Voici le discours des deux lauréats :
http://www.photographie.com/index.php?pubid=105546&secid=2&rubid=9&pag=1&serid=


"Mesdames, messieurs,
Tout d’abord, nous tenons à vous remercier pour cette récompense qui nous apporte bonheur et fierté, et qui souligne toute l’attention qu’un jury de professionnels a porté à notre travail photo graphique.
Désormais reconnus par l’obtention du Grand Prix Paris Match, nous allons vous révéler les motivations de notre démarche : notre statut d’étudiant nous aura permis de documenter un sujet grave et préoccupant qui nous entoure : la précarité étudiante. en remportant le Grand Prix ce soir, cette dure réalité existera un peu plus grâce à la très grande diffusion du magazine Paris Match. Car sans image, les faits n’existent pas.
En revanche, notre statut d’étudiants en école d’art nous aura permis d’adopter une posture originale pour ce concours. Pour témoigner au mieux, nous avons en effet interprété des histoires malheureusement vraies, puis construit des mises en scènes basées sur des codes photographiques reconnus. Nous proposons donc ici une interprétation de la réalité, construite, maîtrisée, au même titre que la photographie et l’information interprètent des réalités.
C’est bien là que sont nos sincères motivations : nous tenons à souligner que le faux ne s’oppose pas au vrai, mais qu’il permet de faire émerger les mécanismes du discours. Notre démarche, en tant que faiseurs d’images, est une tentative de remise en question : celle des rouages d’un discours médiatique qui a pour ingrédients la complaisance et le voyeurisme dans la représentation de la détresse. Grâce au Grand Prix Paris Match, nous souhaitons donc éveiller les consciences sur la fragilité, la force et l’ambiguïté des images d’information.
Le sujet de la précarité étudiante nous aura enfin permis de faire d’une pierre deux coups : mettre en lumière et vous rappeler deux vulnérabilités graves, celle de certains jeunes et celle de certaines images. Nous allons poursuivre cette démarche grâce à la présente dotation de 5000 euros.
Nous tenons à affirmer, pour conclure, que la photographie est pour nous une subjectivité qui se doit d’être responsable.
Merci à ceux qui ont permis ce travail, et merci de votre attention.
"



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Deux étudiants trompent Paris Match avec un photoreportage bidonné

Libé strasgourg

MEDIAS - "Etudiants. Tendance Précaire". C'est le titre du reportage de quatre photos en noir et blanc publié dans l'édition du 25 juin de Paris Match. Les deux auteurs, Guillaume Chauvin, 23 ans, et Rémi Hubert, 22 ans, sont étudiants à Strasbourg, à l'école des Arts Déco. Mercredi, ils ont reçu le Grand Prix Paris Match du Photoreportage Etudiant 2009 dans les locaux de la Sorbonne, à Paris. Avec à la clé un chèque de 5.000 euros et la publication du travail dans l'hebdomadaire. Mais leurs photos sont bidonnées.

Ils ont dévoilé la supercherie lors de la remise des prix, en lisant un texte dans lequel ils décrivent leur "démarche artistique" comme une "tentative de remise en question" des "rouages d'un discours médiatique qui a pour ingrédients la complaisance et le voyeurisme dans la représentation de la détresse". "On s'est dit que ça serait une bonne occasion de dévoiler les mécanismes d'une certaine presse qui ne vérifie pas ses sources et privilégie l'information sensationnaliste et racoleuse", commente Rémi Hubert.

Leurs photos,visibles ici, montrent des étudiant(e)s obligés de vivre dans un squat, à trois dans un appartement ou de se prostituer pour suivre leurs études. Elles mettent en fait en scène des amis. "On avait écrit les légendes à la première personne pour bien faire larmoyer", explique Rémi Hubert.

Paris Match n'a que moyennement apprécié la supercherie. Dans un communiqué diffusé jeudi, l'hebdo estime que cette "mise en scène photographique (...) éloigne (les étudiants) du règlement du Grand Prix Paris Match du Photoreportage Etudiant (...) et de la philosophie que défend le magazine depuis 60 ans". Il a décidé d'annuler le trophée dans cette catégorie mais a maintenu la bourse de 5.000 euros à l'école des Arts Déco, pour participer "aux soutiens nécessaires en faveur de ceux dont ils ont voulu raconter la vie".


AFP





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Deux étudiants trompent Paris Match avec un photoreportage bidonné



NOUVELOBS.COM | 26.06.2009 | 12:37

Intitulé "Etudiants. Tendance Précaire", le reportage publié dans le magazine, met en scène des amis des étudiants. Les lauréats ont eux-mêmes dévoilé la supercherie lors de la remise des prix.

"Je ne peux pas aller au Restaurant universitaire tous les jours, et je n'aime pas aller aux Restos du Cœur". tel est la légende qui accompagne la publication de cette photo dans Paris Match. (DR)

Deux étudiants aux Arts Déco de Strasbourg ont trompé Paris Match, qui leur a remis mercredi un prix pour un photoreportage sur la précarité étudiante. Ce reportage s'est révélé être faux, conduisant le magazine à leur retirer le trophée, a-t-on appris jeudi 25 juin auprès des intéressés.
Intitulé "Etudiants. Tendance Précaire", le reportage -quatre photos en noir et blanc publiées dans l'édition du 25 juin de Paris Match- a été réalisé par Guillaume Chauvin, 23 ans, et Rémi Hubert, 22 ans, étudiants à l'Ecole supérieure des arts décoratifs (Esad) de Strasbourg.
Accompagnés de légendes musclées ("Pour pouvoir étudier le jour, je me sers de mon cul la nuit"), les clichés sont supposés dévoiler différents aspects de la précarité en milieu étudiant (une étudiante obligée de se prostituer, un autre de vivre dans un squat...).

Bidonné de A à Z


Mercredi, ils ont reçu le Grand Prix Paris Match du Photoreportage Etudiant 2009 dans les locaux de la prestigieuse Sorbonne, à Paris. Avec à la clé un chèque de 5.000 euros et la publication du travail dans l'hebdomadaire.
Problème: le reportage est bidonné de A à Z. Les personnages photographiés sont des amis des étudiants... qui se sont eux-mêmes mis en scène sur certains clichés.
Et ce sont les lauréats eux-mêmes qui ont dévoilé la supercherie lors de la remise des prix. Ils ont alors lu un texte dans lequel ils décrivent leur "démarche artistique" comme une "tentative de remise en question" des "rouages d'un discours médiatique qui a pour ingrédients la complaisance et le voyeurisme dans la représentation de la détresse", selon le document qu'ils ont transmis à l'AFP.
Les membres du jury ont alors "un peu blêmi mais nous ont quand même remis le chèque en nous disant 'bravo'", rapporte Rémi Hubert.

"Une certaine presse qui ne vérifie pas ses sources"


"On avait exagéré les photos, on avait écrit les légendes à la première personne pour bien faire larmoyer", poursuit-il. "On pensait que ça serait trop mais ils ont quand même aimé", s'amuse-t-il.
"On s'est dit que ça serait une bonne occasion de dévoiler les mécanismes d'une certaine presse qui ne vérifie pas ses sources et privilégient l'information sensationnaliste et racoleuse", poursuit le jeune homme.
Dans un communiqué diffusé jeudi, Paris Match estime pour sa part que cette "mise en scène photographique (...) éloigne (les étudiants) du règlement du Grand Prix Paris Match du Photoreportage Etudiant (...) et de la philosophie que défend le magazine depuis 60 ans".
L'hebdomadaire a décidé d'annuler le trophée dans cette catégorie mais a maintenu la bourse de 5.000 euros à l'ESAD pour participer "aux soutiens nécessaires en faveur de ceux dont ils ont voulu raconter la vie".
Olivier Royant, directeur de la rédaction de Paris Match, rappelle également que "le succès du Grand Prix repose, depuis six ans, sur la confiance et l'attachement des participants aux valeurs du photojournalisme", selon le communiqué. (Nouvelobs.com avec AFP)




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Deux étudiants en arts déco mystifient "Paris Match"

LE MONDE | 25.06.09 | 16h04 • Mis à jour le 25.06.09 | 20h50


Guillaume Chauvin et Rémi Hubert, étudiants aux Arts déco de Strasbourg, rêvaient d'un geste artistique retentissant. Ils ont réussi au-delà de leurs espérances : l'hebdomadaire Paris Match a récompensé du Grand Prix Paris Match 2009 un photoreportage intitulé "Etudiants. Tendance précaire", publié dans l'édition du 25 juin du magazine [l'hebdomadaire s'est depuis rétracté, voir encadré]. Ce travail, qui traite de la misère du monde étudiant en France, est en fait une mise en scène réalisée avec la complicité de quelques copains et l'accord de leurs professeurs.

Pour en arriver là, les deux complices se sont inscrits au Grand Prix Paris Match du photoreportage étudiant, concours qui offre 5 000 euros et une publication dans le magazine au meilleur reportage signé par des aspirants photographes. "Nous n'avons pas enfreint le règlement, souligne Rémi Hubert. Il n'est écrit nulle part que les mises en scène sont interdites."

Les deux étudiants décident de fabriquer un reportage photo "dans le style Paris Match". Ils le font très sérieusement, en se documentant sur le genre et en rencontrant des professionnels, suivis par un intervenant aux Arts déco de Strasbourg. Le sujet n'est pas choisi au hasard : la précarité étudiante, ils l'ont tous les jours sous les yeux. "Le sujet est bien réel. Mais on a poussé jusqu'au bout les clichés." Des amis interprètent des personnages dans des situations particulièrement tragiques : une jeune fille qui se prostitue, un jeune homme qui vit dans un squat, un autre qui dort dans sa voiture. Dans le reportage, tous témoignent par des formules chocs, comme : "Pour pouvoir étudier le jour, je me sers de mon cul la nuit." Rémi Hubert précise : "On trouvait ça un peu caricatural, on pensait que ça ne passerait jamais."

"VOYEURISME"

Mais ça passe. Quand bien même ces deux étudiants sont de parfaits inconnus, les responsables du prix ne font aucune vérification. Et c'est ce reportage qui a été récompensé lors d'une cérémonie à la Sorbonne, à Paris, mercredi 24 juin. A l'annonce de leur victoire, les deux étudiants lisent un texte qui révèle la supercherie et le sens de leur action. Une "démarche, en tant que faiseurs d'images, écrivent-ils, (qui) est une tentative de remise en question : celle des rouages d'un discours médiatique qui a pour ingrédients la complaisance et le voyeurisme dans la représentation de la détresse."

Selon les étudiants, aucun scandale, aucune question n'a accueilli leur révélation. "On était très surpris, raconte Rémi Hubert. Le jury faisait un peu la tête, mais on nous a remis le chèque comme si de rien n'était." Il était trop tard, de toute façon, pour empêcher la publication. Olivier Royant, président du jury et directeur de la rédaction de Paris Match, n'a pas répondu aux sollicitations du Monde. Après ce "geste artistique", les deux étudiants n'excluent pourtant pas de travailler dans le photojournalisme : "On s'est grillés. Mais d'autres seront sensibles à notre démarche", assurent-ils.

Claire Guillot