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Je vois brûler l'eau pure et l'herbe du matin
Je vais de fleur en fleur sur un corps auroral
Midi qui dort je veux l'entourer de clameurs
L'honnorer dans son jour de senteurs de lueurs

Je ne me méfie plus je suis un fils de femme
La vacance de l'homme et le temps bonifié
La réplique grandiloquente
Des étoiles minuscules

Et nous montons

Les derniers arguments du néant sont vaincus
Et le dernier bourdonnement
Des pas revenant sur eux-mêmes




Peu à peu se décomposent
Les alphabets ânonnés
De l'histoire et des morales
Et la syntaxe soumise
Des souvenirs enseignés












Et c'est très vite
La liberté conquise
La liberté feuille de mai
Chauffée à blanc
Et le feu aux nuages
Et le feu aux oiseaux
Et le feu dans les caves
Et les hommes dehors
Et les hommes partout
Tenant toute la place
Abattant les murailles
Se partageant le pain
Dévêtant le soleil
S'embrassant sur le front

Habillant les orages
Et s'embrassant les mains
Faisant fleurir charnel
Et le temps et l'espace
Faisant chanter les verrous
Et respirer les poitrines

Les prunelles s'écarquillent
Les cachettes se dévoilent
La pauvreté rit aux larmes
De ses chagrins ridicules
Et minuit mûrit des fruits
Et midi mûrit des lunes

Tout se vide et se remplit
Au rythme de l'infini
Et disons la vérité
La jeunesse est un trésor
La vieillesse est un trésor
L'océan est un trésor
Et la terre est une mine
L'hiver est une fourrure
L'été une boisson fraîche
Et l'automne un lait d'accueil



Quant au printemps c'est l'aube
Et la bouche c'est l'aube
Et les yeux immortels
Ont la forme de tout

Nous deux toi toute nue
Moi tel que j'ai vécu
Toi la source du sang
Et moi les mains ouvertes
Comme des yeux

Nous deux nous ne vivons que pour être fidèles
A la vie ...