L’espéranto sur la plage



En Vendée, l’espéranto a fait ses premiers pas à Luçon en 1903 grâce à un architecte, M. Léon Ballereau. Aux Sables d’Olonne, il est apparu de façon originale grâce à une Bordelaise, Mme L. C. Deslaurier, qui, en 1909, en vacances, avait organisé une animation autour de l’espéranto sur la plage. 1909-2009 : il convient de se souvenir.

Les Sables Espéranto 1909-2009

En fait, une première animation avait eu lieu dès août 1908, mais les principaux échos datent de 1909. Sur une carte postale du 1er août 1909, adressée à Cécile Royer, de Paris, Mme Deslaurier annonçait qu’elle s’occupait activement de l’espéranto, qu’il y avait eu “un monde extraordinaire”, que de “nombreux petits livres rouges” (petits manuels) avaient été vendus et qu’il n’y en avait pas eu assez. La carte montrait “Le génie de l’Espéranto escaladant la Tour de Babel pour y planter l’Étoile Espérantiste”, une construction de sable imaginée par M. Diguet, du groupe de Luçon, qui avait gagné le premier prix. La reproduction de cette carte postale, ci-après, à partir d’une photocopie procurée par Jean Amouroux, de Perpignan, est malheureusement mauvaise, mais suffisante pour imaginer la scène. Il serait intéressant de retrouver des articles de presse et documents d’archives de l’époque.

Les Sables - Génie de l'espéranto 1909


M. Arlot, régisseur de la “Grande Ménagerie Laurent”, dont le programme était imprimé en partie en espéranto et en partie en français, saisit l’occasion pour parler en public de l’espéranto et pour distribuer de nombreuses brochures.


Madame Deslaurier habitait, à Bordeaux, au n° 2 de la place St-Pierre; aux Sables, elle résidait au n° 14 de la rue Trudaine, donc près de la plage. Elle avait rédigé un manuel publié en 1913 sous le titre “L’espéranto méthodique” pour lequel elle avait été félicitée par le professeur Carlo Bourlet, brillant intellectuel, l’une des plus grandes figures du mouvement, pour les résultats obtenus avec cette méthode.


Depuis cette période, il y a eu deux guerres mondiales et des persécutions des régimes totalitaires qui ont considérablement affaibli l’espéranto, laissant ainsi le champ libre à la langue de ceux qui ont tiré profit des conflits. Voir à ce sujet “War is a racket” (La guerre est un racket), de Smedley Butler, le témoignage accablant du général le plus décoré des États-Unis1.


Une rue des Sables porte le nom d’Alfred Roux qui enseigna l’espéranto et qui fut assassiné par l’occupant en 1943 en tant que résistant communiste. Une rue des Sables porte son nom. Son épouse, Odette Roux, devint maire des Sables après la Libération.


Aujourd’hui


Internet donne des ailes à l’espéranto. Où que ce soit dans le monde, il permet la découverte de cette langue entourée de préjugés et de tabous, sa vocation ses applications, son apprentissage . Des logiciels libres l’utilisent, par ex. Firefox, OpenOffice.org, etc. La version de l’encyclopédie “Wikipedia“ en espéranto atteint 115 000 articles3. En plus de sa méthode traditionnelle, Assimil a sorti dernièrement “L'espéranto de poche“. L’espéranto est aujourd’hui un monde bien plus vaste que le public ne le suppose4.

Henri Masson


1. http://www.warisaracket.org
2. http://www.esperanto.net (62 langues)
3. http://eo.wikipedia.org
4. http://www.esperanto-sat.info/article13.html
Les Sables d’Olonne dans “Wikipedia“ (eo) :
http://eo.wikipedia.org/wiki/Les_Sables_d%27Olonne