Un pâtre, un jour, soulève un rocher et le porte

Devant l'évêque hostile et le peuple empressé;

Le pontife est divin qu'on croyait insensé,

La ville frémissante applaudit et l'escorte.



Et le pont est debout. Les foules l'ont passé.

Le Rhône impétueux qui le sape l'emporte .

Dans le fleuve profond, il peut sombrer, qu'importe !

C'est dans nos coeurs que pour toujours il s'est dressé .




Benézet porte au front la mystique auréole.

La ronde populaire aux quatre vents s'envole :

A son refrain, enfants, nous avons tous vibré.




Les siècles nous verront dansant sous l'arche fauve ;

Pouvoir de la légende et du rythme sacré :

Ce que le temps détruit, une chanson le sauve.




PAUL MANIVET (Les rues d'Avignon)