petit chemin , ponctué de panneaux de ce type :

Oui d'accord mais il est où, l'accueil ?! Je finis par le trouver, ouf !
Avant de vous montrer les photos, petit topo sur l'histoire de ces arènes : construites au tout début du 1er siècle après Jésus-Christ, elles pouvaient accueillir jusqu'à 18 000 personnes. J'apprends aussi que le mot "arène" vient de "arena", c'est-à dire "sable". Au départ les combats de gladiateurs étaient organisés lors de funérailles de personnages importants, un peu comme des rites sacrificiels, et de façon beaucoup plus "intime" que par la suite. Au fil du temps ces spectacles deviennent publics : les riches, pour garantir la paix sociale, avaient en effet obligation de fournir au peuple "panem et circenses", "du pain et des jeux". Ces séances d'exutoire collectif permettaient de canaliser la violence et éviter les révoltes. Il s'agissait au départ essentiellement de chasses d'animaux sauvages (ours, loups, lynx, parfois même lions) et de combats de gladiateurs. Peu à peu, les jeux sont devenus de plus en plus cruels, et le public de plus en plus avide de violence. Tiens donc... est-ce que ça ne vous rappellerait pas quelque chose ?... Pour moi en tout cas le rapport avec la téléréalité s'impose immédiatement : ne reproduit-on pas un peu le même principe, en enfermant des gens dans un lieu et en les regardant s'affronter en espérant qu'il se passe de quoi nous faire frissonner ?... Les gladiateurs des temps modernes me semblent être les "peoples", que l'on aime adorer puis détester, encenser puis regarder couler... Comme quoi en deux mille ans on ne s'est pas améliorés tant que ça. De là à penser qu'on finira comme eux, y'a pas loin... Mais dis donc je suis gaie moi, aujourd'hui ! xD
Abandonnées avec la chute de l'Empire Romain, ces arènes ont finalement servi de carrières à ciel ouvert au Moyen-Age (je le disais tout à l'heure, elles ont notamment permis de construire la basilique Saint-Eutrope devant laquelle je suis passée). La terre a même été déclarée cultivable au 18ème siècle, et il faudra attendre le 19ème siècle pour que le site soit classé monument historique, et le 20ème siècle pour que les arènes soient dégagées et commencent à être restaurées...
Je termine ce point historique avec une petite anecdote : saviez-vous que dans le Colisée, à Rome, on pouvait même mettre l'arène en eau pour organiser des combats de navires ?!
Voici donc quelques photos des arènes, précédées d'un tableau vu hier au musée des Beaux-Arts : "Les arènes de Saintes" (20ème siècle), de Gaston Balande.

Plans larges pris d'en haut :

Des escaliers à descendre...

Puis d'autres à remonter...

Un des habitants des arènes : ils s'en donnaient à coeur joie pour profiter du soleil !

Quelques vues d'en bas :





Les gradins (vous pensez que c'était le réservoir à cacahuètes, les trous sur la troisième photo ?!) :



Je remonte enfin l'escalier pour aller rendre l'audioguide et demande le chemin le plus simple pour rejoindre le centre-ville à la dame de l'accueil : "C'est pas compliqué vous redescendez le chemin, vous allez toujours tout droit, et vous y êtes !" Me voici donc partie, de nouveau, à l'assaut des dénivelés de Saintes : je redescends le chemin par lequel je suis arrivée, file tout droit, et remonte une belle "pente-escalier" que voici !

Arrivée dans le centre-ville il me faudra encore... descendre pour atteindre le quartier piétonnier !
Ah ça c'est sûr, ici ce n'est pas "morne plaine" !
J'aperçois au loin un grand et beau bâtiment, je découvrirai par la suite que c'était la cathédrale Saint-Pierre.

Quelques photos de la ville, avec toujours ma passion des mascarons (saviez-vous qu'à l'origine ils avaient pour fonction d'éloigner le mauvais oeil des maisons ? Je viens juste de l'apprendre!), de drôles de boîtes aux lettres et une maison qui en jette (sûr que là le mauvais oeil ne devait pas rentrer!).













Je rejoins ensuite Maël et Fanny, deux copains qui viennent voir le spectacle ce soir, et nous nous baladons sur les bords de la Charente.
Tiens, revoilà la cathédrale Saint-Pierre, sous un autre angle cette fois !

Il fait un grand soleil mais les kayakistes de sortie sont courageux car il y a beaucoup de vent et un sacré courant.


Nous apercevons au loin un vestige de l'époque gallo-romaine et allons le voir d'un peu plus près : il s'agit de l'Arc de Germanicus, érigé au tout début du 1er siècle après Jésus-Christ pour l'empereur Tibère, son fils Drufus, et son neveu et fils adoptif Germanicus (au même moment que les arènes, donc). J'apprends ainsi qu'il y a deux sortes d'arcs : des arcs érigés à la gloire d'une ou plusieurs personnes ("parce qu'ils le valent bien", en gros!), et ce qu'on appelle les "arcs de triomphe", qui célèbrent une victoire ou une série de victoires. Dingue, ce qu'on apprend grâce à internet... Je vais peut-être me reconvertir en guide touristique, moi, en fait ! xD


Et figurez-vous que cet arc n'était pas, à l'origine, à cet emplacement exact : cette porte monumentale marquait l'entrée et la sortie du pont qui enjambait la Charente et menait, par la célèbre Via Agrippa, jusqu'à Lugdunum (Lyon, donc). Au 19ème siècle (et là j'en entends une d'ici, qui va râler contre ce fichu 19ème siècle où on a tout cassé!) a été décidée la destruction du pont et le réaménagement des berges, ce qui condamnait également l'arc de Germanicus. Celui-ci aurait donc aujourd'hui disparu, sans l'intervention de Prosper Mérimée lui-même (alors Inspecteur des monuments historiques), qui le fit démonter pierre par pierre, et reconstruire à une quinzaine de mètre de son implantation d'origine.
Beaucoup moins culturel mais intéressant quand même, nous croisons un peu plus loin un drôle d'équipage :

Les chiens n'ont pas intérêt à vouloir piquer un sprint tous en même temps !
Nous rentrons ensuite au cirque pour un petit thé, durant lequel je m'amuserai bien avec les reflets :




Et qui voit-on à la fenêtre du camion de Maël et Fanny ?...


HighSka, leur chien, qui aimerait bien sortir... Malheureusement pour lui Scola, la chienne de Carole, n'est pas du tout d'accord avec ça : tout à l'heure, elle que je prenais pour une gentille et calme mémère, s'est mise à l'agresser et à lui aboyer dessus comme une folle ! (il n'a pas tout compris, le pauvre, il est encore très jeune et voulait jouer avec elle... le choc fut rude!)
Je me mets ensuite à la confection de quelques cookies (je commence à avoir des fans!), mais j'apprendrai à mes dépens qu'il est fort difficile de surveiller les multiples fournées tout en s'occupant de Marius ! Marius qui, d'ailleurs, va assister à une bonne partie du spectacle pour la première fois. Enfin pas vraiment pour la première fois, puisque je l'y emmenais souvent quand il était bébé, mais pour la première fois depuis longtemps : les spectacles ont toujours lieu au moment de la sieste ou quand il se couche le soir. De plus il a du mal à tenir dans le chapiteau pendant longtemps, et la foule peut l'inquiéter : jeudi matin Mamie Monique a essayé de le garder avec elle sous le chapiteau pendant la scolaire, mais elle a été obligée de sortir avec lui au bout de dix minutes, apparemment ! Là, il tiendra une bonne heure avant de tomber de sommeil. En revanche nous rions beaucoup avec Mamie car il a très peur pendant les petites scènes entre les numéros, où les artistes se "fâchent" pas mal : il ne comprend pas du tout le second degré et doit sans doute se demander pourquoi sa famille passe ainsi son temps à se disputer ! Dans ces moments-là il vient se coller contre moi en disant "a peur, a peur", et ne semble pas convaincu lorsqu'avec Mamie nous lui expliquons "C'est pour de faux , ils font des blagues, regarde, c'est pour rire !"
Dimanche matin c'est déjà le démontage ! La journée sera trèèès calme... et ma foi ça fait du bien, aussi, parfois ! Ceci est sans doute lié au soleil qui tape bien comme il faut, même s'il y a pas mal de vent. Les chiens semblent avoir décidé que la meilleure chose à faire était... une bonne sieste ! Voici d'abord Scola (qui a une coupe très euh... originale, comme vous pourrez le constater!) :

Et du côté des bébés de Fawcett, même chose :


Pour ma part je tenterai, pour la première fois de ma vie, un Scrabble à six ! Je craignais que ce ne soit vraiment trop long avant que son tour ne revienne, mais en fait on rigole bien quand même !


Nous apprendrons ainsi le mot "luger" (= "faire de la luge") : c'est Jean qui le met et tout le monde se moque de lui "Mais non, enfin, Jean, ça n'existe pas !", "Il n'y a que chez toi qu'on dit ça !", "Ah ces Suisses... on n'a pas dit qu'on avait le droit de mettre du patois jurassien !". Pour lui faire plaisir nous vérifions dans le dictionnaire et... ô surprise... le verbe "luger" existe vraiment ! Incroyable, non ?!
A un moment Mamie Monique me dit "Va voir dans ma caravane, j'ai de la visite, je crois que je vais trouver un oeuf en rentrant, tout à l'heure". Et effectivement... une poule et le coq sont tranquillement installés chez elle !


J'y retournerai une heure plus tard, et...


Bingo ! Mamie a gagné un oeuf tout frais !
Pour le dîner je propose à Jean, Yann et Bastian une petite séance "Vide ton frigo", qui est en passe de devenir une tradition de fin de tournée. Et pour une fois nous ne nous retrouverons pas avec un menu à faire pâlir un diététicien (du genre trois saucissons et deux kilos de fromage) : on a même de quoi faire une petite salade composée ! Carole, Gino et leurs enfants se joignent à nous, et nous discuterons fort tard, une fois encore !
Ce soir je retourne vider les toilettes à une heure et demie du matin : je crois que j'ai vraiment trouvé mon heure ! Quel calme ! Quelle paix ! xD
Bon, en même temps c'est aussi parce qu'il n'y a pas d'école demain que je peux me permettre de le faire si tard ! Eh oui, demain c'est la fin de la tournée, le départ est prévu à neuf heures, qu'on se le dise !