Tandis que le soleil s'incline à l'horizon,
Que ses flèches de feu transpercent le crépuscule,
La chaleur s'estompe dans l'immense vallon,
Que le Danube trace avec la force d'Hercule.

Il n'y a plus de Romains, de barbares, d'infidèles,
Plus de féroces guerriers, plus de peuples craintifs,
Le fleuve se soucie guères des antiques querelles :
De ces terres apaisées, il est le seul calife.

La surface des eaux se strie de mille lumières :
C'est l'heure où les poissons viennent contempler le ciel ;
Toute une gente ailée se repose en lisière,
Sauf quelques oies sauvages en quête d'un hôtel.

Dans ce monde paisible, loin des hommes agités,
J'écoute le silence avec ses humeurs folles ;
Comme une barque de pêcheur, du ponton détachée,
Je vogue à la dérive, bercé de barcarolles.

(Pat D.)